Nick Schultz : « J'ai appris à me battre »

Crédit photo James Startt - Agence Zoom

Crédit photo James Startt - Agence Zoom

Une victoire de prestige, en outsider. Nick Schultz, l'Australien formé en France, explique comment et pourquoi son succès vendredi sur le Tour de l'Avenir, dans l'étape Val d'Isère-Valmeinier (lire ici), reflète le vélo tel qu'il l'aime et maque le point d'aboutissement de son apprentissage chez les Espoirs.

DirectVelo : Est-ce que tu imaginais gagner une étape du Tour de l'Avenir il y a quatre ans, lorsque tu es arrivé dans l'inconnu, au CR4C Roanne ?
Nick Schultz : J'ai toujours eu l'idée dans un coin de ma tête, j'avais toujours vu des coureurs australiens briller sur cette épreuve, Michael Matthews, Luke Durbridge, Michael Hepburn... Mais je ne pensais pas que ça pourrait vraiment arriver. A l'époque, j'étais loin des meilleurs coureurs de mon âge. Il y a eu la génération des Caleb Ewan, des gars qui avaient un niveau au-dessus. Alors, quand je me suis retrouvé seul échappé dans la montée finale, je ne pouvais pas y croire. On m'avait dit qu'Adrien Costa revenait sur moi, il s'était même rapproché à 30 secondes. J'ai préféré ne pas me retourner, pour ne voir où il en était. Je me suis battu, battu... A 200 mètres de la ligne, j'ai compris que c'était bon. Mais il n'aurait pas fallu un mètre de plus !

Pour gravir les échelons, tu as d'abord du te tailler une place en Europe ?
Oui, et je ne comprenais rien quand je suis arrivé à Roanne. Je ne parlais pas la langue, je ne savais pas comment courir à la française. Heureusement, je suis tombé sur un club extraordinaire, avec des coureurs qui m'ont tout appris, des Thomas Girard ou des Jérôme Mainard. Si je n'étais pas passé par le CR4C Roanne, je ne suis pas sûr que j'en serais là où j'en suis.

« JE DETESTE COURIR ANONYME »

Ensuite, tu as dû te faire une place en Equipe d'Australie ?
J'ai dû gagner la confiance des dirigeants. En 2014, j'ai disputé quelques courses comme équipier. En 2015, j'ai remplacé des gars malades sur Liège-Bastigne-Liège Espoirs. J'étais en vacances avec des mecs de Roanne au moment du coup de fil, je n'avais pas touché au vélo, et il fallait attaquer dans une semaine. J'ai dit oui, parce que je voulais avoir l'occasion de faire mes preuves. Cette année, SEG Racing Academy m'a aussi aide à me faire davantage connaître et à progresser au niveau UCI grace a un beau calendrier de d'épreuves (j'en profite pour remercier le staff et les ciéquipiers pour les moments extraordinaires vécus ensemble).

Enfin, il a fallu trouver ta place comme coureur. Sais-tu dans quel registre tu évolues ?
Je pense être grimpeur, mais plutôt dans le style baroudeur. Contre la montre, j'ai progressé aussi. Mais, en résumé, je suis un attaquant, je fais en fonction des opportunités. Je me suis senti nul la veille de ma victoire, lâché dans le deuxième col de la journée. Comme si je faisais un entraînement avec un dossard. Courir anonyme, c'est tout ce que je déteste. J'aime l'attaque, toujours et encore. Ça remonte à mes débuts. Puisque j'avais des gars plus forts que moi dans ma génération, j'ai compensé avec le mental, j'ai construit mon propre chemin en Europe. J'ai appris à ma battre.

Que peut changer cette victoire au Tour de l'Avenir dans ta carrière ?
Je me suis fait plaisir et j'ai fait plaisir à des proches. Il était environ 22h quand j'ai gagné et des amis m'ont suivi sur internet, même ceux qui ne sont pas dans le vélo. Pour ce qui est d'un contrat pro, j'attends toujours. Le stage avec Orica-BikeExchange s'est bien passé. J'espère que quelqu'un me donnera ma chance en 2017.

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