Lilian Calmejane : « Maintenant, il faut en jouer »

Lilian Calmejane (Vendée U) s'est imposé ce lundi sur la 3e étape du Tour de Bretagne (2.2), courue sur 192,9 kilomètres entre Mauron Baud et Cléden-Cap Sizun. Le leader du Challenge BBB-DirectVelo s'est ainsi offert son 6e bouquet de la saison (voir ici). Il est désormais 3e du classement général, à 9'' d'Adrian Aas Stien (Team Joker). La Tarnais, âgé de 22 ans, a répondu aux questions de DirectVelo.com.

DirectVelo.com : Après ta 3e place de la veille, étais-tu revanchard lundi matin au départ de la 3e étape ?
Lilian Calmejane : Revanchard, oui et non. Nous sommes sortis à une quinzaine, et il y avait pratiquement toutes les équipes représentées. Mais il n'y avait pas forcément les leaders des équipes. Ça ne collaborait donc pas trop. Ce n'était pas le top même si nous avons eu jusqu'à 2'30'' d'avance. Nous pensions avoir presque course gagnée. Mais sur le circuit, ça ne s'est pas trop entendu. J'ai lancé trop tôt les hostilités. J'ai montré que j'étais costaud et donc à surveiller. On ne connaissait pas trop celui qui gagne (Matej Mugerli), mais c'était un sacré client quand on voit son palmarès. Il est parti au pied de la bosse, à quatre kilomètres de l'arrivée. Nous nous sommes regardés. Il a pris 150 mètres. J'ai attendu le sommet de la bosse pour faire mon effort. J'ai réussi à sortir. Je suis revenu à 30 mètres de lui mais je n'ai pas réussi à boucher le trou. Je me fais doubler in-extremis par un sprinter, et je termine donc 3e au lieu de 2e... A chaud, j'étais déçu de ne pas avoir réussi à revenir sur le mec et jouer la gagne avec lui. Mais il m'aurait peut-être "enflé" au sprint. Il était très costaud. Je n'avais pas de regrets à avoir.

« J'AI REUSSI A BIEN MOTIVER TOUT LE MONDE »

Cette 3e étape a semblé assez folle...
Comme la veille, aucune équipe n'a pris le contrôle de la course. Ça attaque dans tous les sens. Deux coureurs sont partis (Kasperkiewicz et Laengen), ça a vraiment fait rideau. Ils ont pris neuf minutes. Puis il y avait un endroit assez dangereux, que la Rabobank a sans doute reconnu. C'était un pont hyper étroit, ça passait en file indienne. Ils ont fait la descente puis la côte à bloc. Ils sont partis à quinze, avec cinq Rabobank, quatre Bretagne-Séché Environnement, le leader de la course... Le peloton s'est affolé.  C'était chaud ! BMC a notamment roulé. Il y a eu une course poursuite pendant 50 kilomètres. Ils ont eu jusqu'à 1'30'' d'avance. Dès la jonction, il y a eu de nouvelles attaques. Juste avant le circuit final, cinq coureurs sont partis. J'ai réussi à rentrer, après dix kilomètres de chasse, avec un Wallonie-Bruxelles (Ista) et un Américain (Barta). Nous avons eu jusqu'à 1' d'avance.

Tu croyais en tes chances de victoire ?
Je n'y croyais pas trop. Le circuit faisait douze kilomètres. Il y avait une côte assez raide à côté de la mer. Et ensuite nous tournions à droite, et nous avions vent 3/4 dos jusqu'à l'arrivée sur une grande route. Ce n'était pas propice à une petite échappée. A la cloche, nous avions 40'' d'avance. J'ai réussi à bien motiver tout le monde. Jusqu'au pied de la bosse, il fallait continuer de s'entendre sinon ça n'allait pas sentir bon pour nous. J'ai durci la course dans la difficulté. Nous étions encore cinq en tête en haut. Quand nous avons tourné à droite, je me suis mis en dernière position du groupe. J'ai pris de l'élan, et j'ai mis une grosse attaque. J'ai tout donné jusqu'à la ligne. Ils ont été repris à la flamme rouge. J'ai réussi à garder mon avance pour gagner en solitaire.

« UNE BONNE CHOSE DE NE PAS AVOIR LE MAILLOT DE LEADER  »

C'est ta 6e victoire de ta saison. A-t-elle une saveur particulière ?
Comme je l'avais dit, les classes 2 étaient des bons tests. Et mon objectif principal en 2.2 est le Tour de Bretagne. Il y avait deux épreuves de la même catégorie juste avant, le Triptyque des Monts-et-Châteaux et le Tour du Loir-et-Cher, donc ça permettait de bien se mettre dans le bain. J'ai eu la chance de "performer" en Belgique. C'était du bonus, l'objectif restait et reste le Tour de Bretagne. C'est bien de concrétiser. Il y a un engouement autour de cette course. Je l'ai constaté avec les félicitations reçues après la course. C'est une autre dimension que le Triptyque. C'est plaisant de gagner ici.  

Tu es désormais 3e du général, comment vois-tu la suite ?
C'est une bonne chose de ne pas prendre le maillot de leader. D'autant plus que nous avons malheureusement perdu Taruia Krainer, qui a une blessure au genou. Mieux vaut être en embuscade. Mais rien n'est acquis ! Tout peut se défaire d'un jour à l'autre. Personne ne prend la course en main depuis samedi. Une bonne échappée de dix coureurs peut très bien arriver avec une minute d'avance, ce qui redistribuerait les cartes. Il faudra être vigilant et ne pas louper les coups dangereux.

Tu es plutôt optimiste ?
Sur les courses par étapes, je ne suis pas stressé par la récupération. En général, plus on avance mieux je suis. C'est un plus mais on verra tout de même comment je réagis sur ce Tour de Bretagne. J'ai eu beaucoup de jours de course en avril. Je commence à être fatigué. J'ai réussi à gagner assez tôt, il ne faut pas se contenter de ça mais ça enlève également de la pression pour la suite. Il faut en jouer. Le Vendée U a gagné beaucoup de courses cette année. Nous sommes en position de force. Nous pouvons très bien dire aux autres : "A vous de rouler, nous nous avons réussi notre Tour de Bretagne". Il est sûr que nous ne prendrons pas la course en main, à l'inverse du Tour du Loir-et-Cher par exemple.

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

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