HP BTP-Auber 93 dans tous ses états
L'histoire aurait pu être belle. Ce dimanche, après plus de 200 kilomètres sur les routes de la Drôme Classic, Anthony Maldonado bascule en cinquième position au sommet de la dernière difficulté de la journée. "Il m'a manqué vingt mètres. Gavazzi était juste devant moi à la bascule. Il n'a pas réussi à reboucher le trou. Au sommet, il m'a regardé et il n'a pas voulu rouler. Je pense que s'il avait mis un coup de vis, on se jouait la gagne à cinq", regrette auprès de DirectVelo le coureur provençal, qui terminera finalement à la cinquième place, juste derrière son équipier David Menut. Les deux hommes échouent au pied du podium (voir classement). Jusque-là, tout s'était pourtant parfaitement déroulé ou presque pour l'équipe HP BTP-Auber 93. Certes, Jérémy Bescond n'était pas dans une grande journée et Damien Touzé a vécu une fin de course galère en étant tour à tour victime d'une crevaison puis de deux problèmes mécaniques dans le terrible Mur d'Allex - principale difficulté du parcours - au moment où la course commençait tout juste à s'emballer. Mais pour le reste, tout s'était déroulé comme espéré.
BALDO PREMIER ÉCHAPPÉ ET DERNIER RESCAPÉ
"C'était un profil dur qui convenait à tous les mecs de l'équipe. L'objectif était d'en mettre un devant pour se soulager puis jouer avec nos sprinteurs sur le final. Les efforts courts sur les pentes raides, c'est quelque chose qui convient à nos coureurs rapides et on le savait", analyse l'expérimenté Nicolas Baldo. L'homme de 32 ans faisait partie des coureurs désignés pour partir dans la première échappée du jour. Il s'exécute dès les premiers kilomètres et passera une majeure partie de la course à l'avant, un instant seul puis accompagné de quatre courageux. "Quand j'ai vu l'étroitesse des routes une fois à l'avant, je me suis dit que ça pouvait aller loin et que je pouvais éventuellement être revu par un petit groupe dans le final. Malheureusement, c'est un peloton groupé qui est revenu". Un peloton longtemps emmené par le seul Julien Antomarchi, de Roubaix Lille Métropole, alors que l'écart avait un temps frôlé les 7'00". "Derrière, c'était une partie de poker et on se doutait bien qu'une équipe allait céder et finir par rouler. C'est dommage de ne pas pouvoir aller un peu plus loin mais ça fait partie du jeu", regrette un Nicolas Baldo qui aura été le dernier rescapé de l'échappée dite matinale.
Tout est à refaire dans les 40 derniers kilomètres. Les coureurs lâchent les uns après les autres sous l'impulsion des équipes FDJ, Armée de Terre puis Delko Marseille-Provence KTM. Ils ne sont plus bientôt plus qu'une trentaine à pouvoir espérer la gagne. Parmi eux : quatre coureurs d'Auber : Jakin, Maldonado, Menut et... un Le Cunff pourtant "à l'arrache pendant toute la course. Je n'avais pas trop de sensations après avoir déjà enchaîné le Haut-Var, la Provence et l'Ardèche. Je pétais à toutes les bosses et je revenais dans les descentes", explique le principal concerné. "Au briefing ce matin, les consignes étaient claires : si Alo (Jakin) était encore là après la Côte d'Allex, il devait attaquer. Kévin (Le Cunff) avait déjà couru la veille et on ne savait pas trop comment il allait être. Il nous a surpris en attaquant dans les dix derniers kilomètres", admet Maldonado.
MENUT SE SACRIFIE POUR MALDONADO
Alo Jakin attaque le premier dans Allex, flanqué de Mickaël Chérel. "Nous étions quatre des huit coureurs de l'équipe à l'avant dans le final, c'était vraiment pas mal. Il fallait tenter quelque chose et je l'ai fait comme prévu", lance l'Estonien. Une fois le duo repris, c'est donc Kévin Le Cunff qui a contré. Il est accompagné de Nicolas Edet. "On y a cru car derrière, ça avait du mal à s'organiser et ça ne rentrait pas trop", souffle Maldonado, qui voit son équipier compter 17" d'avance à quatre bornes du but. Pas assez pour Le Cunff : "On s'est retrouvés avec moins de dix secondes au pied du talus. Je pense qu'avec 20 secondes, ça aurait pu le faire. J'ai quand même tenté mais il m'a manqué 200m pour basculer : j'ai explosé au milieu de la bosse".
Delfosse, Bakelants et Vichot se détachent finalement au sommet et ne seront plus revus. "J'étais au tacket dans la bosse mais comme tout le monde. Si j'avais été dans la roue de Vichot en bas de l'ascension, je pense que j'aurais pu basculer avec eux. J'aurais été à fond évidemment mais j'aurais aussi eu la descente pour récupérer derrière. Mais là, je me suis retrouvé avec Gavazzi... je ne comprends pas qu'il n'ait pas roulé : il ne me connait pas et il va très vite au sprint", regrette Maldonado. Une déception partagée par David Menut : "J'ai moins bien basculé la dernière côte qu'Anthony. Je suis revenu sur lui dans la descente mais j'ai vu qu'il y avait encore trois mecs derrière nous. Je me suis dit qu'il fallait que je lance de loin en faisant 500m à bloc. On ne sait jamais ce qui peut arriver, ça aurait pu se regarder devant. Il ne fallait pas avoir de regrets. Malheureusement, je n'ai pas réussi à rentrer".
SANS COMPLEXES
S'ils pouvaient logiquement espérer mieux, les Franciliens n'ont pas à rougir de leur performance collective, avec pas moins de cinq acteurs de la course dont trois dans le Top 10 à l'arrivée (Menut 4e, Maldonado 5e et Jakin 10e). "Nous avions mis un coup de stabilo sur cette course qui nous convenait mieux que la veille. Voir quatre coureurs encore dans le final avec les vingt-cinq meilleurs prouve que l'on est dans le vrai. Nous étions pratiquement en surnombre, c'était jouable", résume le manager Stéphane Javalet. "Les gars ont un vélo et une paire de jambes comme les autres. On ne doit faire aucun complexe. Il y a un collectif et une envie de bien faire dans le groupe. On a encore du travail, mais ça progresse".