Evita Muzic : « Rien n’est fini »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

La FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope avait de grandes ambitions lors de la huitième étape du Tour d’Italie. Après le retrait de la leader de la course Annemiek Van Vleuten, Cecilie Uttrup Ludwig se retrouvait à la troisième place du classement général provisoire, avec l’espoir de passer devant la nouvelle porteuse du maillot rose, Katarzyna Niewiadoma. Mais la chef de file de l’équipe WorldTour française a craqué dans l’ascension finale de cette avant-dernière étape et a vu l’Italienne Elisa Longo Borghini - lauréate de l’étape - lui passer devant au général pour… deux secondes (voir le classement). Voilà donc la Danoise à nouveau 4e du général. Il reste désormais une dernière étape pour rétablir la situation et terminer sur la boîte. DirectVelo fait le point avec Évita Muzic, équipière de Cecilie Uttrup Ludwig sur ce Tour d’Italie.

DirectVelo : Il s’est passé beaucoup de choses sur cette huitième étape !
Évita Muzic : Oui, ça a borduré dès le début de course. Il y a d’abord eu une montée de trois bornes et on a rapidement eu un gros vent de côté pendant une longue portion plane. Sur ces cassures, j'étais devant dans un premier temps, puis une fille a fait une cassure et je me suis retrouvée piégée. Il n’y avait plus qu’une vingtaine de filles devant. Heureusement pour moi, plusieurs leaders étaient piégées dans le même groupe que moi et ça a pu rentrer. Une petite échappée est ensuite partie mais finalement, tout était groupé au pied de l’ascension finale. Ensuite, les leaders n’avaient plus qu’à s’expliquer à la pédale.

L’équipe jouait gros à ce moment-là…
Le plan était de durcir la course puisqu'hier (jeudi), on avait vu que Kasia (Niewiadoma) était un peu limite dans la dernière ascension. On voulait la faire craquer car on sait que c’est une fille qui est à l’aise sur les petites montées sèches, pour puncheuses, mais qu’elle a plus de mal sur des longues ascensions. Il fallait donc que j’essaie de durcir le pied pour que toute la montée se fasse vite. Mais en fait, je n’ai pas eu besoin de faire quoi que ce soit (rires). Les filles ont roulé à bloc d’entrée, sur les forts pourcentages. J’ai essayé de gérer mon ascension en croisant les doigts pour que Cecilie fasse une belle montée.

Cédric Barre, le directeur sportif de l’équipe, nous expliquait avant l’étape que les écarts pourraient se chiffrer en minutes (lire ici), et c’est ce qu’il s’est passé !
Cecilie était 3e et l’objectif était d’aller chercher encore plus haut, car on la sentait capable de passer devant Kasia (Niewiadoma). Cecilie nous avait dit qu’elle sentait une certaine faiblesse chez Kasia… En tout cas, qu’elle était prenable. Il fallait tenter. Inversément, je n’imaginais pas Elisa Longo Borghini capable de reprendre autant de temps et de monter sur le podium. C’est vraiment dommage. On se retrouve hors du podium pour deux secondes. Il va falloir tout tenter pour récupérer cette place et aller chercher ces deux secondes.

« FAIRE MONTER CECILIE SUR LE PODIUM »

Comment imagines-tu cette dernière étape en circuit ?
Depuis qu’Annemiek Van Vleuten s’est retirée sur chute, la course a changé. Avant, la Mitchelton-Scott contrôlait la course. Aujourd’hui (vendredi), c’était déjà beaucoup plus mouvementé. Ce sera pareil sur cette dernière étape, j’en suis sûre. Plusieurs équipes ont intérêt à tenter des choses donc ça va bouger. De toute façon, ça bouge tout le temps depuis le début du Giro. Même quand ça arrivait au sprint et que la CCC tentait de contrôler pour Marianne Vos, il y a eu beaucoup de mouvements au préalable. Au bout de neuf jours de course, tout le monde est fatigué. Rien n’est fini. Ce ne sera pas facile, et il faudra avoir les jambes. Mais il faut tenter.

D’un point de vue personnel, étais-tu venue sur ce Tour d’Italie uniquement dans la peau d’une équipière pour Cecilie Uttrup Ludwig, ou espérais-tu jouer aussi une étape, ou le maillot blanc de meilleure jeune par exemple ?
Il n’a jamais été question que je joue ma carte personnelle. C’était clair avant que j’arrive en Italie. L’équipe est venue ici pour jouer le général avec Cecilie, point (relire l'interview de Cecilie Uttrup Ludwig ici). D’ailleurs, dès la deuxième journée, après avoir travaillé pour l’équipe, je me suis écartée et j’ai fini l’étape tranquille pour garder des forces et continuer d’aider Cecilie les jours suivants. Je n’ai jamais pensé au maillot blanc. L’objectif, il est de faire monter Cecilie sur le podium, et rien d’autre.

Au terme de ce Tour d’Italie, tu vas participer au Championnat du Monde d’Imola. Comment comptes-tu gérer la semaine qui va séparer ces deux grands événements ?    
Je vais rester en Italie. Demain (samedi) soir, après la dernière étape, on va directement se rendre à Imola avec les filles. Il y aura Cecilie mais aussi Audrey (Cordon-Ragot) ou Juliette (Labous). J’espère que j’aurai le temps de me reposer mais ce sera de toute façon le maître mot : récupérer, et prendre le temps de repérer le parcours, bien sûr. Les kilomètres, ils ont été faits en course. D’ailleurs, j’ai battu mon record cette semaine avec l’étape de 170 kilomètres, je n’avais jamais fait ça en course jusqu’à présent. En plus, ce jour-là, ils nous ont mis douze bornes de fictif (rires). Cette étape a fait mal ! Le foncier, on l’a ! Beaucoup de filles vont laisser pas mal de cartouches sur ce Giro et il ne sera pas facile de garder la forme pour le Mondial mais d’un autre côté, on sera toutes dans la même situation.

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