Stéphane Rossetto : « J’étais complètement cramé »

Crédit photo Nicolas MABYLE / DirectVelo

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C’est une véritable délivrance pour Stéphane Rossetto. Privé de compétitions depuis le Tour des Alpes-Maritimes et du Var (2.1), l’expérimenté coureur de 34 ans n’a donc plus couru depuis le 21 février dernier et a dû se contenter de sept petits jours de course depuis le début de saison. Après trois mois d’attente, le coureur de St-Michel-Auber 93 va enfin se retrouver avec un dossard dans le dos, ce samedi, au Tour du Finistère (1.1). L’occasion de lancer une période très importante de sa saison, qui le verra passer notamment par des courses montagneuses et par les Boucles de la Mayenne (2.Pro), une épreuve qu’il a remportée en 2014. Avant le grand rendez-vous du Championnat de France, où il aura de grandes ambitions pour le contre-la-montre comme pour la course en ligne. Entretien.

DirectVelo : Tu t’apprêtes à faire ton retour après trois mois sans la moindre compétition !
Stéphane Rossetto : J’ai été malade en mars, j’ai attrapé la Covid et c’était assez sérieux. J’ai dû poser le vélo pendant trois semaines. Lors des deux premières semaines, j’étais cloué au lit. Je me suis remis doucement, étape par étape, en veillant à ne pas faire n’importe quoi car ce n’est pas un truc anodin. Initialement, j’avais imaginé un retour pour début mai, lors des Quatre jours de Dunkerque. Mais on connaît la suite. Je suis donc parti en stage en altitude, à Isola 2000 (Alpes-Maritimes). J’y vais tous les ans, je connais bien le coin. Je roulais seul, ça ne me dérange pas du tout. Au contraire. De toute façon, quand tu es en stage en montagne, soit tu montes, soit tu descends. Donc à moins d’être avec un gars du même niveau que toi, il vaut mieux être seul. Pendant toute cette période, je me suis projeté sur les objectifs à venir, dont le Championnat de France ou pourquoi pas le Ventoux. C’est une période qui devrait me convenir. J’ai bien travaillé, je suis assez confiant.

Tes coéquipiers Anthony Maldonado et Adrien Guillonnet ont eux aussi été touchés par la Covid-19 et ont mis un long moment à s’en remettre. Penses-tu être encore limité physiquement au moment de te présenter sur les routes du Tour du Finistère ?
Ce n’était pas une période agréable, même s’il n’y a rien eu de grave. J’ai perdu énormément de masse musculaire, j’avais de la fièvre et je transpirais toutes les nuits. Je les rejoins dans ce qu’ils décrivent et j’y suis moi-même allé très progressivement au moment de reprendre le vélo. Au début, je me contentais de sorties de 1h30. Et franchement, j’étais au max ! Je marchais sur des œufs, je ne savais pas comment j’allais récupérer. Quand je revenais d’une sortie, il fallait que j’aille me coucher directement. Pendant plusieurs semaines, j’ai eu du mal à enchaîner les grosses charges d’entraînements. Si je me faisais deux sorties de quatre heures, il fallait ensuite que je me repose pendant deux jours. J’étais complètement cramé alors que d’habitude, c’est l’inverse : au plus j’enchaîne et au mieux je suis. Il a fallu s’adapter, et s’écouter. Ce n’était pas facile, c’était un vrai défi, en quelque sorte. Ce n’était pas comme une blessure car il y avait l’aspect énergétique qui entrait en compte, et c’était quelque chose de nouveau, que je ne connaissais pas. Aujourd’hui, j’estime ne pas avoir encore retrouvé la plénitude de mes moyens. Mais je pense que ça va revenir avec mon retour à la compétition.

« UNE PREMIÈRE OCCASION DE ME REMETTRE DEDANS »

Tu abordes une période très importante de ta saison…
J’espère réussir les objectifs que je me suis fixé. Je pense avoir bien géré mon printemps. Pour chaque cycliste, il peut parfois arriver d’arriver en forme trop tôt et de se louper, à vouloir trop bien faire. Pour le coup, je pense sincèrement avoir bien géré mon affaire. Mais j’attends de voir comment les jambes vont répondre en compétition. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je tenais à venir sur le Tour du Finistère. Ce sera une première occasion de me remettre dedans. Je doute de pouvoir faire un résultat d’entrée, même si on ne sait jamais. Mais ce sera dans tous les cas un premier rendez-vous important pour la suite. Je devais reprendre la compétition.

Sur le papier, la Mercan’Tour Classic, qui se disputera lundi prochain, pourrait être un premier objectif, non loin d’Isola 2000 où tu étais récemment en stage !
J’y pense, forcément, d’autant que ce sera sur des routes que j’aime beaucoup et que je connais par cœur. Mais j’ai peur d’y être encore un peu juste physiquement. Je vais prendre les courses les unes après les autres, en veillant bien à ne pas faire n’importe quoi. On verra déjà comment je suis sur le Tour du Finistère. En tout cas, sur le papier, cette Mercan’Tour Classic me parle, c’est sûr.

« DÉTERMINANT POUR LA SUITE »

Puis viendront les Boucles de la Mayenne, que tu as remportées il y a sept ans. C’était d’ailleurs lors de ta dernière saison avec Auber, avant que tu ne passes les six années suivantes chez Cofidis…
J’en garde de très bons souvenirs. Mais pas que de 2014, d’ailleurs. L’année suivante, on avait gagné le général avec Anthony Turgis. Puis quand j’y étais revenu en 2018, on avait encore gagné trois étapes sur quatre (le prologue avec Dorian Godon puis les deux dernières étapes grâce à Nacer Bouhanni, NDLR). C’est une course qui est montée en grade et qui sera importante pour moi dans ma recherche d’une très bonne condition. Cette course par étapes doit m’aider, ce sera même déterminant pour la suite car j’aurai une semaine de récupération juste derrière, avant le Ventoux et la Route du Sud (la Route d’Occitanie, NDLR), où je compte bien marcher.

Avant, enfin, le Championnat de France ! Le contre-la-montre du Championnat national sera-t-il ton plus gros objectif de l’année ?
Les deux ! Le chrono et la route. Le parcours me semble intéressant. Sur un Championnat, ça se fait toujours à la pédale dans les derniers tours et cette fois-ci, j’aurai ma carte à jouer car je n’aurai pas à rouler pour quelqu’un comme chez Cofidis. Tout ça me semble prometteur. Pour ce qui est du chrono, j’y serai aussi ambitieux, oui. J’ai d’ailleurs un super vélo cette année. Je n’aurai pas d’excuse au niveau du matériel. Je travaille régulièrement sur mon vélo de chrono avec une ou deux sorties par semaine. Encore une fois, j’ai bien travaillé et je pense que ça va payer à un moment donné. En tout cas, je l’espère. Et tout commence au Tour du Finistère. Je ne viens pas en Bretagne juste pour le plaisir (sourire), car il y aura quand même un bon transfert entre le Finistère et la Mercan’Tour. Mais j’ai besoin de me remettre dedans. 

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