Grâce à Yohann Proust, Matthias Brändle va rouler français

Jeudi, Matthias Brändle va tenter de battre le record de l'heure sur le vélodrome d'Aigle. Pendant une heure il va essayer de faire tourner le plus vite possible un petit bout de technologie française. Petit, mais de pointe et très important puisqu'il devra la qualité de ses roulements à un coureur amateur français, Yohann Proust. À en croire cette vidéo, ses roulements à billes de céramique ont réinventé le mouvement perpétuel, au grand désespoir du bras du mécano de IAM.

En effet, le coureur du CM Aubervilliers 93-BigMat fournit à l'équipe suisse les roulements de sa marque CyclingCeramic. Il a créé son entreprise en 2012, dans le but de se libérer du temps pour pouvoir s'entraîner. "J'ai obtenu mon BTS en informatique de gestion. Mais dans l'informatique, il n'y a pas de mi-temps. Donc soit je travaillais dans ce domaine et je disais adieu au vélo, soit je créais ma boîte et je faisais du vélo à côté", explique-t-il à DirectVelo.com.

Créer son entreprise c'est bien beau mais encore faut-il trouver une idée porteuse. Cette idée, c'est son ami Kilian Patour qui va la rendre évidente. "A l'époque j'avais monté mes roues Zipp avec des billes de céramique. Je les ai montrées à Kilian qui m'a dit qu'elles tournaient mieux que les siennes chez Garmin." Ironie de l'histoire, CyclingCeramic fournit aujourd'hui l'équpe Garmin. L'ancien Champion de France Espoirs ne s'arrête pas là. "Il m'a dit qu'il y avait un marché pour les roulements à billes de céramique car ils étaient dur à trouver et ils étaient soit hors de prix, soit de mauvaise qualité." Il y a donc un terreau fertile pour la jeune pousse basé à Tours.

Dès le début Yohann Proust tient à proposer ses roulements (boites de pédalier, moyeux, galets de dérailleur) manufacturés en France. Il achète des billes de céramique mais leur traitement est fait sur Tours, les galets et les boîtes de pédaliers sont fabriqués dans le Centre-Ouest de la France. "Pour être de qualité, nous polissons nos billes pendant 45 jours", explique le rouleur du CM Auberviliers. Grâce à ce premier traitement, elles sont 33 fois plus roulantes qu'une bille acier. Puis grâce à l'alliage mis au point, le coefficient de friction est divisé par 5.

Avant d'être vendus, ses produits sont testés par des équipes du WorldTour. Mais, le premier essayeur, c'est bien lui. "J'ai eu le déclic sur le Chrono Châtelleraudais en 2012", analyse-t-il. Cette année-là, il se classe 5e mais surtout il améliore son temps d'une minute par rapport à 2011. "Les roulements ne sont pas la seule raison de cette amélioration mais ils m'ont bien fait gagner 30"."

Yohann Proust aime l'effort du chrono, "seul face à moi-même". Il s'entraîne régulièrement sur son vélo de contre-la-montre. Un Scott, offert par la marque pour la qualité de son travail et pour les victoires qu'attribue la marque de cycles aux roulements tourangeaux. "Chez Scott, ils travaillent beaucoup sur le contre-la-montre et pas seulement sur le vélo lui-même. Ils travaillent sur le casque, les couvre-chaussures. Ils ont montré que des couvre-chaussures en lycra avaient un effet négatif par exemple. Tout cela explique les gains en contre-la-montre.'"

Cette saison, c'est encore sur les contre-la-montre qu'il a récolté ses meilleurs résultats. Le coureur d'Auber s'est classé 9e du Chrono Châtelleraudais et 11e du Chrono de Tauxigny en fin de saison. Et le jour du Championnat de France de contre-la-montre son matériel a participé aux maillots tricolores de Sylvain Chavanel (IAM Cycling) et Romain Bacon (Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin). "Romain Bacon m'a dit qu'il ne pouvait plus se passer de mes roulements", avoue le coureur de 24 ans.

Le reste de sa saison fut plus difficile.Tombé trois fois malade, il a dû attendre le mois de juillet pour être guéri. "J'ai eu du mal à me remettre en route'", reconnaît-il. De plus, son entreprise, lui prend du temps, alors qu'il l'avait créée pour se rendre disponible pour le vélo. Cette saison au CM Aubervilliers 93-BigMat, il a aussi pu profiter des conseils de son directeur sportif Yves Prévost, travailleur indépendant qui lui "a donné de bons conseils." Comme sur un contre-la-montre, il court après le temps. "J'ai du mal à faire les deux. Ces dernières semaines, je ne pouvais rouler que 2 heures par semaine mais c'est là que je prenais du plaisir sur le vélo." La saison prochaine, il portera toujours les couleurs d'Auber.

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

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