Marie Patouillet : « Me confronter à des filles bien meilleures que moi »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Marie Patouillet a terminé sa semaine de Championnat de France par la discipline où tout a commencé pour elle dans le vélo, le 500 mètres départ arrêté. Dimanche, dans l'épreuve remportée par Mathilde Gros devant la Championne du Monde Marie-Divine Kouamé, la représentante de Créteil Kronos s'est classée 5e. "J’ai commencé par le sprint car je prends énormément de plaisir à faire du 500 mètres. S’il n’y avait pas le 500, il n’y aurait aucune autre épreuve d’endurance. J’ai un profil musculairement parlant qui correspond plus à de l’endurance mais si on me retire le sprint et en particulier le 500, je ne fais pas d’endurance, explique la Championne du Monde de paracyclisme sur route à DirectVelo. Ce qui me plait dans le 500, c’est l’explosivité du départ, le fait de devoir être réactive tout de suite. Si le départ est loupé, la course est loupée. C’est le fait de devoir serrer les dents avec de la douleur lactique à la fin de l’épreuve. Tout cumulé, j’adore. C’est une course contre soi-même, c’est d’abord un chrono et après, on se compare aux autres". En octobre dernier, sur la piste de Saint-Quentin, au moment de faire les comptes, elle s'est classée 2e du Championnat du Monde handisport de la discipline.

« JE SAVAIS QU'UN JOUR JE NE POURRAIS PLUS COURIR »

Cette sensation lui rappelle les sports qu'elle pratiquait avant le vélo. "C’est quelque chose que j’aimais beaucoup quand je courais et que je pouvais aussi skier avec les slaloms. Je suis née avec la malformation et je savais qu’un jour, je ne pourrais plus courir. J’ai surfé, j’ai skié, j’ai fait du tennis. J’ai nagé, joué au hand, au rugby… J’ai fait tous les sports qui nécessitaient mes deux jambes et de pouvoir courir, avant que ce moment où je ne pouvais plus du tout courir n’arrive. Maintenant, je m’exprime sur le vélo", rappelle Marie Patouillet qui s'est lancée dans le vélo en 2018.

À Roubaix, la cycliste de 34 ans avait un titre de Championne de France Elite à défendre : celui de la poursuite par équipes avec le comité Ile-de-France. Cette année, le quatuor fleurdelysé s'est incliné en finale face au Centre-Val de Loire mais elle occupait le même poste de démarreuse. "C’est un rôle qu’on m’avait déjà attribué l’année dernière au Championnat de France. L’année dernière, j’étais partie sur 1,5 km à fond. Là, on a réduit. Pour être honnête, je n’ai pas préparé grand-chose. C’est vraiment ma reprise. J’ai coupé après le Championnat du Monde handisport fin octobre. J’ai repris il y a quelques semaines. L’objectif était de retrouver des sensations sur le vélo et du plaisir. En tant qu’athlète handisport, pouvoir courir avec des athlètes de l’équipe de France Elites, c’est une chance. C’était une chouette expérience".

« UNE FACULTÉ À SUPPORTER LA SOLITUDE À L'ENTRAÎNEMENT »

La double médaillée des Jeux paralympiques de Tokyo, en poursuite et sur route, prend ce Championnat de France Elite comme "une étape dans la planification vers les Jeux de 2024. Quand je suis rentrée de Tokyo, avec Greg (Baugé, son entraîneur, NDLR), on a directement défini l’objectif Paris 2024. Tout ce qui viendrait avant, ce serait des étapes pour valider la planification. Mon pic de forme sera à Paris", annonce-t-elle. À Roubaix, elle portait le maillot du groupe sportif Créteil Kronos, une équipe piste UCI. "Ça m’apporte de participer à des compétitions internationales valides. Je suis assez réaliste sur le fait que le niveau sera très fort. Ça me permet d’aller me confronter à des filles qui sont bien meilleures que moi. C’est peut-être ce qui manque dans le handisport en France, surtout en sprint. Je m’entraîne toute seule à l’INSEP. Il me manque un peu des coéquipières. Avec cette Team, ça va m’apporter de la stimulation". L'INSEP a donc un grand rôle dans la préparation de ses objectifs. "J’ai trois séances de muscu par semaine. J’ai des créneaux sur la piste. Je fais partie du Cercle de Haute Performance de l'ANS. Je bénéficie d’aides personnalisées. L’accès à l’INSEP en fait partie. Je fais aussi partie de l’Armée des champions, qui me permet de vivre de mon sport".

Sa saison handisport sera rythmée par les Championnats de France route et piste avec l'objectif du Championnat du Monde, avec peu de compétitions. Mais cela ne la dérange pas. "J'ai la chance de ne pas avoir beaucoup d'antériorité dans le vélo, j'ai commencé en 2018. Je n'ai pas trop d'éléments de comparaison, j'ai toujours été comme ça. Peut-être que j’ai une faculté à supporter la solitude à l’entraînement et le manque de compétitions, plus facilement. Je me dis que mon objectif est Paris, sinon je ferai autre chose".

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