Tour de l'Avenir : Qui va prendre ses responsabilités ?

La montagne n'a pas encore commencé et, déjà, les équipes de favoris sur le Tour de l'Avenir se regardent en chien de faïence. Aucune ne semble décidée à user ses troupes dès l'étape de mercredi, entre Saint-Vulbas et le Plateau de Solaison, en Haute-Savoie. Peut-être par crainte d'un parcours qui se durcira encore par la suite, avec trois autres arrivées au sommet les trois derniers jours.
 
Les Français, Belges, Italiens voire Australiens, cités comme les plus à mêmes de s'imposer au classement final, ne sont pas disposés à cadenasser la course dès la première journée dans le relief des Alpes.
 
Dans tous les cas, la charge du peloton n'incombera plus aux Danois. "On s'attend à perdre le maillot jaune [d'Asbjorn Kragh Andersen], parce que nous n'avons strictement aucun grimpeur dans l'effectif", prévient Morten Benekou. L'entraîneur national a carrément laissé à la maison quelques outsiders pour les cols, afin d'offrir à ses rouleurs, puncheurs et sprinters un entraînement de luxe en vue des Championnats du Monde. Cependant, au nom de cette préparation, l'équipe danoise pourrait encore mener une dernière fois le peloton, jusqu'au pied du Plateau de Solaison.
 
Les Australiens ? "C'est la première fois que nous visons le classement général", rappelle le coach, James Victor. Ainsi, Robert Power et Jack Haig ont été protégés sur les trois premières étapes et les « Cyclones » ont délibérément laissé filer dimanche le maillot jaune que Campbell Flakemore s'était octroyé lors du prologue. 
 
Sur cette première étape, l'Australie avait surpris le reste du peloton en laissant l'écart sur trois échappés monter à plus de sept minutes. Personne n'avait vraiment voulu relayer – la Belgique, la Pologne et la France ont dépêché entre un et deux coureurs. Les Espagnols ont décliné de coopérer, ce qui éveille chez leurs adversaire le souvenir de leur attaque surprise qui avait permis la victoire de Ruben Fernandez en 2013. Même refus des Italiens, qui sont en effet rarement pressés de conduire le peloton, même quand ils ont le maillot de leader dans leurs rangs - ils avaient abandonné cette tâche à d'autres nations sur la course Terre de Toscane 2012, remportée par Fabio Aru...
 
L'incident survenu sur la première journée en ligne a valeur d'alerte. Les Belges se préparent une nouvelle fois à être sollicités. "Dimanche, plusieurs équipes sont venues nous voir et nous ont demandé d'assumer seuls la poursuite", regrette Louis Vervaeke, le néo-professionnel de Lotto-Belisol, désigné comme l'homme à battre. 
 
"Il y a d'autres nations favorites, tempère l'entraîneur des Belges, Jean-Pierre Dubois. Louis a certes gagné la Ronde de l'Isard et le Tour des Pays de Savoie, mais le niveau sur le Tour de l'Avenir est davantage relevé. D'autres sont capables de gagner : la France (avec Latour, voire Maison), l'Italie (avec Filossi), l'Espagne, peut-être la Russie (avec Foliforov, même s'il dit qu'il n'est pas très bien)... Et que dire des Colombiens, qui n'ont pas de références connues ?"
Côté français, Pierre Yves Chatelon affirme qu'il est "prêt, s'il le faut, à faire rouler l'équipe avant le pied du Plateau de Solaison".
 
La position des autres "grandes" nations n'est pas encore connue de DirectVelo.
 
"Si personne ne joue le jeu, la situation peut devenir très chaotique, analyse Jean-Jacques Henry, l'entraîneur du Centre Mondial du Cyclisme. Une équipe en mesure de gagner a le devoir de placer des coureurs en tête de peloton. Sinon, elle ne recevra jamais de renfort par la suite, le jour où elle obtiendra un résultat."

Crédit photo : Alexanne Bonnier

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