Le starter doit sentir la course

Crédit photo DirectVelo.com

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Quand il parle des courses sur piste, il parle avec les gestes d'un coureur. Jérôme Lappartient est le starter des Championnats d'Europe sur piste Elites de Saint-Quentin-en-Yvelines, après avoir été celui des Jeux olympiques de Rio. "Pour être un bon starter, il faut sentir la course", insiste-t-il. Il détaille pour DirectVelo, le rôle de l'homme au pistolet sur les épreuves sur piste qui doit être un gars loyal honnête et droit.

DirectVelo : Quel est le rôle d'un starter sur la piste ?
Jérôme Lappartient : Il a deux rôle essentiels. Gérer les départs de toutes les épreuves et, éventuellement de les arrêter, et celui de signaler les arrivées. Donner le départ implique aussi de faire respecter l'horaire. J'ai toujours un oeil sur l'horaire, le programme. Dans le cas d'une course télévisée comme le Championnat d'Europe, je suis impliqué dans la réalisation pour donner le départ au bon moment. Parfois il faut attendre un peu et d'autres fois accélérer le mouvement.

Que fait le starter entre le départ et l'arrivée ?
Nous avons un rôle de surveillance générale de la course. Parmi nos prérogatives, nous pouvons arrêter un match de vitesse en cas de faute d'un concurrent. En revanche, s'il y a une faute dans la dernière ligne droite, je ne dis rien. C'est au juge à l'arrivée de décider du résultat.

Sur les courses en peloton tu as un rôle très important...
Le starter doit désigner la tête de la course, c'est là où se marquent les points sur les classements. Tous les autres commissaires me suivent, le compte-tours, le juge à l'arrivée. Dans la nouvelle course tempo de l'Omnium, il y a un coordinateur qui décide de la tête de la course. J'attend ses consignes.

RIGUEUR CONCENTRATION CONSTANCE

Quelles sont les qualités requises pour être un bon starter ?
Il faut être rigoureux, concentré. Nous n'avons pas de latitude par rapport au règlement mais ensuite, il y a toujours une interprétation possible des textes mais ce n'est plus le rôle du starter. Si j'annonce un faux-départ, comme dans la finale des Jeux olympiques de Rio, c'est ensuite au Président du jury de confirmer ou de prendre une autre décision.

Il y a d'autres qualités à avoir ?
Le starter doit être constant et ferme dans ses décisions, dans sa façon de juger. Il faut  avoir le souci de perfection. Quand nous sommes deux starters, sur les courses en opposition, comme la poursuite, nous devons nous parler en amont. Il faut beaucoup de dialogue entre les arbitres.
Enfin, le starter doit être intéressé par la course pour bien suivre son déroulement.

C'est à dire ?
Il faut sentir la course, regarder les visages, voir qui va rentrer pour tout de suite faire basculer la tête de la course. Connaître les coureurs en vitesse par exemple, savoir qui a tendance à faire du surplace, permet de ne pas être surpris. Il faut toujours anticiper et comprendre ce qu'il se passe.

A L'OEIL NU

Pour les départs avec une boîte, as-tu des aides électroniques comme en athlétisme, pour décider un faux-départ ?
Non, tout se fait à l'oeil nu. Je dois arrêter la course si un coureur part avant le zéro. La limite humaine c'est 1 ou 2/10e de seconde. Avant d'être un bon starter, il faut en "bouffer" des départs!

Les changements de règlement sur le keirin, la vitesse par équipes vont-ils faciliter la tâche du starter ?
Avec les collègues arbitres, nous nous sommes imaginés toutes les situations possibles et imaginables. Au kerin, on a vu avec les filles que l'interdiction de prendre la première place au premier tour rend la course moins tendue. Mais je m'attends à plus de bagarre derrière le derny chez les hommes. Ce sera également à nous de juger du côté intentionnel des chutes.

L'outil du starter, c'est le pistolet. Quand tu étais enfant, tu aimais jouer au pistolet ?
Non et la première fois, je n'étais pas à l'aise avec cette arme. C'est un vrai pistolet qui tire à des balles à blanc et parfois, la poudre ne part pas.

TIRER AU BON MOMENT

Le coup de pistolet est important pour les coureurs ?
Il faut le donner au bon moment. Par exemple pour le keirin, si on donne le départ trop vite par rapport à l'arrivée du derny, les coureurs se mélangent avec l'engin. Il vaut mieux le donner un peu plus tard, comme cela les coureurs sont bien en ligne quand le premier rejoint le derny. Le coup de pistolet est aussi important pour l'Elimination où il y a beaucoup de tension à cause de l'importance du placement dès le départ. S'il y a une chute, il permet de prévenir tout de suite tous les coureurs. Le pistolet est un outil de compréhension pour les coureurs et le public, comme les drapeaux et la cloche du dernier tour.

Quelles sont tes rapports avec les coureurs et les équipes ?
La constance et la recherche de la perfection doivent aider pour prendre une décision juste qui ne souffre aucune contestation. Comme sur tous les postes d'arbitrage, il faut beaucoup d'humilité et de respect par rapport aux coureurs et aux équipes.

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