Jean-Michel Comminette a atteint l'apothéose de sa carrière

A 38 ans, Jean-Michel Comminette est devenu dimanche à Maldegem Champion de Belgique du contre-la-montre dans la catégorie des élites sans contrat. Le coureur de Villers-le-Temple, au parcours atypique, a débuté le vélo sur le tard. A 26 ans précisément. Le vélo, il en rêvait. Après s'être acheté un VTT, cet ouvrier de la commune de Nandrin a opté pour un vélo de route et avec succès. Désormais, il a atteint le sommet de sa carrière en décrochant la tunique noire-jaune-rouge. Entretien pour www.directvelo.be avec le coureur du Team Ottignies-Perwez.

DirectVélo : Tout d'abord, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu retracer ton parcours ?

Jean-Michel Comminette : J'ai donc commencé le vélo assez tard. J'ai d'abord roulé au sein de Corratec et puis sous les couleurs du CC Chevigny. Je suis ensuite redescendu un an et demi en masters. Durant cette période, j'ai remporté pas moins de 25 victoires. Après, j'ai rejoint Colba et mon ami Marc Streel. Je suis resté deux ans et demi dans l'équipe flandrienne. Le programme n'était pas des meilleurs. L'ambiance non plus. Je me suis donc dirigé vers Asfra. Ce n'était pas non plus top. J'ai atterri ensuite au sein de la Pédale Saint-Martin Tournai aux côtés de Clément Lhotellerie notamment. J'y ai trouvé bonheur. Clément est désormais un ami. Le maitre mot au sein de l'équipe était : solidarité. J'essaye encore maintenant d'inculquer ce mot aux jeunes d'Ottignies-Perwez, ma formation actuelle, car seul, on n'arrive à rien. Les places d'honneur n'ont que très peu de valeur dans le cyclisme. Je me sens vraiment bien à Ottignies où l'ambiance est familiale ce qui me pousse encore à continuer le vélo. Le club grandit bien, voire trop vite, car les résultats sont au-delà des attentes. Nous espérons bien réussir les derniers objectifs du club.

 

Tu as donc remporté dimanche le titre le plus prestigieux de ta carrière. 

Oui. Ce succès restera assurément le plus beau résultat de ma maigre carrière. Je défendrai bec et ongles ce titre l'an prochain. Au départ, je visais un Top 5. Mais mon entourage espérait bien plus. Notamment au vu de mes entrainements excessivement rapides. Mon favori était Dimitri Claeys. C'était le plus gros moteur de ce Championnat de Belgique contre-la-montre. Malheureusement pour lui, la météo lui a joué un mauvais tour puisqu'il a sur les derniers kilomètres de son chrono. La chance était de mon côté dimanche.

 

« J'AURAIS PU GAGNER LE CHRONO DU BRABANT FLAMAND SI J'AVAIS PRIS DES RISQUES »
 

Tu avais déjà participé à quelques chronos cette année.

Effectivement. En début de saison, les contre-la-montre auxquels j'ai pris part ne furent vraiment pas bon. Je déteste d'ailleurs les chronos du matin et il y en avait quelques uns dans la première partie de saison. Mon premier objectif de la saison, c'était l'exercice chronométré du championnat de Wallonie. Je l'ai gagné en ayant le meilleur temps absolu, toutes catégories confondues. Ensuite, nous nous sommes rendus à Borlo pour le contre-la-montre par équipes. Nous avons terminé deuxième, un bon résultat qui nous a bien replacé dans l'optique de la Coupe de Belgique. J'ai enchainé avec le Tour de Liège que j'ai ponctué à la 31e place. Et puis le Tour du Brabant Flamand. J'avais perdu toute chance pour le général dès le premier jour. Je me suis donc focalisé sur l'étape chronométrée. J'ai terminé troisième à trois secondes du vainqueur (Ruben Pols, NDLR). Je n'avais pris aucun risque car à la reconnaissance, il faisait exécrable. Il fallait éviter une mauvaise chute. J'aurais pu le gagner si j'avais pris les risques nécessaires. Après le Tour du Brabant Flamand, j'ai fait un break de deux jours. Ma préparation pour le championnat de Belgique pouvait alors commencer.

 

Justement, comment t'es-tu préparé pour ce contre-la-montre national ?

Pour un chrono, il n'y a pas de secret : il faut allier force et vitesse. Après ma coupure, je me suis tapé durant trois jours un braquet de 55/11 pendant deux heures à chaque fois avec au minimum 35 km/h de moyenne. J'ai aussi participé à l'épreuve de La Roche où je me suis échappé en compagnie de Jauregui et Vliegen. Je prends la troisième place de cette course régionale. Les six jours qui ont précédé le chrono national, je me suis consacré à la vitesse. J'ai fait plusieurs sorties derrière un scooter. La veille du chrono, nous logions sur place afin de bien reconnaitre les moindres détails du circuit et de prendre mes points de repaire par rapport au vent. 

 

« J'ETAIS DANS MA BULLE » 

 

Le parcours te convenait bien.

Absolument. Un tracé pour pur rouleur que je suis. Mais sur ce genre de parcours, la moindre seconde peut te faire perdre le titre. Je me suis donc concentré à fond. J'ai même demandé à mon directeur sportif de ne pas crier dans le mégaphone et de ne pas klaxonner. J'étais dans ma bulle, concentré sur mon braquet et sur ma trajectoire. A l'aller, le vent était de trois-quart dos. Je jonglais sur le 12 et le 11. Après quatre kilomètres, on effectuait un demi-tour et là, c'est toujours une question de compromis. Il ne fallait jamais être en-dessous des 45 km/h. La suite était assez technique. La trajectoire était très importante.

 

L'effort solitaire, c'est ta spécialité ?

Je suis un rouleur. Dès mes débuts, j'ai apprécié disputer les chronos. J'avais terminé quatrième de mon premier test, le contre-la-montre provincial. J'ai même été jusqu'à devenir vice-champion derrière Streel, une référence du genre. Chez les masters, j'ai remporté tous mes chronos. J'avais décidé de revendre mon matériel pour les chronos quand j'évoluais chez Colba. Là, je n'avais qu'un seul contre-la-montre sur la saison. C'est finalement la saison dernière, après une année en demi-teinte, que j'ai voulu me rattraper sur le Championnat de Wallonie contre-la-montre. J'ai donc loué un vélo pour cet exercice et j'ai réussi à sauver ma saison! J'ai maintenant réinvesti dans un vélo de contre-la-montre et j'ai programmé mon année en fonction des différents chronos. 

 

Crédit Photo : Lynn Huyghe
 

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