Mondial - Maitriser le temps et l’aquaplaning

"A un moment, il y avait dix centimètres d’eau sur la route. C’était de l’aquaplaning", rigolait l'Autrichien Lukas Postlberger à l'arrivée du Championnat du Monde de contre-la-montre Espoirs. Réputée pour son soleil et ses températures élevées, l'Espagne semble cette semaine déroger à la règle. Ce lundi, à Ponferrada, pour les épreuves chronométrées, la pluie a joué les trouble-fêtes, comme peut en témoigner le Colombien Miguel Angel Lopez, tombé au sol : "C'était très dangereux, surtout dans les virages. Dans un tournant, j'ai simplement glissé...", explique-t-il pour DirectVelo.com. D'autres ont choisi de prendre plus de précautions, à l'image de Rémi Cavagna. "Je préfère être à 10 km/h dans un virage mouillé et être sûr de rester sur mon vélo, que de prendre tous les risques pour gagner deux secondes et finalement me retrouver au sol", explique le Français.

L'Américain Taylor Eisenhart, décevant 35e, philosophait à l'arrivée. "C'est bien simple, sur le sec, tu peux aller à fond dans les virages, sous la pluie, tu dois un peu ralentir. Tu perds plus de temps si tu tombes que si tu lèves un peu le pied". Perspicace, le Champion des Etats Unis Contre-la-Montre Espoirs n'y voyait pourtant pas une excuse. "C'est surtout dans les longues sections que tu peux faire la différence, grâce à la puissance. Moi, je ne l'avais pas..."

« PRENDRE LES RISQUES QUI S'IMPOSENT »

Du côté de ceux profitant de la météo, il y a Louis Meintjes. Le Sud-Africain s'est offert quelques dizaines de minutes dans les convoitées "hot-seats". "J'ai eu beaucoup de chance avec la météo", reconnaissait-il après avoir l'arrivée. "Je pense que c'était un certain avantage, car quand les routes sont détrempées tu ne vas pas aussi vite que quand elles sont sèches. Tu n'oses pas prendre autant de risques."

"Le problème, c’est aussi que l’on avait reconnu le parcours sur le sec. Du coup pendant ce chrono, nous n’avions plus aucun repère", observait Lukas Postlberger. "Tu as de toutes autres sensations, et dans certaines sections, tu es un peu incertain", confirmait le Belge Frederik Frison, peut-être trop prudent selon son entraineur national, Jean-Pierre Dubois : "Quand tu sors des virages et qu'il te reste un mètre de bon, c'est que tu peux passer plus vite...". Le sélectionneur français, Pierre-Yves Chatelon, partage cet avis. "Il faut savoir prendre les risques qui s'imposent. Certes, il pleuvait. Mais le circuit n'était pas si technique que ça. Pour moi, il n'y a que ceux qui n'étaient pas à l'aise du tout qui pouvaient être pénalisés. En passant les virages à 10 km/h, c'est vrai que l'on est certain de ne pas tomber, mais on est également certain de ne pas faire une performance", observe t-il.

« ON SE DOIT D'ETRE PRUDENT »

Dans le camp des favoris, le raisonnement est le même. "J’ai préféré ne pas prendre tous les risques", racontait le médaillé de Bronze, Stefan Küng. "Il faut trouver un bon compromis entre prise de risque et marge de sécurité", analysait le Suisse. Le nouveau Champion du Monde n'a pas non plus pris de risques déraisonnés en course. "Même quand on court pour la médaille d’or, on se doit d’être prudent durant tout le parcours", avançait Campbell Flakemore. "J’ai été plus prudent encore lors de la dernière descente, qui était détrempée. Je ne voulais surtout pas tomber dans les tous derniers kilomètres. Cela aurait vraiment été trop bête." D'autant plus quand on sait que seuls 48 centièmes de seconde séparent l'Australien de son dauphin, l'Irlandais Ryan Mullen.

Cet après-midi, dans des conditions météorologiques annoncées à nouveau délicates, ce sera aux Elites Dames de maîtriser les 29,5 kilomètres du contre-la-montre. Une fois encore, il s'agira de ne pas partir à la faute. Maitriser l'aquaplaning, et réaliser un temps en Or.
 

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