ESEG Douai : « L'objectif c'est de se sauver »

L'ESEG Douai se donne un peu d'air. Après un début d'année 2015 compliqué (le club est actuellement 19e sur 20 engagés en Coupe de France DN1 après trois manches), la formation nordiste retrouve des raisons d'espérer grâce à la victoire de Niels Nachtergaele au classement général du Tour du Loiret (Elite Nationale). Au cours d'un entretien accordé à DirectVelo.com, Laurent Pillon, le manager DN du club, fait le point sur la première moitié de saison de saison de son équipe.
 
Directvelo.com : Le succès de Niels Nachtergaele doit faire du bien au moral... 
Laurent Pillon : Cette victoire, c'est un gros soulagement ! C'est très bien pour le club ! Le début de saison nous a rendus malheureux, la situation était très difficile. Le vélo c'est un beau sport, le mental joue énormément. Si on ne l'a pas, on ne peut pas espérer faire de bonnes performances. Il y a tellement d'aléas qu'on ne peut jamais être sûr de soi. On regarde plus souvent vers le bas que vers le haut. Tout peut aller très vite : une chute, un ennui mécanique, la météo... Il faut savourer les bons moments parce qu'ils ne sont pas si nombreux. On ne peut pas faire la fine bouche. Je dois avouer que les coureurs ont accumulé les pépins cette année mais ils ont relevé la tête et ils ont prouvé que ce sont des véritables cyclistes. On a réussi à remporter des courses par étapes ce qui est une très bonne chose. Je pense que peu d'équipes en sont capables.
 
« LES EPREUVES DE COUPES DE FRANCE SONT TRES STRESSANTES »
 
Comment as-tu vécu le début de saison ?
Ça a été difficile à un moment donné. Lorsque Yoann Moreau nous a annoncé qu'il arrêtait, ça a été un vrai choc. Dans l'ensemble, l'effectif est très jeune, il manque d'expérience et de confiance. Les épreuves de Coupe de France sont très, très stressantes. Le niveau en DN1 est très relevé, il est presque équivalent à celui des épreuves continentales. Tout doit être parfait le jour J, il n'y a pas de place pour le hasard. Tout le monde doit être au top de sa forme, il ne faut pas avoir d'ennui mécanique et surtout posséder une grosse motivation. Ça va mieux depuis Paris-Mantes-en-Yvelines (lire ici) où deux de nos coureurs terminent dans le Top 10. On a obtenu notre première victoire chez nous à Templeuve et depuis, on est dans une bonne dynamique.
 
Avez-vous mis en place un programme spécial dans le but d'améliorer la situation ?
Après les déboires que nous avons connus, nous avons décidé de multiplier les sorties groupées, en accord avec les entraîneurs Francis Moreau et Aurélien Priat. C'est difficile de s'entraîner l'hiver, parce que dans le nord la météo est très capricieuse et qu'on ne peut pas se permettre d'envoyer les coureurs en stage dans le sud de l'Europe, en Espagne par exemple, comme le font d'autres équipes.
Notre préparatrice mentale, Célia Ramet, a également réalisé un gros travail. Grâce à tous les efforts que nous avons fournis, le groupe est reparti sur de bonnes bases. On s'est réuni huit jours avant Paris-Mantes, on s'est dit nos quatre vérités. Depuis je dois reconnaître que l'état d'esprit est excellent.
On a aussi obtenu des victoires, ce qui a contribué à relancer la machine.
 
« NECESSAIRE D'AVOIR UNE APPROCHE PROFESSIONNELLE »
 
Vous avez donc trouvé l'origine du problème ? Où se situait-il ?
Comme je l'ai déjà dit, notre groupe est très jeune. Nous sommes un club "familial", avec de petits moyens. La plupart de nos coureurs découvrent la DN1. Je dirais qu'ils ont été pris au dépourvu. Pour ma part, j'estime que le staff a bien ûr une part de responsabilité, mais que ce sont les coureurs qui étaient en faute. Ce sont eux qui font la course, il ne faut pas l'oublier. On nous a reproché notre comportement, notamment à nous les entraîneurs. Les gars nous trouvaient trop durs mais il fallait qu'ils se rendent compte qu'ils ne s'investissaient pas assez. En DN1, on doit être à 100% sur chaque épreuve, on doit tout faire pour être performant. Il faut avoir un état d'esprit offensif si on veut aller chercher quelque chose. Je crois qu'aujourd'hui, chacun a pris conscience qu'il ne peut plus prendre le vélo comme un loisir et qu'il est nécessaire d'avoir une approche "professionnelle".
A un moment donné, chacun doit assumer ses responsabilités et il faut prendre garde à ne pas "salir l'image du club". A ce niveau, une course cycliste c'est comme passer un examen, il faut être préparé. Maintenant tout est dit, on a pris en compte les revendications des coureurs et ça a fait du bien. 
 
Quel est ton bilan jusqu'ici ?
On est très content pour Niels Nachtergaele, qui a remporté dimanche dernier le général du Tour du Loiret. C'est super pour lui, il n'est pas habitué à cela ! Il s'est très bien intégré chez nous, c'est quelqu'un de sympathique et c'est un de nos leaders. Par le passé, il a quand même couru chez Quick Step Espoirs. Je pense que ça démontre un certain talent... Thomas Joly est un jeune coureur qui a du tempérament. Il a fait coup double sur le Tour des 7 Communes en junior, ce qui est prometteur. Je suis satisfait du comportement du groupe maintenant. Samuel Leroux a passé un cap. J'attends beaucoup d'Axel Flet qui est en train de finir ses études. Il possède le potentiel mais il doit se réveiller. Matthias Legley est lui un peu en retrait mais je dois reconnaître qu'il a connu pas mal de d'ennuis. Il a été malade et la météo lui a aussi joué de mauvais tours. Valentin Gouel a pour sa part été embêté par une gêne musculaire et à ce niveau d'exigence, on ne peut rien espérer en courant diminué. Tout le monde progresse et on a retrouvé un esprit d'équipe.
 
« J'ATTENDS BEAUCOUP DE PARIS-ROUBAIX ESPOIRS »
 
Comment vois-tu la suite ? 
Au vu des derniers résultats, je pense qu'on a prouvé qu'on avait notre place en DN1 alors que beaucoup nous voyaient comme le petit qui n'y arriverait pas. J'ai confiance pour la suite. Nous devons viser des Tops 10 sur les courses DN1, histoire d'aller gratter quelques points. Nous sommes constamment sur le fil du rasoir, il est impératif de remonter au classement de la saison.
On n'a plus l'ambition de regarder vers le haut. L'objectif c'est de se sauver. Pour cela, chacun doit être irréprochable. Jusqu'à fin août, jusqu'à la fin de la saison même, je compte sur de belles performances. Nous avons sorti la tête de l'eau et il faut continuer nos efforts. C'est encourageant pour la suite. J'ai une grosse attente sur Paris-Roubaix (Espoirs, NDLR) parce qu'on court un peu à domicile. J'attends notamment beaucoup de Samuel Leroux qui a terminé 4e sur Paris-Mantes (1.2).

Crédit photo : Jean-Baptiste Enes - www.flickr.com/photos/j-b45
 

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