La nouvelle perle du cyclisme érythréen

Refaire l'histoire. Mekseb Debesay, vainqueur ce jeudi de sa deuxième étape du Tour du Rwanda et toujours une menace pour la victoire finale, aurait bien voulu tenter sa chance plus tôt en Europe. "J'avais un niveau comparable à celui de Merhawi Kudus", confiait-il à DirectVelo.com mercredi, dans une chambre d'hôtel, très détendu à la veille de son deuxième succès au sprint, au terme de 166km (voir classement). Kudus,  donc, l'actuel professionnel du Team MTN-Qhubeka, supposé plus fort que Natnael Berhane, lui-même censé étoffer son palmarès davantage que Daniel Teklehaimanot, le précurseur de cette impressionnante lignée d'Eryhrée. Et Debesay, alors ? Dans la foulée d'un Tour d'Erythrée victorieux, en 2013, il a certes eu droit à trois mois de formation au Centre Africain du Cyclisme. Et non au Centre Mondial, en Suisse, ce qui aurait pu lancer sa carrière...

Il n'est pas le genre à se plaindre. Il rit comme il décroche les trophées, il a l'oeil qui pétille et une sorte de bonhommie qui tranche avec sa réputation d'obsessionnel du vélo, "hyper concentré" selon son coéquipier allemand Timo Schäfer. En 2014, Debesay a quand même pu débuter sur la scène européenne, grâce à l'équipe Continentale Bike Aid. Avec une 13e place sur le Giro de Münsterland, en fin de saison, au milieu des sprinters. Car il grimpe, il roule, il descend, il gicle en bosse et domine les arrivées massives.

"Tout au moins en Afrique, tempère son directeur sportif, Yves Beau. Il est l'un des meilleurs du continent [lauréat de l'UCI Africa Tour l'an passé, NDLR]. Mais il faut encore lui laisser le temps de progresser en Europe. A terme, il peut tirer son épingle du jeu au moins aussi bien que des Teklehaimanot et des Berhane".

Debesay commence le vélo à 14 ans, dans la roue de son frère Ferekalsi, le médaillé d'argent aux Jeux d'Afrique 2007. Sa petite sœur, Mossana, a pour sa part pris l'or sur le contre-la-montre du même événement cette année, dans la course en ligne des femmes. "Je suis tellement fier d'elle, dit-il. Elle est la première athlète du pays à gagner à l'étranger. Peut-être qu'elle va ouvrir le chemin des femmes, comme Daniel [Teklehaimanot] l'a fait".

MTN-QHUBEKA VEUT LE RECRUTER

Que ce soit en famille ou auprès de ses compatriotes, Mekseb Debesay doit toujours se battre pour se frayer un chemin. Même lutte serrée sur le Tour du Rwanda, qui se terminera dimanche dans les rues de la capitale, Kigali. Pointé en 4e position, à 1'14" du maillot jaune Jean-Bosco Nsengimana, il pense que "la victoire finale reste possible". Même face à un bloc rwandais compact de quinze coureurs (trois sélections nationales de cinq concurrents chacune). L'an passé, il aurait pu monter sur le podium sans ses chutes et crevaison. Cette fois, il doit compter sur l'arrivée en côte de samedi, gratinée d'un passage pavé, pour combler une partie de son écart.

"Mais nous attendons surtout des victoires d'étapes. Pourquoi pas une ou deux de plus ?", estime Yves Beau.

La saison prochaine, Mekseb Debesay continuera de partager son temps entre l'Europe et l'Afrique. Le Team MTN-Qhubeka (futur Dimension Data) lui a fait, selon nos sources, quelques appels du pied. Son encadrement du moment veut le voir évoluer au niveau WorldTour. Mais plutôt en 2017, quand il aura parfait son expérience. A cette date, il pourra se hisser au niveau de ses glorieux compatriotes.

Crédit photo : Mjrka Boensch Bees - Tour du Rwanda
 

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