Michel Callot : « La réforme des activités est devant nous »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

DirectVelo souhaitait interroger les deux candidats à la présidence de la FFC sur leur programme dans un souci d’équité. Mais l’un des deux candidats, Teodoro Bartuccio, après nous avoir répondu à deux reprises (lire ici et lire ici), n’a cette fois pas souhaité revenir en détails, à travers un entretien, sur différents points de son programme désormais public depuis samedi dernier. “Je suis un homme de terrain, je voulais qu’il y ait un débat pour exposer mes idées et ça n’a pas été possible malheureusement”, affirme-t-il à DirectVelo. Il n’y aura donc qu’une seule interview de candidat sur son programme à deux jours du début du scrutin (lire ici), celle du président sortant, Michel Callot.

DirectVelo : Pour commencer, un communiqué signé par “la fédé pour tous” de lundi vous reproche le versement de 1 800 euros aux clubs avec des salariés. Quel est le motif de cette prime et quelle est la source de ce financement ?
Michel Callot : C'est un dispositif piloté par la DTN. Depuis plusieurs années, on a mis en place une enveloppe annuelle, avec l'argent de la FFC, qui aide les clubs qui rentrent dans le salariat avec l'aide de l'ANS. C'est une aide de 1500 euros. Cette année, l'enveloppe n'a pas été totalement consommée, alors la DTN a proposé d'augmenter la prime pour donner un coup de pouce à ces clubs dont certains sont en fin de dispositif d'aide de l'ANS.

D'une manière plus générale, y'a-t-il pour vous les clubs dans la voie de la professionnalisation et les autres ?
Il faut partir de la taille de nos clubs, 43 licenciés environ, ce qui est faible par rapport aux autres fédérations. Pour des clubs de petites tailles, c'est plus difficile de se professionnaliser. Il faut donner des outils pour que de plus en plus de clubs se tournent vers la professionnalisation tout en respectant le projet des clubs. De plus en plus de clubs vont dans cette direction et augmentent leur capacité d'accueil.

« NOUS AVONS FAIT UN NOMBRE INVRAISEMBLABLE DE RELANCES »

La méthode d'inscription pour le scrutin était-elle bien expliquée pour les personnes qui ne maîtrisent pas l'informatique ?
Nous avons fait un nombre invraisemblable de relances, on pouvait difficilement faire plus. Dans la dernière phase de la procédure, on envoyait des mails au président, au trésorier, au secrétaire des clubs pour être sûr de toucher une personne. C'est pour limiter les effets des blocages techniques qu'on étend les votes sur plusieurs jours pour le cas où une personne bloquée puisse trouver une aide. Nous avons pris toutes les précautions possibles pour que personne ne reste bloqué. Il n'y avait pas d'autres solutions que le vote électronique pour faire voter tous ceux qui ne peuvent venir à Saint-Quentin. D'autres fédérations avec moins de clubs que nous comme le rugby (1973 clubs pour le rugby, 2295 pour la FFC en 2023, NDLR) ont également choisi le vote à distance.

Vous souhaitez élargir le contrat de délégation avec le paracyclisme. Est-ce que la Fédération française handisport (FFH) va laisser partir le vélo ?
C'est une question complexe. Nous voulons engager les discussions avec l'Agence Nationale du Sport (ANS) et la FFH pour le faire de manière élégante. Nous voulons le faire en connaissance de cause des intentions de l'ANS. On pense qu'on peut mutualiser beaucoup de compétences. Il y a aussi la question de l'inclusion dans nos clubs. De nombreux paracyclistes sont dans nos clubs et le paracyclisme aurait à gagner que davantage de clubs FFC soient compétents dans cette discipline et lui apportent du développement. Nous ne disons pas à la FFH qu'on sera plus performants qu'eux.

La DTN a-t-elle les moyens de s'en occuper ?
Dans les discussions, il y a les transferts de moyens pour le haut-niveau. Nous ne voulons pas récupérer le paracyclisme parce que ça brille mais nous appuyer sur le réseau des clubs de la FFC pour booster le paracyclisme.

« IL FAUT METTRE DE L’ANIMATION HUMAINE »

Les comités régionaux sont-ils un obstacle dans le lien avec les clubs ?
Certainement pas ! On a tout intérêt à ce que les comités régionaux et aussi les comités départementaux, notamment dans les grandes régions, soient le relais d'activation de proximité des clubs. Il y a des régions où on y arrive bien et qui mettent en place plus facilement le développement. Nous voulons désigner un élu du Bureau exécutif chargé de l'animation territoriale. Il fera d'abord un diagnostic dans les comités régionaux pour connaître quels sont les moyens pour porter les projets de développement afin de rationaliser nos actions. La FFC doit être efficiente dans ses actions et respecter les projets territoriaux. La cible, ce sont les clubs pour qu'il y ait plus de moyens des comités régionaux vers les clubs. Aujourd'hui nous fonctionnons par convention avec les comités. Il faut mettre de l'animation humaine là-dedans. 

Dans une réunion récente du Bureau exécutif, le trésorier de la FFC Gilles Da Costa notait le défaut de compréhension des règles de certains comités. Est-ce que ça vient de la FFC qui ne sait pas transmettre les infos réglementaires, ou des comités ?
Un peu des deux, ça vient de l'émetteur et du récepteur. On est conscient qu'il faut qu'on s'améliore par rapport à la communication d'aujourd'hui. On demande à nos comités d'être vigilants par rapport aux infos qu'ils reçoivent et qu'ils diffusent.

Le site internet n'est-il pas adapté pour informer les comités ? Par exemple, vous voulez faire connaître le guide des organisations, alors qu'il existe déjà sur le site. N'est-ce pas la preuve que ce site internet n'est pas d'un accès facile ?
Le site internet fait partie des choses à améliorer. Quand on sort tous les supports des bilans de nos actions, on voit qu'ils ne sont pas connus. Si on se met à la place du club, il ne va pas chercher quelque chose dont il ne connaît pas l'existence. Il faut faire savoir que ces outils existent.

Vous parlez de tutoriels pour aider les clubs, pourquoi ne pas les avoir faits avant ?
Beaucoup existent déjà mais ils sont méconnus. Il faut d'abord faire connaître ceux qui existent. Des freins existent dans la création d'un premier emploi, d'un service civique, qui pourraient être levés s'il y avait des guides plus didactiques pour les clubs.

« ENTRETENIR L’INFLUENCE DE LA FRANCE »

Quelle place donnez-vous au Conseil Fédéral dans la gouvernance et comment lutter contre l'absentéisme qui y règne ?
Quand vous regardez l'absentéisme, il y en a peu chez les présidents de comités régionaux. Quand ils viennent à la réunion, ils sont concernés, avec la connaissance des dossiers et des choses à dire. L'absentéisme, on le retrouve chez ceux qui ne font pas l'effort de s'approprier les documents, vous subissez la réunion. On a besoin d'élus qui s'intéressent de façon transversale aux sujets de la FFC. Le Conseil fédéral exerce son pouvoir de surveillance et législatif. On ne peut pas le faire à leur place. Il faut de la curiosité pour les choses de la FFC. 

Vous voulez assurer la présence de la FFC dans les instances internationales. Qu'est-ce que ça change de ne pas être au comité directeur de l'UEC, par exemple ?
L'UEC, c'est un problème d'équilibre. L'Europe pèse tellement lourd dans le cyclisme qu'il faut équilibrer entre les comités directeurs de l'UCI et l'UEC. Mais on peut aussi être influent par les commissions, les organisations de compétitions internationales… C'est tout ça, l'influence. Ce sont aussi les contacts avec les autres présidents de fédération. Il faut entretenir l'influence de la France. Mon ambition, c'est que notre fédération ne la perde pas sur la durée.

Vous êtes élu au Conseil du cyclisme professionnel et au comité directeur de l'UCI. Dans ces instances, qu'est-ce que vous avez proposé et qui a eu une répercussion sur le cyclisme français ?
Il y a deux grands éléments. Quand on assiste aux réunions du comité directeur, on peut réagir sur la réglementation, on peut être acteur de la prise de décision. On peut pousser des sujets pour que l'UCI s'en empare. J'ai alerté, avec d'autres grandes fédérations, sur les problèmes de nourrir toutes les grandes compétitions internationales dans toutes les disciplines avec des qualifications aux quatre coins du monde. Parmi les avancées que j'ai portées, il y a les indemnités pour participer au relais mixte du Championnat du Monde. Dernièrement, j'ai demandé à l'UCI d'aménager le règlement sur les équipes mixtes pour ne pas bloquer les réserves Juniors d'équipes françaises et l'UCI devrait proposer un principe moins bloquant pour ces équipes. C'est un exemple où, si on n'est pas présent dans l'instance, on ne peut pas faire remonter le problème. Il y a aussi plusieurs petites questions sur le calendrier et c'est plus simple de convaincre les acteurs du cyclisme. 

« QUAND JE SUIS ARRIVÉ, LE SERVICE DÉVELOPPEMENT DE LA DTN N’EXISTAIT PAS »

Pour l'outre-mer, vous souhaitez une réglementation adaptée. Dans quel domaine ?
On a une difficulté dans nos réglementations qui sont très homogènes. Déjà, dans la réforme des licences, on a essayé d'introduire de la souplesse par région. Les comités d'outre-mer ont des spécificités et il faut voir comment on peut donner une souplesse suffisante à nos règles dans ces comités où il y a des fragilités qu'on n'a pas en Métropole, avec l'arrivée de coureurs sud-américains. Il faut faire des efforts pour se concentrer sur la formation des jeunes.

Vous dites vouloir aussi réorganiser certaines missions des cadres techniques en direction des comités régionaux. Des cadres techniques ont été attribués à Saint-Quentin, ces dernières années, au détriment des comités ?
Je ne dirais pas au détriment. Quand je suis arrivé il y a huit ans, le service développement de la DTN n'existait pas. Pour moi, c'était indispensable d'en construire un. Mécaniquement, ça a fait remonter des cadres vers le niveau fédéral et ils ont fait un très bon travail et maintenant, c'est aux clubs de s'emparer du travail de ces cadres. On a besoin d'avoir plus de monde sur le terrain pour accompagner. Nous sommes passés de 41 à 47 cadres techniques en huit ans, ce n'est pas le cas de toutes les fédérations. 

« BOUGER LES ÂGES AVEC LA RÉFORME DES ACTIVITÉS »

Pour le projet sportif, vous voulez adapter l'intervention fédérale à l'évolution du cyclisme sur route et au rajeunissement de l'entrée chez les pros. Qu'est-ce que ça veut dire ?
C'est un problème majeur par rapport au cyclisme sur route de haut-niveau. Ce rajeunissement est une évolution, on peut ne pas y adhérer mais on doit s'adapter. Le premier point c'est de tirer vers le haut-niveau, avec les Conti fédérales, pour que les coureurs de quelques-unes de nos structures fédérales puissent entrer en concurrence avec des Conti étrangères, tout en restant dans un double projet. La seconde question concerne le plus grand nombre des structures. Comment maintenir un intérêt pour nos clubs de haut-niveau, les clubs de National, et qu'ils continuent de faire passer pro des coureurs ? Pour qu'ils ne perdent pas cette vocation, il faut bouger les âges avec la réforme des activités. Si je suis en poste, il y aura une concertation au début de 2025 avec nos structures pour trouver un consensus pour donner du sens à leur projet et c’est ce sens qui leur permet de trouver du financement de partenaires privés et publics.

Vous parlez aussi d'un calendrier national équilibré. Il ne l'est pas ?
Il l'est dans son volume. Le calendrier fédéral est constant mais quand on veut organiser une Coupe de France, on a du mal à trouver une répartition géographique homogène. Cet équilibre a un lien avec la réforme de l'activité. Il y a besoin de faire le calendrier en fonction de la demande et d'un besoin pour la formation des coureurs et l'activité des clubs. C'est déterminant pour l'avenir du cyclisme sur route. 

« ON NE PEUT PAS TOUT ACCOMPAGNER DE LA MÊME MANIÈRE »

Vous parlez du sprint dans votre programme. Que va devenir le pôle ?
Le pôle olympique reste à Saint-Quentin, c'est le montage économique autour de Saint-Quentin qui le demande. Mais le fonctionnement peut différer. Il faut équilibrer la partie obligatoire du parcours à Saint-Quentin et le reste qui serait libre. Florian Rousseau est au travail sur ce sujet. Si je suis en poste en 2025, on se servira de ce travail sur le schéma d'organisation.

Vous parlez aussi d'espace de paroles, est-ce qu'aujourd'hui les coureurs peuvent parler sans crainte de représailles ?
Ils ne me donnent pas l'impression d’avoir peur quand je vois certaines interviews. Se parler, ça fait partie de la performance. En 2017, la FFC avait été convoquée par le ministère sur le problème de la piste. Il y a peut-être un effet de cloisonnement à Saint-Quentin, la prise de parole fait partie de la manière d'être de cette génération de coureurs. On ne s'est peut-être pas adapté assez vite à ce changement de génération.

La France est 1ère du classement de l'UEC pour les Championnats et Coupe d'Europe (lire ici). La FFC va-t-elle chercher à rester polyvalente ou se recentrer sur certaines disciplines ?
C'est un exercice complexe et aussi budgétaire. Pour les disciplines olympiques, c'est le premier domaine où l'ANS nous soutient. L'agence nous dit "faites vos choix". On ne peut pas tout accompagner de la même manière. Il faut graduer nos efforts en fonction de paramètres plus objectifs. On peut avoir nos propres critères pour des disciplines qui font des efforts pour augmenter leurs licenciés, les attirer dans les clubs, pour nous dire de manière rationnelle où mettre nos moyens, tout en faisant en sorte que toutes les disciplines brillent. Surtout que dorénavant, tous les quatre ans, il y a le Championnat du Monde de l'UCI. 

« RÉFORMER NOS FORMATS POUR ATTIRER PLUS DE MONDE SUR NOS COMPÉTITIONS »

Vous parlez de création de formats de course, mais quel bilan faites-vous des formats déjà créés comme les courses handicaps et les contre-la-montre pour tous ?
C'est un bilan mitigé, on n'est pas allé assez loin, on n'a pas assez tutoré, d'où l'intérêt de tutoriels. Cette création de formats est le pendant de la réforme de l'activité, il faut réformer nos formats pour attirer plus de monde sur nos compétitions. C'est encore plus nécessaire dans certaines régions pour rationaliser les moyens. Il faut écouter l'imagination des clubs. Pour qu'un format s'installe, il faut que ça prenne.

Dans le plan de modernisation de la route et la réforme de l'activité, vous parlez de brassage de catégories. Va-t-on vers un seul peloton qui regrouperait plusieurs catégories ?
Je n'ai pas envie de mettre de limites. On ouvre le champ des possibles aux expérimentations des clubs et des comités pour trouver quelque chose qui fonctionne. On est conditionné par nos habitudes et nos habitudes nous mènent sur une voie difficile dans certaines régions. Il faut tester et reprendre ce qui marche. Il faut mettre de l'énergie là-dessus. 

Peut-on dire que vous misez sur les organisations d'événements pour rapporter de l'argent ?
Dans le projet de transformation économique, c'est l'inverse. Le projet c'est de soutenir les organisateurs. L'économie des comités régionaux est liée au volume des organisations, on ne va pas le remplacer par un abondement de la fédération. Le siège fédéral doit soutenir les organisateurs mais c'est parce qu'on rassemblera le plus de monde possible dans les organisations qu'on redonnera du souffle à leur financement. 

« IL EST IMPORTANT D’ORGANISER DES CHAMPIONNATS INTERNATIONAUX OÙ ON ARRIVE À RÉMUNÉRER NOTRE TRAVAIL »

Les organisations de Championnats sont-elles toujours un pari risqué ? À chaque Championnat de France, il y a des risques d'impayés, on l'a vu à Cassel, Plédran, on le revoit à Saint-Martin-de-Landelles. Est-il viable de toujours provisionner des pertes ?

Sur le Championnat de France, le modèle économique s'est amélioré mais on est exposé à des risques. Ces événements nationaux restent fragiles mais on en a besoin. Le Championnat de France sur route est le plus stable. Pour les autres, c'est plus compliqué. C'est pourquoi il est important d'organiser des Championnats internationaux où on arrive à rémunérer notre travail, grâce aussi à la billetterie.

Que rapporte aujourd'hui la filiale France Vélo Événement ?
Cette filiale est en phase de construction. Elle exploite deux événements : Gravel Fever créé par elle, et la Haute Route qu'on a repris à la société Ironman. Il faut prendre du temps pour susciter des marges vers la FFC. Le partenariat avec Hopscotch peut nous aider à créer des événements en rapport avec le vélo et la mobilité.

Pour le Super Championnat du Monde 2027, sur quelles prestations la FFC peut-elle se faire rémunérer ?
Dans la construction du comité d'organisation, la FFC assure les prestations sportives. On espère reproduire ce qui s'est passé aux JO 2024, que ce soit aussi vertueux pour la fédé.

Comment réduire l'empreinte carbone de ces grandes organisations ?
Les analyses montrent que les flux de spectateurs sont la principale empreinte. Grâce à l’action de la FFC, l’événement va bénéficier d'un Certificat d’Économie d’Énergie (CEE) animé par l’Union Sport et Cycles. Les CEE sont un mécanisme mis en place à l'époque par le Ministère de la transition écologique. Les entreprises dites polluantes paient un CEE pour payer moins d'impôts. L'Union Sport et Cycles a mis en place un CEE avec la participation de quatre grandes entreprises, équivalent à 16 millions d'euros répartis en plusieurs volets. Parmi eux, ils ont ciblé un grand événement qui sera le Championnat du Monde 2027, qui bénéficiera de 2,3 millions d'euros et qui seront fléchés sur la décarbonation des flux des différents publics pour faire des économies d'énergie. Grâce à cette somme, on peut développer des systèmes pour décarboner les flux de spectateurs, une application pour choisir son mode de déplacement. Quand on parle d'héritage, ce type d'outil pourra être utilisé par d'autres organisateurs pour mesurer leur empreinte carbone. Il y a aussi la mise en place des transports en commun non-polluants, c'est un engagement RSE fort. 

Où en est la distribution des matériels et des produits cyclistes des JO ? Qui en seront les bénéficiaires ?
Ils sont adressés à nos comités régionaux. Chacun a mis en place sa méthodologie. Il y a une permanence à Trappes pour les récupérer. Dans ces matériels, on retrouve des galeries de voiture, des matelas de protection notamment pour le VTT et aussi des petits matériels qui peuvent être très utiles pour des organisateurs.

« LES ÉLUS PORTENT UN REGARD FAVORABLE SUR LE BMX »

Vous parlez du besoin d'équipements. Avez-vous un objectif chiffré du nombre de pistes de BMX dans le contexte d'économies budgétaires pour les collectivités ?
Je pars d'un constat. Il y a 270 pistes de BMX, ça fait trois par département, on a la place pour aller plus loin. Il faut être ambitieux. Je souhaite un plan de 100 créations de pistes, environ un par département, à enclencher dans les quatre ans. Les élus portent un regard favorable sur le BMX. C'est de l'investissement et les pistes sont entretenues par les clubs résidents. Ce n'est pas comme un gymnase où il faut payer le chauffage. Il y a aussi une graduation dans l'investissement selon le niveau de la piste. Le point délicat, c'est de trouver du foncier. Mais je dirais que c'est le bon moment pour jouer des coudes.

On va aborder la transformation économique de la fédération. Depuis les JO et les bons résultats, avez-vous récupéré des partenaires ?
Ça nous a permis d'en renouveler avec des apports augmentés, avec le CIC et Alé qui a triplé la dotation. Nous avions une commercialisation particulière en cette période car on voulait commercialiser le Championnat du Monde de cyclo-cross à Liévin, avec l'arrivée d'Unibet. Nous avons quelques belles négociations mais il ne reste plus beaucoup de place sur notre tenue. J'espère avoir bientôt de bonnes nouvelles pour un partenaire principal et pour le cyclisme féminin. Les JO facilitent les choses pour entrer en négociation en tout cas. Et le Championnat du Monde 2027, avec l'exposition sur les chaînes publiques, ça aide aussi.

Vous avez voulu relancer les organisations en donnant la possibilité aux organisateurs d'augmenter leur part dans le prix de l'engagement, puis vous avez cédé la part de la FFC sur les engagements aux organisateurs de courses Minimes, Cadets. Est-ce que ça a été efficace ?
On ne le verra qu'après quelques années. Si on l'a fait, c'est que c'est un sujet où on était en difficulté, où on perdait des organisations. On voulait d'abord arrêter d'en perdre. On jugera de leur effet avec un peu de temps. Je suis convaincu que les retours sur les droits d'engagement sont importants. Les organisateurs acceptent les droits d'organisation mais ils ont du mal à accepter de devoir reverser les droits d'engagement. 

LA PROFESSIONNALISATION  : « UN FACTEUR POUR AUGMENTER LES CAPACITÉS DU CLUB À ACCUEILLIR DES LICENCIÉS »

Est-ce que vous avez des craintes sur la pérennité du Savoir rouler à vélo (SRAV) ?
Le SRAV s'est mêlé entre les politiques nationales et dans celles des différentes collectivités territoriales. Je ne vois pas la société française reculer sur le SRAV. Il faut être offensifs avec les autres acteurs pour mobiliser le plus de crédits. 

Pourquoi certains clubs ou comités restent à l'écart du SRAV ?
Il y a un vrai problème d'organisation pour les clubs. Il y en a qui s'organisent pour prendre ces marchés et d'autres qui ont du mal à franchir le pas. Il faut accompagner plus de clubs dans cette dynamique.

Vous défendez la professionnalisation des clubs. En avez-vous mesuré les avantages pour les clubs avant de proposer un acte II ?
On le mesure très concrètement quand on observe ce qui se passe dans les clubs qui créent des emplois. Il y a une capacité à se créer de nouvelles ressources, notamment à travers le salarié qui trouve des sujets de développement, comme le SRAV, la santé. C'est aussi un autre facteur pour augmenter les capacités du club à accueillir des licenciés en soulageant l'action des bénévoles. L'acte II sera la continuité de ce plan négocié avec l'ANS de 120 emplois. On va voir ce qui se passe avec l'ANS et ses moyens. Malheureusement, cette année on a eu des refus de dossiers car les crédits étaient épuisés. On voudrait négocier un plan pluriannuel de 3-4 ans de la même portée.

« ENVIRON 1000 CLUBS ONT ACTIVÉ UN OU L’AUTRE DE CES DISPOSITIFS »

Les tentatives de diversification comme les stages sportifs n'ont pas marché. Pourquoi ?
On voit que sur des sujets éminemment concurrentiels, c'est l'excès de prudence d'une association qui n'ose pas faire connaître ses produits. Communiquer suppose des efforts d'investissement. C'est pour ça que pour des sujets plus "business", on a créé notre filière (France Vélo Événement, NDLR) qui a des réflexes d'entreprise pour se lancer sur de nouveaux marchés.

Si vous ne trouvez pas de partenaires, est-ce que cette transformation économique est applicable ?
L'arrivée de nouveaux partenaires ces dernières années me rend optimiste sur la commercialisation. Parmi eux, Facom ou CB ont trouvé à travers la Fédération un relais d'image et de valeurs. Ces dernières années, on arrive mieux à marketer la fédé et trouver des partenaires, il n'y a pas de raison que ça s'arrête. Après plusieurs années avec des agences, nous avons confié notre marketing à notre propre filiale (France Vélo Événement) avec le groupe Hopscotch. Quand la filière fait de bonnes affaires, la FFC est gagnante.

Pour les ressources des clubs, la FFC a publié le bilan du développement avec les sommes allouées aux clubs. Le chiffre est de 2 806 521 euros par le PSF (projet sportif fédéral) et vous arrivez à 2 890 euros par club. Ça fait donc 1000 clubs et pas les 2300 clubs de la FFC ?
Les 2 800 000 sont financés par l'ANS et aussi par les dispositifs fédéraux. On est loin d'avoir tous les clubs qui remplissent un dossier ANS. Pour certains clubs, ce n'est pas en rapport avec leur activité, d'autres fonctionnent avec leurs partenaires publics et privés. Donc, une partie de nos clubs se tournent vers ce dispositif. La FFC est là pour proposer des axes de développement, des financements avec l'ANS mais les clubs sont libres d'y aller ou pas. Il faut préserver la motivation des bénévoles. Si on leur dit "il faut faire ça", ça ne marchera pas. Il y a donc environ 1000 clubs qui ont activé un ou l'autre de ces dispositifs, ce qui est déjà une proportion intéressante. J'en reviens au nombre moyen de licenciés par club. Ceux qui comptent moins de 40 licenciés n'ont pas forcément de projet de développement. 

« UTILISER ET AMÉLIORER LA TECHNOLOGIE »

La dématérialisation fait-elle peur, notamment pour créer le compte ASSO ?
Pour certains clubs, comme dans tous les sports, l'âge moyen des dirigeants est plutôt élevé et c'est normal, comme souvent dans le bénévolat, on a plus de temps une fois à la retraite. La technologie fait peur. Avec les comités, il faut s'organiser pour aider les clubs dans l'accès à ces dispositifs. Le compte ASSO est indispensable pour pouvoir faire bénéficier aux licenciés du club des 50 euros du Pass sport. C'est pourquoi il est important de les aider à le créer.

Comment convaincre les clubs qui ne demandent pas d'aides ?
Il faut proposer, faire de la pédagogie mais après, c'est la liberté associative qui prime et j'y suis attaché. Ce serait contre-productif de forcer les clubs à rentrer dans tel ou tel dispositif. Je comprends que la lourdeur administrative et technologique rebute mais c'est à nous d'accompagner les clubs qui en ont envie.

Quelles sont vos relations aujourd'hui avec l'ANS ?
Elles sont plutôt très bonnes, on se connaît très bien, nos équipes se respectent. On active beaucoup de dispositifs proposés par l'ANS, c'est important de les connaître et de les mobiliser pour la fédération.

Vous parlez d'une “hot-line” pour répondre aux clubs. Est-ce qu'aujourd'hui les comités ou la fédération ne répondent pas aux demandes des clubs ? Est-ce qu'il va falloir recruter pour cette tâche ?
Il y a des clubs qui essaient d'obtenir des réponses de la fédération, au sens large, et qui ont du mal à en obtenir. Il faut être sûr que la question ne se perde pas entre les interlocuteurs et que le club obtienne une réponse. Il faut mieux assurer un système de réponse rapide entre les comités et la FFC par une répartition écrite. Parfois, on reçoit une question qui concerne plus le comité que la fédération. Nous devons utiliser et améliorer la technologie pour proposer ce service dans les comités, sans avoir besoin de recruter. 

« FAIRE RECONNAÎTRE LA ROUTE COMME TERRAIN DE SPORT TEMPORAIRE »

Dans le Plan de modernisation de la route, vous voulez promouvoir la pratique de loisirs dans les clubs, est-ce qu'ils sont adaptés à cette pratique ?
Je vais prendre un exemple. Souvent quand je croise des chefs d'entreprise, ils me disent qu'ils roulent, je leur demande s'ils roulent en club mais ils me répondent que quand ils sont allés en voir un pour rouler le week-end, on leur répond que ces jours-là, les clubs sont occupés sur les courses. Donc globalement, aujourd’hui, les clubs ne sont pas organisés pour cette pratique. Le but est d'avoir de plus en plus de clubs qui modifient leur manière de fonctionner pour s'adapter aux personnes qui voudraient venir rouler, en proposant des conseils sur la position, la mécanique, la nutrition, mettre notre expertise au service de ce public qui serait friand de ces conseils. C'est à la FFC de faire des fiches pour aider les clubs à donner du contenu. Aller chercher ce public, ça veut aussi dire aller chercher de nouvelles cotisations en face du service apporté par les clubs, mais aussi amener vers les clubs peut-être de futurs dirigeants, élargir notre audience. 

À quoi pensez-vous quand vous parlez d'une expérimentation de signalisation pour un entraînement sécurisé ?
Pour s'entraîner, on peut essayer d'utiliser des zones protégées mais il n'y en a pas beaucoup de gratuites. Notre proposition, c'est de dire que quand on s'entraîne, on transforme la route en terrain de sport. À l'image d'autres activités, on voudrait obtenir une protection par une signalisation. Je prends l'exemple de la chasse qui se pratique dans l'espace public et qui a sa signalétique qui prévient les autres usagers qu'il faut faire attention. Nous voulons en discuter avec les ministères de l'Intérieur et des Transports pour créer une signalétique pour prévenir les usagers qu'il y a un entraînement, notamment pour l'entraînement des enfants. L'idée, c'est de faire reconnaître la route comme terrain de sport temporaire. Paradoxalement, on va de plus en plus rencontrer des pistes cyclables surfréquentées où il sera impossible de rouler à 30 km/h. Les cyclistes à l'entraînement ne peuvent pas limiter leur pratique à ces voies, on va vite et on doit pouvoir aller sur la route. 

Est-ce qu'il manque des clubs pour bien occuper le terrain et proposer une offre partout ?
Le sujet ce n'est pas le nombre mais la capacité d'avoir des clubs plus grands pour augmenter leur capacité d'accueil. Le problème, c'est la taille et l'élargissement du service proposé par les clubs et également les activités. Nous avons beaucoup de disciplines dans la fédération mais il n'y a pas beaucoup de clubs pluridisciplinaires, on a une marge de progression de ce côté-là. Les clubs pluridisciplinaires trouvent un facteur de croissance important et d'enrichissement de la vie associative.

« CHAQUE BÉNÉVOLE A UNE MOTIVATION DIFFÉRENTE »

Comment attirer et retenir les bénévoles ?
Avec mon expérience, la richesse et le plaisir de se retrouver dans la vie associative sont primordiaux. Il faut avoir cette réflexion, qu'est-ce qui fait qu'une personne a envie de passer un bon moment ? On a des exemples très vertueux, il faudrait les faire connaître pour alimenter la réflexion de tous, il y a des idées à partager. Ça fait 25 ans que j'anime par différentes missions des bénévoles et chaque bénévole a une motivation différente.

Pourquoi la formation du module accueil, le premier échelon de la formation, est payante ?
Globalement, la formation a un coût. Actuellement, c'est le bénéficiaire, ou le club, qui le supporte. Il faut encore simplifier les process des premières formations en utilisant davantage la digitalisation pour en diminuer le coût et avoir plus de bénévoles qui franchissent le pas de ce premier niveau de formation. Nous devons aussi mieux communiquer sur la satisfaction qu'ils peuvent en retirer, leur enrichissement personnel par la formation.

Pendant le dernier mandat, il y a eu la réforme des licences, des DN, la fin du braquet limité, mais on a l'impression que la FFC fait souvent des annonces tardives. Pourquoi ?
C'est la lourdeur d'une fédération. C'est un point à améliorer. Pour une réforme, il y a d'abord un groupe de travail, puis une commission, ensuite il y a un premier passage en Bureau exécutif. J'ai tenu à ce qu'il n'y ait pas qu'un seul passage en Bureau exécutif pour pouvoir discuter des projets et y apporter des modifications, pour qu'il y ait une vraie critique. Ensuite, il y a un retour en commission avant un nouveau passage en BE avant le vote du Conseil Fédéral qui a le pouvoir de changer les règlements mais qui ne se réunit que trois fois par an, comme le veulent les statuts.

« LA RÉFORME DES LICENCES N’A DE SENS QUE DANS LA RÉFORME DE L'ACTIVITÉ »

Quel bilan faites-vous de la réforme des licences ?
L'impact se voit d'abord sur le bloc compétition. Depuis la réforme, on reprogresse sur ce bloc. Je ne dis pas que c'est pérenne, mais à court terme, ça redémarre. On voulait simplifier et donner de la flexibilité aux régions dans l'organisation de leurs catégories. Mais la réforme n'a de sens que dans la réforme des activités qui est devant nous et qui changera plus profondément l'organisation du cyclisme sur route. Et donc, l'oxygéner.

Pourquoi le nombre de licenciés ne retrouve pas celui d'avant Covid (112 948 en 2019 contre 107 648 en 2024) ?
Plus que d'autres disciplines, on peut pratiquer notre sport sans prendre de licences. Nos principaux concurrents sont les applications qui se sont développées, comme Strava ou Zwift. C'est aussi le but de faire une offre à ces publics qui ont une pratique de loisir.

Elles existaient avant le Covid...
Ces applications existaient déjà mais pour le cyclisme traditionnel, ces systèmes ont concouru à des formes de pratiques hors clubs.

Quelles réussites retenez-vous de votre mandat ?
Il y en a plusieurs. Fondamentalement, sur le plan du sport, je retiens la dynamique de résultats internationaux avec des titres de Champions du Monde, les résultats des JO avec 9 médailles dont 3 d'or. Mais il y a un point qui me tient à cœur. Depuis huit ans, j'ai engagé la fédération sur la voie de transformations, sur le sujet du développement, sur les sujets sociétaux comme la mobilité, la santé, la féminisation où on est passé de moins de 10% à 12,68%. C'est très nouveau pour la FFC, on amorce un tournant pour avoir la solidité nécessaire pour la prochaine décennie. Quel que soit le résultat de l'élection, j'ai un autre motif de satisfaction, c'est d'avoir la sérénité de pouvoir transmettre un siège fédéral sain, sain sur le plan financier, sur le plan de ses salariés et sur le plan de son organisation. 

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