Philippe Raimbaud : « Un accompagnement renforcé »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Philippe Raimbaud a enfin pu retrouver “ses” garçons. Après plus de quatre mois passés loin des coureurs dont il est l’agent, il a profité de la Route d’Occitanie pour échanger régulièrement avec chacun d’entre eux. Au coeur de la course de reprise, alors que beaucoup d’athlètes se posent des questions et font preuve d’inquiétude quant à leur avenir, DirectVelo a cherché à en savoir plus avec celui qui sera prochainement sur les routes du Critérium du Dauphiné, du Championnat de France et du Tour de France. Entretien.

DirectVelo : Tu as enfin pu retrouver les coureurs en face à face ! 
Philippe Raimbaud : C’est sûr qu’on a eu beaucoup d’entretiens et de contacts via les nouveaux moyens de communication et on a d’ailleurs découvert que c’était intéressant. Pour autant, le contact physique, les yeux dans les yeux, reste quand même précieux.

Discuter les yeux dans les yeux plutôt que via un écran d’ordinateur ou de téléphone, est-ce différent dans l’approche de ton métier ?
Oui, c’est différent, car il y a une proximité sur le terrain et une affectivité qui est plus forte. Quand on se connait déjà, faire une période où l’on ne se parle qu’à travers des écrans n’est pas gênant car on a déjà des repères et une confiance mutuelle qui font qu’on se trouve sur le terrain, comme disent les joueurs de foot. Mais je n’imagine pas faire ce métier uniquement au téléphone. Ce serait un grand manque.

Sens-tu les coureurs inquiets quant au bon déroulé de la fin de saison ?
Bien sûr, il y a une inquiétude générale. Tout le monde prend les jours les uns après les autres, comme ils viennent. On sait quand on part, mais pas quand on arrive. Tout ça met plus de pression, surtout à un certain nombre de coureurs qui ont besoin de démontrer leurs qualités et qui, pour l’instant, n’ont pas eu le terrain de jeu pour le faire.

« IL EST IMPOSSIBLE DE SE PROJETER »

Il doit être difficile de trouver les mots et de les rassurer…
Si, on y arrive. Il faut mettre les choses en perspective et réussir à relativiser. Il y a toujours plus malheureux que nous. Il ne faut pas oublier que le cyclisme n’est pas indispensable à la vie quotidienne de tout un chacun, même si c’est quelque chose d’essentiel pour que les gens sortent de ce contexte très anxiogène. Mais je comprends qu’un coureur qui ne sait pas aujourd’hui de quoi sera fait son année 2021 soit inquiet. Dans ces conditions, ça demande du travail pour essayer de le soutenir et surtout lui trouver des solutions (sourires).

D’un point de vue personnel, c’est aussi un challenge supplémentaire pour toi !
C’est un accompagnement renforcé. Je suis là pour ça. Il n’y a pas de stress supplémentaire de mon côté, ni un aspect négatif des choses. Je dis toujours qu’un agent n’est pas quelqu’un qui est là tout le temps mais qui est là quand il le faut. En ce moment, il le faut. Pendant la période sans courses, il fallait l’être auprès de certains, et pas auprès d’autres. J’étais là quand il le fallait.

Le marché des transferts va-t-il être décalé cette saison en raison de cette situation ?
Pas forcément. Il y a déjà un certain nombre de dossiers qui sont réglés, dont une partie qui sont même réglés depuis longtemps. Les gens fantasment beaucoup sur la période des transferts et sur le marché mais en réalité, les contacts ont lieu toute l’année. Pour un certain nombre de dossiers, ça ne change pas grand-chose. Pour un certain nombre d’équipes françaises qui sont solides, on peut parler d’avenir très en amont, ce qui n’est pas le cas de toutes les équipes.

« C'ÉTAIT L'ANNÉE OU JAMAIS POUR QU’ILS PROUVENT LEURS QUALITÉS »

La Groupama-FDJ a re-signé Rudy Molard pour quatre ans, une durée de contrat extrêmement rare dans le milieu. Est-ce une situation que l’on peut voir se produire plus régulièrement à terme ?
Oui, je le pense. Dès lors que le coureur est sérieux et qu’on n’a aucun doute sur son professionnalisme, sa détermination et son engagement, c’est possible. Il y a des coureurs qui ont besoin de sérénité pour travailler. Ce n’est pas fondamentalement un mal.

Quitte à être moins exigeant sur le côté financier, dans ce cas là…
Forcément, c’est une balance. Il y a toujours des avantages et des inconvénients. Comme je le dis aux coureurs, il n’y a jamais une proposition qui coche toutes les cases. Il faut savoir peser le pour et le contre et faire des concessions, de part et d’autre.

Revenons aux coureurs qui ont actuellement besoin de faire leurs preuves. Sont-ils plus en danger que les autres années ?
Disons qu’ils sont limités. Le cas le plus probant est celui des Espoirs 4 ou des “Désespoirs 1” comme on dit. C’était l’année ou jamais pour qu’ils prouvent leurs qualités, et ils n’ont pas pu le faire. Là, oui, c’est un vrai problème.  

Mots-clés