Tricherie : Que s'est-il vraiment passé à Zolder ?

La situation demeurait confuse ce samedi soir sur les Championnats du Monde de cyclo-cross, à Zolder (Belgique), où un responsable de l'UCI et le sélectionneur belge de la discipline laissaient entendre que la Belge Femke Van den Driessche 19 ans, aurait pu utiliser un système de triche mécanique. DirectVelo fait le point sur cette affaire grâce aux informations recueillies par ses envoyés spéciaux.

UN VELO SUSPECT

Vers 17h, l'Union Cycliste Internationale (UCI) annonce qu'elle « confirme qu’en vertu du Règlement UCI relatif à la fraude technologique une bicyclette a été conservée pour de plus amples examens suite aux contrôles effectués après l’épreuve Femmes moins de 23 ans des Championnats du Monde Cyclo-cross UCI 2016 ». Le bref communiqué n'emploie pas le mot « soupçons », immédiatement repris par de nombreux organes de presse, mais c'est tout comme, surtout que le terme « fraude technologique » est lâché...
A qui appartient ce vélo ? Le Directeur de la Fédération belge de cyclisme, Jos Smets, indique qu'il « s'agit d'un vélo de Femke Van den Driessche » l'une des favorites (voir son interview au départ). En revanche, le directeur ne semble pas affirmer que « l'UCI a constaté une fraude technologique », une phrase reprise par de nombreux médias et qui accrédite les accusations : on passerait ainsi d'un soupçon à un « constat », donc un fait avéré.

LE SILENCE DE L'UCI

A ce stade, l'UCI s'en tient à une position ambiguë. Elle n'a pas édité de nouveau communiqué de presse, en restant à la version d'une bicyclette « conservée pour de plus amples examens ». Quel est le résultat de cette analyse ? Pour l'heure il n'y a aucune position officielle des dirigeants de l'UCI. Mais un cadre s'est néanmoins exprimé, Peter Van Abeele Manager du cyclisme « Off Road » (BMX, VTT, cyclo-cross) au sein de la fédération internationale.
Ses propos tenus au micro de la chaîne publique flamande sont très clairs : « Pour l'UCI, c'est la première fois qu'une fraude technologique est constatée. » Cette fois, la tricherie serait établie. Mais la nature du stratagème employé n'est toujours pas dévoilée. Et l'UCI ne corrobore pas ces informations par voie officielle.

LE SELECTIONNEUR BELGE BOULEVERSE

Autre témoignage à charge, également recueilli par la télévision néerlandophone, celui du sélectionneur belge Rudy De Bie. « Je me sens vraiment mal, c'est un scandale, déclare-t-il. Je ne pensais pas qu'une telle chose pouvait arriver. » L'entraîneur national, qui a sommé Femke Van den Driessche de regagner son domicile, interroge : « A cet âge-là, qui est-ce qui la guide ? ».
Puis il conclut par des mots terribles : « Nous pensions avoir une jeune de talent, mais visiblement elle nous a tous trompés. Ma collaboration avec elle prend fin aujourd'hui. »

L'HYPOTHESE DU MOTEUR

Un reporter de la chaîne flamande avance ce soir que Femke Van den Driessche aurait utilisé un moteur. Les contrôleurs UCI auraient prélevé le vélo suspect à la fin du premier tour de circuit, un appareil de contrôle émettant un signal suspect. Puis ils auraient découvert des câbles en soulevant la selle.
Le journaliste enfonce le clou en parlant d'un pédalier difficile à enlever et qui aurait fait apparaître un moteur. Il donne comme source de ses révélations Freddy Van Steen, Responsable logistique de la Fédération belge. Des informations qui n'ont toujours pas été confirmées.

CE QUI BLOQUE TOUJOURS

Si Femke Van den Driessche a refusé de répondre aux médias, son père a démenti toute fraude technologique. Plus exactement, il soutient que le vélo suspect, appartient « à quelqu'un de son entourage, qui parfois s'entraîne avec ». Le père, qui semble attester de la présence d'un matériel atypique sur cette machine, tout comme le Manager Off Road de l'UCI ou le sélectionneur Rudy De Bie, affirme que « jamais le but n'a été que [sa fille] roule dessus ».
Cet élément entretient le flou et explique peut-être la lenteur de l'UCI à s'exprimer. Il semble en effet que ce vélo ait bel et bien été saisi au stand mécanique. S'il avait été utilisé pendant la course par Femke Van den Driessche, et s'il contenait bien un moteur ou tout autre moyen illicite, l'affaire serait sans doute largement terminée et il ne resterait plus de questions sans réponses.

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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