Lennert Teugels : « On ne pouvait pas faire plus passionnant ! »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Lennert Teugels l'a fait. Au bout du suspense, le coureur de Tarteletto-Isorex a arraché la victoire au Challenge DirectVelo Belgique. En terminant, il y a quelques jours, 13e à la kermesse pro de Putte-Kapellen, il a obtenu les petits points nécessaires alors qu'il était à égalité avec son coéquipier Gianni Marchand au départ de l'épreuve (voir ici). Lennert Teugels revient avec DirectVelo sur ce scénario haletant et se projette sur ses débuts en ProTeam avec l'équipe Bingoal-Pauwels Sauces-WB en 2023.

DirectVelo : Après plusieurs Top 10, tu gagnes enfin le Challenge DirectVelo Belgique ! 
Lennert Teugels : Enfin ! C'est à l'image de ma saison en fin de compte. J'ai été régulier pendant pas mal d'années, mais cette saison, j'ai pu gagner deux courses UCI. À force de rouler sur Zwift, j'ai pu améliorer mon sprint. En faisant des efforts d'une minute en compétition virtuelle, j'ai pu améliorer mes qualités de puncheur. Cette année, plus que jamais, j'ai pu disputer un bon nombre de courses qui me convenaient. Du coup, j'ai pu souvent m'exprimer.

Tu avais justement attaqué ta saison pied au plancher avec plusieurs accessits lors du Tour du Rwanda... 
J'étais content de mon résultat, même si je n'étais pas encore à 100% étant donné que j'avais eu la Covid quelques semaines auparavant. Ensuite, j'ai disputé deux courses plates aux Pays-Bas qui ne me convenaient pas vraiment. J'ai enchainé avec le Tour de Normandie qui a été parfait pour me mettre en forme. Le parcours n'était pas assez difficile pour faire des différences. Chaque étape s'est jouée au sprint, une situation qui m'a permis de ne pas ressortir de ces sept jours de course totalement cuit. 

Puis tu es passé à deux doigts d'un premier succès UCI en perdant le général de Belgrade-Banja Luka le dernier jour... 
J'aurais dû gagner cette course. J'avais vraiment le sentiment que j'étais le plus fort quand la route s'élevait. L'équipe Mazowsze Serce Polski protégeait Jakub Kaczmarek. Elle a fait en sorte de bien me tasser quand elle le pouvait... Elle n'a pas été réglo. Mais le lendemain, c'était oublié. 

« UNE PETITE COUPURE QUI M'A FAIT DU BIEN »

Puis tu as remporté une étape du Tour de Grèce ! 
J'ai totalement profité de la chute dans le dernier virage pour m'imposer, mais bon, c'était mérité après toutes les places d'honneur que j'ai eues dans ma carrière. Nous sommes sortis à une vingtaine dans une bosse de trois kilomètres à 8% et nous avons sprinté pour la victoire. En étant prudent, j'ai pu éviter la chute. J'ai gagné en ayant pourtant pris un minimum de risques. Pour une fois que la prudence paie... Pour le général, Aaron Gate a fait ce qu'il fallait le premier jour mais nous étions de force égale quand ça grimpait (il a terminé 2e du général, NDLR).

Tu as connu un petit passage à vide au début de l'été avant que l'on ne te revoit au Tour de Wallonie, fin juillet...
J'ai attrapé un rhume et à ce moment-là, les courses s'enchainaient. J'ai fini plusieurs courses sans être acteur. Après le Championnat de Belgique, il y a eu une petite coupure qui m'a fait du bien. Je suis en effet revenu pour le Tour de Wallonie où il y avait quatorze WorldTeams au départ. Donc, je savais que ce serait difficile de faire un classement. Alors je suis parti en échappée le premier jour pour aller chercher le maillot de meilleur grimpeur. Le plan a fonctionné. Le lendemain, j'ai souffert. Victor Campenaerts et Florian Vermeersch ont mis en route très tôt et j'ai dégusté. Ce Tour de Wallonie a été fou. Chaque jour, j'avais l'impression qu'on prenait le départ d'une course d'un jour.

Au mois d'août, tu es allé chercher une 14e place au Franco-Belge et un Top 10 sur la PolyNormande...
C'étaiit dans la lignée du Circuit de Wallonie, avec des arrivées en bosse. Quand ce n'est pas trop raide, je peux bien finir. Sans être un sprinteur, mon punch peut m'apporter des placettes. C'est, d'ailleurs, peut-être quelque chose à exploiter pour l'année prochaine.

Après un mois de septembre durant lequel tu enchaînes les épreuves sans véritablement performer, tu as claqué ce nouveau succès sur les routes du Tour d'Iran ! 
En septembre, il y avait beaucoup de kermesses pros. J'y participais pour rester actif, mais ce qui m'intéressait, c'était évidemment le Tour d'Iran. Le jour de ma victoire, le dernier kilomètre était en montée. J'ai battu Saeid Safarzadeh que je ne connaissais pas. Je me méfiais surtout de Jesse Ewart. Le lendemain, Saeid Safarzadeh nous a mis la misère dans la dernière bosse qui était vraiment raide. Je n'avais pas récupéré de la veille avec le contrôle anti-dopage et le long transfert... 

« JE M'ÉTAIS FAIT UNE RAISON »

Après ce Tour d'Iran, tu t'es retrouvé à 19 petits points de la première place du Challenge DirectVelo-Belgique derrière ton coéquipier Gianni Marchand. Et il te restait deux courses pour passer devant : le Mémorial Rik Van Steenbergen et la kermesse pro à Putte-Kapellen, sur deux profils tout plats qui ne te conviennent pas du tout... Mais tu es revenu ! 

En temps normal, je ne mêle pas à ce genre d'arrivées. Compte tenu de la situation au Challenge, je me suis dit que j'allais essayer de me placer. J'ai lancé Thibau Verhofstadt et puis derrière, je suis resté à ma place et ça m'a permis de revenir à hauteur de Gianni Marchand lors du Mémorial Rik Van Steenbergen. Je me suis retrouvé à égalité de points ave Gianni (Marchand) avant Putte-Kapellen. Là-bas, c'était mal parti car on a dû chasser derrière un gros groupe dans lequel on était mal représentés. Mais finalement, j'ai pu me mêler au sprint final et remonter des coureurs dans les derniers mètres en trouvant une ouverture. On ne pouvait pas faire plus passionnant pour le Challenge ! 

Ces belles prestations t'ont permis de convaincre la ProTeam Bingoal-Pauwels Sauces-WB de t'offrir un contrat pro pour 2023 ! 
Les premiers contacts dataient de début août. J'ai reçu un email de Christophe Brandt. Nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes vite mis d'accord. J'ai signé pour deux ans, c'est absolument formidable. J'ai toujours gardé en moi ce rêve de passer à un niveau supérieur, même si avec les années, je m'étais fait une raison. Je peux remercier l'équipe Tarteletto-Isorex qui a beaucoup progressé ces dernières saisons : le matériel et le programme sont de qualité. C'est la preuve qu'on peut aussi monter à un niveau supérieur grâce à cette équipe. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres après moi. Je suis content de recevoir une chance à 29 ans. Les équipes s'obstinent dans le jeunisme alors qu'elles feraient parfois mieux de regarder des coureurs plus âgés, mieux armés pour le monde professionnel que des jeunots de 19-20 ans ayant gagné un interclub et qui passent pro directement après.

Qu'attends-tu de cette nouvelle expérience ? 
L'équipe est en pleine reconstruction, il y a beaucoup de départs et de nouveaux. Je m'attends à être dans le groupe des grimpeurs. J'ai fait comprendre à l'équipe que je ne souhaitais plus disputer d'épreuves telles que la Bredene Koksijde Classic à l'avenir. L'équipe a l'ambition de développer son programme en Italie. C'est parfait pour moi. Les profils me conviennent là-bas. Les Classiques wallonnes m'attirent aussi, même si je sais qu'y obtenir un résultat est impossible. Prendre l'échappée et montrer le maillot seront, en revanche, des objectifs dans mes cordes sur ces courses-là.  

Vas-tu modifier ta préparation hivernale ?
Contrairement aux autres saisons, j'aurai déjà deux stages hivernaux de quinze jours. Je serai donc moins sur Zwift en janvier-février. J'essaierai quand même de participer au Championnat du Monde mais je pense qu'il tombera en même temps que le Tour d'Andalousie ou le Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Je vais faire du rouleau en novembre et en décembre. Pour le moment, j'entretiens la forme en diminuant mes heures sur le vélo, mais je ne suis pas le genre de gars qui coupe totalement pendant quatre semaines.

 

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