Topcompétition : Stop ou encore ?

Crédit photo Edith Lebleu

Crédit photo Edith Lebleu

Tom Boonen et Gert Steegmans, premiers vainqueurs de la Topcompétition, avaient bien lancé le Challenge de la fédération belge. Mais depuis, Nicolas Vereecken, Rob Leemans et Arjen Livyns, trois des derniers lauréats, n'ont pas vu leur carrière décoller après leur victoire. Pire, les deux premiers ont interrompu leur carrière, tandis que le vainqueur 2017 cherche encore une équipe pour l'an prochain. La Topcompétition souffre alors que son objectif premier est d'ouvrir les portes d'une carrière professionnelle.

DirectVelo s'est penché sur la situation de ce trophée et a interrogé toutes les parties prenantes : coureurs, équipes, organisateurs et la fédération belge.

Nous vous proposons un dossier en trois volets sur l'état de santé et les perspectives du challenge : le calendrier, la nouvelle formule et les retombées de la Topcompétition avec à chaque fois une question : comment relancer la Topcompétition? Dernier sujet de discussion : Quel avenir pour la Topcompétition ?

« ARRÊTER LES FRAIS »

Calendrier rongé, intérêt en berne, que faut-il faire pour relancer ce challenge de régularité ? Les idées ne manquent pas parmi nos interlocuteurs. Pascal Pieterarens (T.Palm) est radical : "il faut arrêter les frais" et arrêter le concept. Avis partagé par Wim Feys (EFC-L&R-Vulsteke): "peu d'équipes ont encore envie de s'investir dans ce projet vu le calendrier et l'absence de lutte sportive. Peut-être qu'il serait mieux de se concentrer sur les épreuves en elles-mêmes sans pour autant organiser un classement de la régularité" et "que la Fédération fasse un effort pour les soutenir financièrement", complète Christophe Detilloux.

Christophe Brandt (WB-Veranclassic-Aqua Protect) ajoute: "des classements de la régularité, il y en a, à commencer par le Challenge DirectVelo Belgique." En tout cas, Christophe Detilloux met en garde. "En 2018, on perd deux épreuves. J'entends que la Flèche Ardennaise pense à se retirer aussi. Si on perd une des deux grosses courses qui restent (avec l'Omloop Het Nieuwsblad Espoirs), cela ne rime vraiment plus à rien." D'ailleurs, l'équipe Continental Tarteletto-Isorex a d'ores et déjà décidé de ne pas prendre part à la Topcompétition 2018 jugeant que le règlement était trop contraignant: "le calendrier international est suffisamment large. Je n'ai pas besoin de ces 5-6 jours pour avoir un calendrier. J'en suis déjà à 155 jours de course pour 2018. De plus, avoir 12 coureurs belges de 25 ans est très contraignant."

RAJOUTER LES BELLES EPREUVES ESPOIRS

Pour donner plus de "cachet" à ce challenge, Christophe Detilloux et d'autres collègues aimeraient voir des épreuves de renom comme Liège-Bastogne-Liège Espoirs, le Triptyque des Monts et Châteaux ou Dwars door de Vlaamse Ardennen intégrer le calendrier. "Ce sont trois des plus belles épreuves du calendrier Espoirs en Belgique. Elles ne sont pas dedans. Je trouve cela dommage", peste le directeur sportif Christophe Detilloux. "Au fur et à mesure des années, nous avons perdu nos classiques comme la Kattekoers qui est devenue une Coupe des Nations. Dwars door de Vlaamse Ardennen a d'autres ambitions, mais c'est directement la Topcompétition qui trinque", regrette le directeur sportif Rudy Vandenheede.

Les directeurs sportifs regrettent à l'unanimité le manque de valorisation de la Topcompétition. Frank Uytterhoven est favorable à l'instauration d'une grosse prime financière pour les trois premiers du classement général. "Ce serait déjà une étape en soi à condition que le vainqueur soit au départ de 90% des épreuves, précise Rudy Van den Heede.

UN CONTRAT AU VAINQUEUR

Depuis cinq ans, la Fédération prend en charge les coûts de l'équipe Motomediateam, une société de production qui propose des résumés de 10-15 minutes de chaque manche. Malgré cela, l'initiative ne va pas assez loin.  "Pour aller jusqu'au bout de la logique, il faudrait envoyer ces résumés sur les chaines nationales afin de donner de la visibilité aux classes 2", complète l'organisateur Laurent Haegemann. L'organisateur du Mémorial Van Coningsloo, Frank Uytterhoven va dans le même sens. "Depuis deux ans, nous diffusons la course en intégralité sur un écran géant et en livestream sur Internet. Nous avons réussi cela grâce au soutien de nos sponsors. Mais selon moi, ce dispositif doit être mis en place pour toutes les courses par la Fédération."

L'idée la plus récurrente pour relancer cette compétition est l'obtention d'un contrat professionnel pour le vainqueur, comme aux Pays-Bas où le lauréat de la Topcompetitie passe automatiquement dans les rangs de la formation Conti Pro Roompot Nederlandse Loterij. Si tous les directeurs sportifs semblent favorables à l'idée, le directeur de Belgian Cycling Jos Smets tient à rappeler certains éléments. "Aux Pays-Bas, la Topcompétition fonctionne en dehors de la fédération. De plus, dans notre pays, la situation est plus complexe avec le problème linguistique. Nous ne pouvons pas imposer cette mesure à une équipe. Il faut qu'une formation prenne cette initative d'elle-même".

UNE TOPCOMPETITION DU BENELUX

Jos Smets, mécontent de la situation depuis plusieurs saisons, a imaginé un projet novateur : une Coupe des Nations réduite au niveau du Benelux. "Mon objectif est de rassembler nos pays limitrophes autour de la table et de proposer un challenge pour les coureurs de moins de 23 ans. Une sorte de mini-Coupe des Nations. Malheureusement, pour le moment, cela reste bloqué à un échange de mails. L'an prochain, je délègue une partie de mes fonctions à Frederic Broché. Je pourrai dégager plus de temps pour directement rencontrer les différentes fédérations et essayer de monter un projet commun."

Un autre point sur lequel le directeur de Belgian Cycling Jos Smets veut travailler est l'instauration d'un quota similaire aux équipes Continentales. "Dans ces équipes, la limite est fixée à 16 coureurs. Pourquoi ne pas faire la même chose chez les Espoirs?  Ce serait ainsi une manière de répartir les coureurs dans plusieurs équipes et avoir un peloton Espoirs plus conséquent. Il y a des jeunes dont on n'entend jamais parler parce qu'ils n'ont pas un programme assez étoffé. Il est temps que cela change."


Lisez les autres articles du dossier Topcompétition :
Topcompétition : Calendrier peau de chagrin
La chute du projet Topcompétition

Mots-clés