Le Tour de l'Avenir 2015 était impitoyable. "Chaque jour, un favori est victime d'une défaillance, résumait Laurens De Plus samedi matin, au départ de la 7e et dernière étape. Pour ce dernier jour, ça peut être Marc Soler (le maillot jaune)... ou moi". Des propos prémonitoires puisque le leader de l'Equipe nationale de Belgique, alors 2e au classement général, allait craquer sur les 93 km entre Saint-Michel de Maurienne et les Bottières (Savoie).

Fausse alerte dans le Mollard, premier col, lorsque De Plus pointait à l'arrière du peloton, alors que celui-ci menaçait de rompre. Au sommet, il bascule au contact des favoris, à la poursuite du Colombien Sebastian Henao. Dans la montée suivante, la Croix de Fer, il perd 200 mètres sur Soler mais recolle dans la descente. Le sélectionneur des Belges, Jean-Pierre Dubois, ne peut que constater : "Laurens n'est pas dans un grand jour". Les Lacets de Montvernier donnent le coup de grâce, à 20 km de l'arrivée. Vide de forces, De Plus est rejoint puis distancé par Guillaume Martin, le Français maillot à pois.

Aux Bottières, le grimpeur de bientôt 20 ans termine 5'23'' derrière le Russe Matvei Mamykin et passe à la 8e position du classement général (voir classement).

« SEUL, EN LUTTE AVEC MOI-MEME »

"Je suis désolé de ne pas garder ma place sur le podium, dit-il. Pour moi, pour mes coéquipiers, pour mon pays que je représente."

Cette ultime étape a consumé les organismes. "J'ai cru mourir !", lâche Soler, qui conserve son maillot jaune (voir réactions). "Nous étions un par un, comme sur une cyclo ou sur un ironman !", résume Guillaume Martin, élu « supercombatif » de l'épreuve (voir vidéo).

"J'ai pris un coup au moral dans les Lacets de Montvernier, raconte De Plus à DirectVelo.com. Dans l'ascension vers les Bottières, j'étais seul, en lutte avec moi-même."

Visage fermé, le coureur de Ninove essayait de prendre du recul dès l'arrivée : "C'est confirmé, il y a eu une défaillance par jour (la veille, Martin et l'Autrichien Mühlberger, héros de l'étape précédente, avaient été distancés sur les hauteurs de Cluses). La dernière montée a été tellement longue que j'ai eu le temps de me repasser tout le film de la saison."

« IL Y A DES CHOSES PLUS GRAVES »

La pellicule contient des places d'honneur sur des épreuves de référence chez les Espoirs : 2e de la Ronde de l'Isard et du Tour du Val d'Aoste, 4e de la Course de la Paix et de la Coppa dei Laghi (la manche italienne de la Coupe des Nations), 6e du Tour Alsace... Et de nouveau dans le Top 10, tout de même sur le Tour de l'Avenir.

"Laurens a démontré cette saison qu'il avait les qualités d'un leader, son accident sur la dernière étape ne change rien à son potentiel", souligne Jean-Pierre Dubois. Mais cette ascension rapide, un an après avoir soutenu ses leaders Louis Vervaeke ou Tiesj Benoot, dans l'ombre, n'empêche pas que De Plus "doit continuer à apprendre» comme il le reconnaît, «y-compris dans la défaite".

"J'ai aussi eu une grosse pensée pour mon ami Igor Decraene, confie Laurens De Plus. Dimanche, ça fera un an jour pour jour qu'il nous a quittés (voir ici). Il y a des choses plus graves qu'une contre-performance dans une course de vélo...".

Le coureur de Lotto-Soudal U23, qui figure dans la pré-sélection des Championnats du Monde parmi douze noms, devrait reprendre la compétition sur le Tour de Moselle. Il se consacrera ensuite à la préparation de sa première saison chez les professionnels d'Etixx-Quick Step.

Crédit photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com