Tour d’Eure-et-Loir : « Un bel hommage » à Claude Montac
Aux départs comme aux arrivées des trois étapes du Tour d’Eure-et-Loir, Claude Montac est là. Cheveux longs blancs, barbe blanche qui laisse apparaitre un petit sourire aux lèvres et polo du Tour de France. Le 31 mars dernier, l’organisateur historique de l’épreuve, qui l’avait relancée en 2002, nous quittait à l’âge de 72 ans. Mais son image demeure, sur le podium protocolaire. Son portrait est installé au pied du pupitre de Daniel Mangeas (voir photo ci-dessus), qui ne manque pas de le citer à plusieurs reprises chaque jour. Avant le départ des trois étapes, mais aussi à l’arrivée finale à Chartres, une minute d’applaudissements accompagne sa mémoire. Jusqu’à la conclusion du week-end, le chanteur Anthony Fraysse interprète L’Envie, de Johnny Hallyday, chanson chère à Claude Montac, avant de conclure la cérémonie protocolaire. De la famille Montac, présente ce week-end, à toute l’équipe d’organisation, tous ont permis le maintien de l’épreuve durant ces dernières semaines. Parmi eux, Daniel Chevereau, qui a repris la tête avec Jean-Claude Saulnier, et tout une association derrière eux. Le premier cité a discuté avec DirectVelo des dernières semaines sans Claude Montac, l’adaptation nécessaire mais aussi l’avenir du Tour d’Eure-et-Loir.
DirectVelo : Comment s'est passée cette presque première édition, depuis le décès de Claude Montac ?
Daniel Chevereau : C'est en effet une presque première. Je suis dans l'association depuis peu de temps, c'est mon deuxième Tour d'Eure-et-Loir en tant que membre de l'association. Avant je donnais des coups de main pour l'hébergement entre autres, et là effectivement il a fallu reprendre le collier. On a récupéré les dossiers, tout le monde a mis la main à la pâte. Le plus dur était la grosse charge de travail. Mais franchement on était bien soudé, on a fait un super boulot. C'est la délivrance, on est très contents des trois jours car ça s'est très bien passé. On a tous beaucoup donné pour ce résultat, et rendre ce bel hommage à notre ami Claude.
A-t-il été envisagé d'annuler ?
On n'a pas eu le temps de penser à cette mauvaise décision. On a laissé un laps de temps jusqu'aux obsèques de Claude, pour respecter la dignité des cérémonies. Mais dès le lendemain de la cérémonie, on s'est réuni et on a tout de suite tous décidé de continuer. Donc on n'a même pas eu le temps de discuter si on faisait ou pas. On a tout de suite continué et on s'est organisé en conséquence. C'était beaucoup de travail mais on est content et soulagé.
« CHACUN A FAIT AVEC SES COMPÉTENCES »
Son départ a forcément modifié les responsabilités de chacun...
À titre personnel, je gérais déjà l'hébergement, et là j'ai géré tout le côté sportif, la presse... Je me suis fait aider par un commissaire international, Claude Deschaseaux, qui a été un personnage adorable et avec qui j'ai travaillé en confiance. On s'appelait tous les jours, parfois à 23 heures, on a fait un super boulot tous les deux. Après il a fallu s'occuper des partenariats, des fléchages, des bénévoles... On s'est réparti tout le travail de Claude. Il faut dire qu'avant le Tour d'Eure-et-Loir, on avait une première mission le 15 mai, avec une cyclosportive, la Blé d’Or, qui a réuni 400 personnes. On a pu se faire la main avec cette organisation et continuer dans le même sens pour le Tour d'Eure-et-Loir. On n'a pas rechigné, on a trouvé chez son épouse, Muguette, toutes les infos qu'il nous fallait pour avancer. Il a fallu se rapprocher de tous les sponsors, être sûr que le job était fait ou pas. C'est aussi passionnant car on fait de super rencontres. J'ai rencontré des gens adorables que je ne connaissais pas. C'est enrichissant, c'est le positif que je retiens de cette expérience incroyable.
Personne n'a donc quitté le navire en cours de route !
On est une petite association, c'est peut-être un handicap. On est une douzaine simplement. Mais le tour de table a été fait, il n'y a même pas eu de vote blanc (sourire). Tout le monde a dit « on y va et banco ». Par contre, on a multiplié les réunions comparé aux années où Claude était là. Tous les quinze jours on faisait des réunions à couteaux tirés, ça durait assez longtemps, on définissait toutes les tâches. Il fallait passer par là. Chacun a fait avec ses compétences. Les gens qui vont chercher les 500 bénévoles, mettent les barrières, font le fléchage... Moi je n'y allais pas, alors chapeau à ces gens-là ! C'est là qu'on voit le travail d'équipe. On était aidé par d'autres personnes, on avait des mails de partout, je faisais des journées de 12 heures. Parfois, je me disais aujourd'hui je fais ça et ça, et à peine j'ouvrais l'ordinateur, il y avait des mails auxquels répondre dans tous les sens. Ce n'était pas compliqué, c'était juste la charge de travail. Mais j'adore le milieu donc c'était passionnant.
« ÇA RESTERA LA MÊME ÉPREUVE »
Quel est l'avenir de l'épreuve désormais ?
Ça, c'est la bonne question. Ce n'est pas un scoop, mais il fallait déjà donner une date pour l'année prochaine. Donc on a donné la même que cette année mais décalée d'un jour, donc 9-10-11 juin 2023. Maintenant il faut refaire un bureau, renommer un président, ce n'est pas facile. On n'a pas beaucoup de temps pour se retourner, car il faut rapidement penser aux villes-étapes, travailler sur les circuits. Donc on se réunit mercredi prochain pour un débriefing et envisager l'avenir. Le plus dur est de trouver un président et une bonne structure derrière. Moi j'aimerais bien amener une équipe jeune, avec des idées novatrices, pour franchir un autre palier. Mais c'est un peu gourmand, bien que ce soit dans les objectifs.
Sportivement, des choses vont changer ?
Je ne peux pas dire ça sur le plan sportif, on gardera la même épreuve. Mais selon moi, il ne faut pas ronronner et rester sur les mêmes principes. Il faut aller de l'avant. Si on n'avance pas, c'est comme dans un peloton, on est tout de suite en queue. Donc il faut faire en sorte que l'épreuve reste au même niveau, et pourquoi pas l'améliorer, mais ça c'est encore présomptueux de le dire. Il faut attendre un peu. Ce qui est prévu pour le moment, c'est trois jours, en Classe 2. Le département continue de nous faire confiance, c'est notre sponsor principal, donc c'est très important. Il faut voir comment on peut évoluer, mais pour le moment ça restera la même épreuve. Mais si on peut l’améliorer, on ne va pas se priver.