Philippe Gilbert: « Loic Vliegen a des qualités similaires »

Ce vendredi à 13 heures, Loic Vliegen prendra le départ du Championnat du Monde Espoirs. L'Espoir fait partie des cartes que l'équipe nationale belge pourra jouer sur les 182 kilomètres de la course en ligne. DirectVelo.com a rencontré Loic Vliegen, mais également son directeur sportif chez BMC Development Team Rik Verbrugghe, son équipier et compagnon de chambre Dylan Teuns, son sélectionneur national Jean-Pierre Dubois, et son ami et équipier en World Tour, l'ancien Champion du Monde Philippe Gilbert.

A l'unanimité, Vliegen est cité comme un puncheur. "Il peut aussi rouler de bons prologues comme il l'a démontré au Tour de l'Avenir", rappelle Rik Verbrugghe. "Il est un peu moins bon grimpeur que moi, mais a beaucoup de puissance. Il est également rapide à l'arrivée, beaucoup plus que moi", commente de son côté Dylan Teuns. "Il apprécie les Ardennes belges et la moyenne montagne", ajoute Jean-Pierre Dubois. "Loic a des qualités similaires aux miennes. Il est assez explosif et résistant à l'effort", analyse Philippe Gilbert.

UN JOUR OU UNE SEMAINE ?

Sur son domaine de prédilection, l'Espoir troisième année se cherche encore. "Peut-être que dans le futur, je pourrai viser les courses d'un jour. Mais je pourrais aussi faire mes preuves sur des petits tours, d'une semaine ou de maximum dix jours", explique-t-il lui-même. "Il a un chrono dans les jambes et doit pouvoir se débrouiller dans les tours s'il n'y a pas trop de haut montagne", ajoute son coach national. Profil d'épreuve : Paris Nice et Dauphiné. "Il peut tant se débrouiller sur les courses d'une semaine que sur les courses d'un jour comme Liège-Bastogne-Liège. Sur ces parcours, ses qualités peuvent ressortir. Il me fait un peut penser à Philippe Gilbert. Il grimpe bien, sans être un pur grimpeur", synthétise son directeur sportif. "Je ne le connais pas assez sur les courses par étapes, mais c'est assez flagrant qu'il est plus à l'aise sur les courses d'un jour. Après, ça se travaille. Il est encore jeune et il peut modifier son entrainement", conseille de son côté le comparé.

Sur ses points faibles, les observateurs sont peu unanimes. "La récupération et les chronos longs", estime le principal intéressé. "J'ai du mal à en trouver", observe Dubois. "Il est francophone, comme moi, donc il y a une petite affinité indéniable. Mais si je dois vraiment dire quelque chose, ce serait son sprint." Verbrugghe a lui aussi des difficultés à lui trouver un défaut. "Il pourrait travailler ses chronos longs, car ça peut toujours faire la dfférence dans les petites courses par étapes. Mais ce n'est même pas vraiment un point faible, car il se débrouille, sans pour autant être un spécialiste."

SE REMETTRE EN QUESTION TOUS LES JOURS

"Mon point fort ? Je suis explosif. Je parviens à tenir un certain wattage et accumuler beaucoup d'acide lactique sur peu de temps", déclare Vliegen. "J'ai vu à Londres que c'était un bon coureur, car il est capable d'attaquer sèchement puis de soutenir son effort derrière. Beaucoup de coureurs peuvent attaquer, mais beaucoup explosent après. Lui, il m'a agréablement surpris car il est jeune et était déjà présent. Le chemin est très long, mais il a déjà des aptitudes", admire l'ancien Champion du Monde. "Pour moi, sa force, c'est d'avoir trois ou quatre cartouches en poche. Il peut déjà attaquer à la mi-course, puis émerger d'un groupe quand il est à l'avant. Il a aussi montré chez les pros qu'il sait donner un coup de main quand il faut, comme à Londres avec Gilbert par exemple", analyse le coach des Belges. "Son intelligence et sa lecture de course" sonnent dans le camp Verbrugghe. "Son caractère", estime quand à lui Gilbert.

Si le Champion de Belgique 2011 insiste tant sur la mentalité, c'est parce qu'il estime que c'est la base de la réussite. "La première des qualités est de se remettre en question tous les jours. Forcément après une défaite, mais même après une victoire : il faut toujours repartir avec une nouvelle mentalité. Je pense que sur ce plan là, il est sur la bonne voie. Quand on se contacte après les courses, il me dit toujours qu'il n'est pas content. Je sens vraiment qu'il s'en veut et qu'il transforme ça en volonté, en quelque chose de positif. Ce n'est pas quelqu'un qui est déçu puis ne travaille plus pendant trois jours. Au contraire, il s'entraine encore plus et fait plus de sacrifices", développe le coureur de BMC Racing Team. "C'est un gars bien, amical, toujours de bonne humeur. Un bon équipier", sourit son compagnon de chambre Teuns.

« QUAND ON A UNE OCCASION, IL NE FAUT PAS LA LAISSER PASSER »

Quant à son futur, Vliegen semble se diriger vers une année supplémentaire dans l'équipe Development de BMC, pour "ne pas aller trop vite", comme justifie Verbrugghe. Un passage en World Tour au premier juillet semblait envisagé dans un premier temps. "Il a encore beaucoup de choses à apprendre. On ne va pas définir à l'avance qu'il passe à une certaine date chez les pros. Ce serait lui mettre trop de pression", complète son directeur sportif. "Ce serait logique de le voir dès l'an prochain chez les pros", considère Dubois. "Jusqu'à il y a un an et demi, Loic réalisait des séances entrainement pas trop exigeantes car son père et son grand-père ont toujours voulu le protéger. Ce n'est pas une mauvaise chose, car je suis persuadé qu'il a encore de la marge."

Philippe Gilbert développe quant à lui un avis complètement différent. "C'est toujours amusant d'évoluer à l'échelon inférieur car tu t'amuses plus, tu gagnes plus, tu obtiens des résultats plus facilement,... Mais après, quand on voit à long terme, c'est important de passer pro et d'évoluer", déclare le Monégasque d'adoption. "Je dis toujours aux jeunes que quand on a une occasion, il ne faut pas la laisser passer", témoigne-t-il. "Je touche du bois mais ça pend au nez de tout le monde : on peut tomber malade ou avoir une grave chute. Et je pars du principe qu'il vaut mieux que ça arrive quand on est déjà avec un contrat professionnel dans les mains que quand on est Amateur. A ce moment, tu risques de rester là car les managers vont se dire qu'on ne connait pas vraiment ta valeur et qu'on ne va pas risquer de le faire signer. Mais quand tu as déjà évolué avec les professionnels, on se dit : "Il est tombé, il est jeune, il a déjà montré des capacités, on va lui donner une chance". Avec un pied chez les professionnels, c'est plus facile d'y rester !" Verbrugghe rejette ce point de vue. "S'il tombe ou qu'il est malade, ça ne changera rien. Sa période de stage s'est très bien passée et les directeurs sportifs avec qui il a travaillé sont tous très contents donc chez BMC, la poste reste ouverte. S'il réalise une mauvaise saison, c'est à cause de problèmes physiques, car on a vu qu'il a des capacités cette saison", avance Verbrugghe.

NE PAS METTRE LA BARRE TROP HAUT

Dans l'immédiat, le Hervien de 21 ans participera au Championnat du Monde Espoir, ce vendredi après-midi. "Loic, au même titre que Tiesj (Benoot) et Dylan (Teuns) ont déjà prouvé tout au long de la saison qu'ils peuvent faire quelque chose de grand aujourd'hui. Il fait partie des garçons comme Mathieu Van der Poel, Pierre-Roger Latour ou Louis Meintjes qui s'inscrivent parmi les grands favoris", considère le coach national. "Le principal est qu'il soit présent dans la finale et qu'il soit acteur, qu'il pèse sur la course. Pour son résultat, c'est difficile à dire. Cela dépendra du déroulement de la course, de la tactique,...", ajoute Verbrugghe. Et Loic de conclure : "J'espère un top dix, car je ne veux pas mettre la barre trop haut. Si c'est possible de faire mieux, je le ferai sans hésiter. Ca dépendra situation de la course."

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

Mots-clés