Grâce à ses multiples innovations technologiques, Mavic écrit depuis longtemps les grandes pages du cyclisme au service des coureurs. Pour fêter les 130 ans de la marque française, DirectVelo a décidé de revenir sur dix moments de la grande et la petite histoire du vélo. L'entreprise née à Lyon a posé sa griffe à chaque fois que le matériel a favorisé des performances sportives d'exception.

Huit secondes. Un écart inoubliable 30 ans après, impensable au départ de la dernière étape du Tour de France 1989, le contre-la-montre Versailles-Paris. Le Tour du Bicentenaire multiplie les clins d'oeil à la grande Histoire, au point d'arriver à Marseille le 14 juillet, au point de renverser le pouvoir jusqu'au dernier jour.

Pour fêter les 30 ans de la victoire de Greg LeMond, Mavic sort une collection spéciale maillot-casquette-socquettes , avec les 8'' qui scintillent comme des étoiles (lire ici) . Ce n'est pas un hasard car l'Américain gagne son deuxième Tour sur une machine équipée en tout Mavic.

Ce Tour 89 se termine comme il a commencé par un contre-la-montre. Le prologue de Luxembourg sonne les trois coups avec un premier coup de théâtre. Pedro Delgado rate le départ, et pas qu'un peu. 2'40" après l'heure. L'hémorragie continue au contre-la-montre par équipes. Après deux jours, l'Espagnol est repoussé à 7'20" de Laurent Fignon, premier des favoris. Sa remontée fantastique pour effacer son retard va rythmer la course jusqu'à l'Alpe d'Huez.

LE RETARD LE PLUS IMPORTANT, LE DEUXIEME JOUR

Greg LeMond revient de plus loin encore. Au printemps 1987, il frôle la mort dans un accident de chasse alors qu'il a gagné son premier Tour l'été précédent. Après une année blanche chez PDM en 1988, il remonte la pente en 1989 chez ADR. Le dernier jour du Giro, il termine 2e du contre-la-montre final, 1'18" devant Laurent Fignon, maillot rose.

Alors, où l'Américain a-t-il gagné ses huit secondes ? Au prologue, il termine dans le même temps que Laurent Fignon. Grâce à ses équipiers, il ne débourse que 51" sur les Système U de Laurent Fignon dans le contre-la-montre par équipes. C'est le retard le plus important de LeMond sur Fignon pendant cette Grande Boucle.

Entre Dinard et Rennes, Greg LeMond remet les pendules à l'heure sur les 73 kilomètres contre-la-montre et endosse le maillot jaune. Laurent Fignon, 3e de l'étape, le suit à 5''. C'est le plus petit écart entre les deux coureurs de ces trois semaines. Pour ce chrono, Greg LeMond chausse une roue Comète à l'arrière, décorée aux couleurs jaune et mauve d'ADR et une roue avant à rayons alors que Laurent Fignon monte deux roues pleines. Mais, sur son cintre Mavic de contre-la-montre, il ajoute un guidon de triathlète qu'il ne va plus quitter jusqu'à Paris.

LES 13" DE BRIANÇON

A Super-Bagnères, le Français reprend le maillot jaune au prix d'un terrible effort dans le dernier kilomètre. Mais un troisième larron s'invite à la discussion pour le paletot. Charly Mottet, nouveau N°1 mondial au classement FICP, remonte à la 3e place à moins d'une minute du vainqueur du Giro. Charly Mottet, comme Greg LeMond, roule en tout Mavic chez RMO. L'étape de l'Alpe d'Huez sera fatale au Drômois.

Avant les Alpes, la caravane fête le 14 juillet sur la route de Marseille. Le vent agite les cannes de Provence et fait exploser la course. A 70 km de l'arrivée, Fignon en jaune met tout le monde dans la bordure et se retrouve avec Charly Mottet à disputer un Trophée Baracchi face au duo LeMond-Delgado qui tente, en vain, de boucher le trou. Le numéro s'étend sur 40 kilomètres mais la mèche du pétard fait long-feu. Match nul avant les Alpes.

C'est donc seul, face à la montagne d'Orcières-Merlette escaladée contre-la-montre, que Greg LeMond reprend le maillot jaune. Il grimpe avec deux roues Mavic à rayons, alors que Fignon a une roue lenticulaire à l'arrière. L'Américain se classe 5e de l'étape mais reprend 47" à Laurent Fignon. Dorénavant, il compte 40'' d'avance au général. L'étape de l'Izoard va lui permettre d'enfoncer le clou. Lâché dans l'Izoard, revenu dans la descente, Laurent Fignon est encore décramponné au sommet de la citadelle de Briançon où il perd 13" supplémentaires. 13" qui coûteront cher le dimanche suivant à Paris. L'avance de l'Américain est à son sommet, 53".

« C'EST LOIN D'ÊTRE FINI »

La suite des étapes alpines inversent la tendance. Laurent Fignon reprend le maillot jaune à l'Alpe d' Huez. Il en remet un coup dans le Vercors, sur les pentes de la montée vers Saint-Nizier-du-Moucherotte et fait plier Delgado et LeMond. Le Parisien compte 50'' d'avance mais il ressent les effets du début d'une blessure à la selle dans l'étape de la Chartreuse.

Ce Tour passionnant et animé jusqu'au bout, il n'y a que deux arrivées au sprint, tout se joue donc le dernier jour, sans l'artifice des bonifications qui auraient ajouté des discussions autour des 8''. Au départ de Versailles, Greg LeMond y croit. "C'est loin d'être fini", annonce-t-il au sommet de l'Alpe d'Huez alors qu'il vient d'être dépouillé du paletot. Pour ce dernier rendez-vous, le coureur d'ADR a un casque profilé et son guidon de triathlète quand le Français, assis en biais sur sa selle à cause de sa blessure, vogue tête nue et catogan au vent. Greg Lemond part à bloc et ne se relève pas. Il termine sur les talons de Pedro Delgado, parti devant lui. "Laurent est parti trop lentement, il était trop confiant", commente aujourd'hui le seul Américain au palmarès du Tour. Le décompte est lancé par la voix de Patrick Chêne sur Antenne 2. Le maillot jaune passe la ligne 2'58'' après Greg LeMond, huit de trop.

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