Louis Vervaeke respecte ses engagements

Louis Vervaeke a un peu hésité avant de s'engager sur le Tour de l'Avenir. Vainqueur de la dernière étape samedi, après une folle échappée solitaire par-delà la Croix de Fer et la montée de la Toussuire, le néo-professionnel de Lotto-Belisol (depuis le 1er juillet – lire ici) se demandait s'il était bien raisonnable de redescendre du WorldTour vers la Coupe des Nations Espoirs, fût-ce le temps d'une semaine. "Louis avait plus à perdre qu'à gagner", confient ses proches à DirectVelo.
 
Le grimpeur d'Audenarde avait en effet remporté la Ronde de l'Isard et le Tour des Pays de Savoie cette année, deux monuments au calendrier. Une simple deuxième place sur le Tour de l'Avenir aurait pu « dévaluer » ses performances acquises en mai et juin. C'est en tout cas ce qu'il s'est dit, avant de donner son feu vert définitif courant juillet.
 
Ses craintes étaient en partie fondées. "Sur le Tour de l'Avenir, j'étais 1% moins fort que sur la Ronde de l'Isard et mes adversaires certainement 2% plus forts", glissait Vervaeke samedi matin, juste avant de se jeter dans sa longue chevauchée.
 
Finalement, il a accepté le pari. Pas question de manquer l'autre sommet annuel du calendrier Espoirs. D'abord parce qu'il était lié par un « contrat moral » à l'Equipe de Belgique Espoirs. "Le 15 juin, Louis ne savait toujours pas qu'il allait signer chez les professionnels dix jours plus tard et nous parlions ensemble du Tour de l'Avenir, rappelle l'entraîneur national, Jean-Pierre Dubois. Depuis un an, cette course est un objectif dont nous avons souvent discuté. L'équipe était essentiellement bâtie autour de Louis."
 
Ses employeurs de Lotto-Belisol ont approuvé sa sélection dans l'équipe nationale. Et Vervaeke ne pouvait pas dire non à sa fédération. Il permet d'ailleurs à la Belgique de remporter pour la première fois la Coupe des Nations Espoirs, car c'est son succès sur l'ultime étape qui précipite la défaite de la France.
 
Mais Vervaeke nourrissait un autre défi, plus personnel, sur le Tour de l'Avenir. Il voulait gommer le souvenir piteux de 2013 et de sa contre-performance dans le Col de la Madeleine. "La plus grande déception de ma carrière", déclarait-il à chaud (lire ici). 
 
Ainsi s'explique son large sourire au sommet du Plateau de Solaison. Mercredi, il a pourtant échoué à prendre la roue de Miguel Angel Lopez (Colombie) ou même de Rob Power (Australie). Il a "commis la même 'erreur' que d'habitude", cette débauche d'énergie en tête de groupe pour imposer son propre rythme et ne pas subir celui des autres (lire ici). Ce jour-là, il n'a pas gagné, pas non plus accompagné les meilleurs, et il a même écopé d'une pénalité de 20 secondes pour avoir saisi une bouteille d'eau à 5 kilomètres de l'arrivée. Vervaeke avait tous les motifs d'être déçu. Mais il s'était adjugé une victoire de taille : une revanche sur le Col de la Madeleine, sur la course qui l'avait humilié en 2013. La plaie est refermée.
 
Malgré tout, ce Tour de l'Avenir a épuisé ses nerfs. "Parfois, je me demande ce que je fais là", glissait-il dimanche, au terme d'une étape agitée qui avait projeté à terre plusieurs concurrents dont son coéquipier Tiesj Benoot. "Les coureurs manquent de respect", s'agaçait-il, déjà habitué au mouvement plus fluide du peloton WorldTour.
 
Le même jour, Vervaeke regrettait son statut assez écrasant de favori. Les équipes rivales avaient en effet exhorté les Belges à conduire le peloton derrière les échappés. Sur les pentes de Solaison, les autres grimpeurs le marquaient, agglutinés à sa roue. Pénible. Mais il a fait son parti de cette grosse "pancarte".
 
Pour confirmer son rang (s'il en avait vraiment besoin cette année), l'homme de Lotto-Belisol s'était fixé de "terminer dans le top 5" du Tour de l'Avenir "et peut-être de gagner une étape". C'est réussi pour Louis.
 
Après ce come-back (le tout dernier) chez les Espoirs, le coureur de 21 ans reprendra le chemin de la première division mondiale avec le GP de Québec et le GP de Montréal, le Tour de Pékin et peut-être aussi le Tour de Lombardie.

Crédit photo : Robert Gachet

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