Jasper Stuyven, entre Vuelta et Ponferrada

Quatre fois quatrième d'étape à la Vuelta, Jasper Stuyven a réussi son premier Grand Tour. Le néo-pro de la formation Trek peut aussi se targuer d'avoir terminé à huit reprises dans le top dix. A 22 ans à peine, il sera aligné dimanche au contre-la-montre par équipe des Championnats du Monde. DirectVelo.be a rencontré l'ancien Champion du Monde Juniors.

DirectVélo : Tu voulais te montrer sur la Vuelta (lire ici), mission accomplie ?
Jasper Stuyven : Je suis très satisfait de mon premier grand tour. Si avant le départ on m'avait proposé ces résultats, j'aurais signé à deux mains !

Quatre fois quatrième (dont une fois au chrono par équipes), jamais très loin du podium...
Oui, c'est vrai, j'aurais parfois espéré plus, même si après coup, je suis très content. Je ne suis pas un pur sprinter comme Matthews, Bouhanni ou Degenkolb. Il me manque encore ce petit plus qui fait la différence. Peut-être que je devrais travailler mon sprint. Mais peu à peu, je sens que je progresse. J'étais toujours proche de la troisième place ! Mais l'an prochain, je devrais être plus fort que peut-être que je serai sur le podium.

« M’ENDURCIR »

Tu étais encore présent en dernière semaine, prenant encore la neuvième place du dernier chrono, alors que c'est ton premier grand tour !
Je me suis surpris moi-même en dernière semaine. Je trouve ma huitième place à Cangas de Morrazo très belle. C'était une étape avec une bosse assez dure dans la finale. Quand j'ai regardé mes wattages après l'étape, j'étais très haut. Mais j'ai tout de même achevé la Vuelta assez frais.

Lors de la 16e étape, arrivant au Lac de Somiedo, on t'a aussi vu en échappée...
Avant le départ, on pensait qu'au vu du profil de l'étape, ça pourrait aller au bout. Je devais donc me glisser dans l'échappée, et m'accrocher le plus longtemps. Finalement, les équipes des favoris en ont décidé autrement et nous avons été repris. J'ai alors roulé pour moi, pour repousser mes propres limites. Cela m'endurcira.

Tu termines 88e, à 3h17 de Contador, alors que Degenkolb et d'autres sprinteurs terminent à plus de 3h50...
J'ai surtout profité de ma journée à l'avant. J'arrive tout de même une vingtaine de minutes avant le gruppetto, ce qui me fait gagner des places. Et les autres jours, j'arrivais toujours à rouler à mon propre rythme dans le gruppetto.

LE TOUR DE FRANCE, PAS TOUT DE SUITE

Quel est le secret pour rester frais pendant une course de trois semaines ?
Il faut bien boire et bien manger, que ce soit pendant l'étape, ou juste après. Puis profiter de chaque moment pour se reposer, bien dormir. On alterne les bonnes et les mauvaises journées, mais il ne faut pas paniquer quand on a plus dur. Par exemple, moi je n'étais pas toujours très bien le lendemain des jours de repos !

Que retiendras-tu de cette Vuelta ?
Je me suis bien amusé ! On forme un groupe avec tout ceux de l'équipe, et on revoit tous les jours des amis sur la course. C'est vraiment plaisant. C'est aussi une très belle expérience, qui m'a permis d'apprendre et de grandir.

Après avoir terminé la Vuelta, on peut penser au Tour de France ?
On verra bien, mais le Tour de m'intéresse pas encore. Je ne dois pas encore le disputer. Mais c'est sûr qu'un jour, j'aimerais y participer. Mais pas dès l'an prochain. Le parcours des Championnats du Monde me convient bien, et arriver à la fois au Tour et aux Mondiaux au top, ce n'est pas facile.

PONFERRADA, UNE SEMAINE EN AVANCE

Justement, les Championnats du Monde, tu voulais y participer, mais tu n'es que réserviste...
C'est vrai, j'avais dit avant la Vuelta que j'espérais être sélectionné si je roulais bien au Tour d'Espagne. Mais je respecte le choix de Carlo Bomans. Les gars qui sont dans la sélection sont bien pour le moment aussi. Un rôle d'équipier ? J'aurais fait ce qu'on me demande ! J'espère y être l'an prochain !

Comme consolation, tu participeras au chrono par équipe !
Ce n'est pas un lot de consolation, mais une autre belle sélection. Je suis parti mercredi matin pour remplacer Bob Jungels, qui a des problèmes à la selle. C'était un peu inattendu. Je suis vraiment impatient d'y être. Avec Fabian dans l'équipe, on peut viser une place d'honneur. L'ambition est de terminer sur le podium.

Après ça, Franco-Belge, Paris-Bourges et Paris-Tours au programme ?
C'est bien ça. Au vu de ce que j'ai prouvé, je recevrai ma propre chance. Je vais tenter d'entretenir ma condition pour être présent au rendez-vous. De la pression ? Je ne serai pas le leader absolu. Puis à la Vuelta, j'étais aussi protégé pour le sprint. Je ne ressens pas de pression, mais plutôt une motivation supplémentaire. Je ne suis pas encore dans l'obligation de gagner, je veux juste me montrer !

Crédit photo : Marc Van Hecke - sportfoto.be
 

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