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Quatre coureurs de l'Equipe de France Juniors étaient rassemblés la semaine dernière, à Bourges (Cher), pour un stage dédié au contre-la-montre. L'entraîneur national Julien Thollet explique à DirectVelo.com l’intérêt d'un tel rassemblement.

DirectVelo.com : Comment as-tu choisi les coureurs pour ce stage ?
Julien Thollet : Il y avait deux critères de sélection : les chronos de 2014, notamment le Championnat de France, et les rares chronos du début de saison. Ont été retenus : Louis Louvet (Creusot Cyclisme), Maxence Moncassin (Intégrale Bicycle Club Isle Jourdain), Thibault Guernalec (VC Châteaulin - notre photo) et Loïc Guillaume (Argenteuil Val de Seine 95). Nous avions également convié Romain Neboit (AVC Nîmois) et Clément Betouigt-Suire (Mérignac VC). Mais en accord avec les deux coureurs, nous avons fait le choix de les laisser chez eux. Romain n'est pas en grande forme. Clément est J1. Il a enchaîné une course en Belgique (lire ici), Paris-Roubaix et le Challenge National. Sachant qu'il va faire un stage piste la semaine prochaine, il fallait éviter une suractivité.

Quel a été le programme ?
Nous avons fait à 100 % du contre-la-montre. Nous avons travaillé sur un parcours de 13 kilomètres. Les coureurs l'ont fait à trois reprises en condition de course, que ce soit au niveau de la diététique, la nutrition, l'échauffement et le matériel. La totale ! Nous avons pris beaucoup de temps le soir pour débriefer, avec un support vidéo et beaucoup de discussions pour voir ce que chacun pouvait améliorer.

Ils n'ont pas roulé sur la piste de Bourges ?
Ils ont fait, en plus des trois séances, un test d’évaluation sur ergocycle. C'est Samuel Rouyer qui s'en est occupé. A l'issue de ça, ils ont fait une décontraction sur piste mais de manière très légère.

« LE RETOUR DES COUREURS EST POSITIF »

Es-tu satisfait de ce que tu as vu ?
Oui. Nous sommes satisfaits du niveau. Le retour des coureurs est positif. Ils ont le sentiment d'avoir appris beaucoup de choses. Dans le staff, il y avait Samuel Monnerais, qui travaille au Pôle de Bourges. Certains coureurs du Pôle ont fait des séances avec nous. Il y avait notamment deux coureurs très performants, Thomas Denis (AC Lanester 56) et Aurélien Costeplane (GSC Blagnac VS 31). Ils ont fait les tests grandeurs natures. Par ailleurs, il y avait également Fabrice Brochard qui est spécialisé dans l’entraînement mental. Nous essayons de donner aux coureurs des outils et des infos sur l'imagerie mentale. Il m'épaule là-dessus. Les coureurs font des gros progrès. Nous donnons des vraies pistes notamment sur la gestion du stress. C'est un gros point noir pour beaucoup. Je bosse depuis un an avec Fabrice. C'est intéressant.

L'an dernier, pendant les Championnats du Monde, il y a eu beaucoup de critiques sur le niveau des Français en contre-la-montre... Toi qui est à la base de la pyramide pour cet exercice, tu as envie de faire bouger les choses ?
L'an passé, il y avait la frustration de ne pas avoir fait ce travail là. Je suis arrivé tard à mon poste. Je n'ai pas voulu bousculer trop de choses. Pierre-Yves (Chatelon, son prédécesseur) bossait le chrono dans les stages. Il a eu des coureurs comme Gougeard, Lecuisinier, Le Gac... Ça roulait fort en Juniors. Mais il faut qu'on couple le programme de courses en France, avec le Challenge National, et parallèlement travailler dans les comités régionaux ou en Equipe de France. Il ne faut pas laisser le champ vide. Si on ne bosse pas, ça sera compliqué d'avoir des résultats. Dans le sens inverse, ce n'est pas parce qu'on travaille qu'on aura des résultats... Mais on peut supposer qu'en se donnant des moyens, on fera émerger des coureurs.

« NOUS N'AVONS PAS UNE CULTURE CHRONO EN FRANCE »

Il n'y aura qu'un seul chrono cette année sur le Challenge National Juniors, en juillet sur le Tour du Canton d'Aurignac...
C'est un vrai regret. Nous travaillons actuellement sur le Challenge National Juniors 2016 pour trouver des organisateurs qui veulent bien faire un chrono. Mais j'ai bien conscience que c'est difficile pour eux de mettre en place un contre-la-montre. Il faut trouver des signaleurs, un parcours... Je sais que c'est compliqué mais notre travail est de convaincre un organisateur, de faire en plus d'une épreuve en ligne, un chrono. Il faut donner à nos coureurs l'envie de s'investir dans cette discipline. Il faut du matériel, de l'entraînement spécifique... C'est le constat qu'on avait fait au dernier Championnat du Monde, nous n'avons pas une culture chrono en France.

L'Equipe de France va enchaîner les chronos en Coupe des Nations...
Il y aura un chrono de 12 kilomètres sur la Course de la Paix. C'est le même depuis de nombreuses années. Pierre-Yves a réalisé un fichier avec tous les meilleurs temps. Michal Kwiatkowski l'avait remporté en 2008, il a le meilleur chrono depuis. Ça permet de voir l'évolution. Nous en aurons ensuite au Trophée Centre-Morbihan, deux au Tour du Pays de Vaud en comptant le prologue, au Trofeo Karlsberg...
Au Centre-Morbihan et au Karlsberg, l'équipe sera orientée vers une sélection de rouleurs-poursuiteurs. Je travaille avec Samuel (Monnerais) qui gère le groupe Juniors de poursuiteurs. Ça lui permettra de travailler sur sa cohésion de groupe. La piste est une très bonne école. Boudat, Coquard et d'autres viennent de là. Si on veut faire émerger des routiers...

Crédit photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.photodeck.com
 

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