Corentin Ermenault : « Mentalement, il faut que ça suive »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Deuxième jour de course et déjà une victoire pour Corentin Ermenault, sous ses nouvelles couleurs du Team Bricquebec Cotentin. S’il a actuellement plus la tête à la piste qu'à la route, ses jambes n'ont pas empêché l’ancien coureur de l’AVC Aix-en-Provence de gagner proche de chez lui, à Bras, pour la sixième épreuve des Boucles du Haut-Var (voir classement). Pourtant, la condition était loin d’être optimale pour celui qui n’a que très peu sorti le vélo de route ces derniers temps, et qui n’avait donc qu’un jour de course dans les pattes, outre ses compétitions sur piste. Le Picard - qui réside désormais à Nice - est revenu avec DirectVelo sur sa journée, et ce compteur déjà débloqué avec la formation normande de N2, avant d’embarquer pour Jakarta dès demain. 

DirectVelo : Tu es un peu un globe-trotter en ce début de saison, mais tu profites aujourd'hui d'être non loin de la maison pour faire mal à tout le monde !
Corentin Ermenault : Faire mal à tout le monde, c'est un grand mot. Mais je profite d'être à côté pour venir et faire des courses sur route. Je n'en ai pas trop l'occasion en ce début de saison et ça va encore s'intensifier parce que je pars demain pour l'Indonésie (pour la Coupe des Nations sur piste, NDLR). Au moins ça me permet de courir, même si ce n'est pas le début de saison idéal pour progresser. Mais il y a avant tout une qualification olympique à aller chercher. 

Tu as souvent évoqué ce besoin de décompresser, par périodes. Or, actuellement, tu sembles ne jamais débrancher... 
Mentalement, il faut que ça suive. C'est vraiment le point clef de ce début de saison. Pour le moment, je vis bien tous ces déplacements, mais ça fait un petit moment que je suis parti de la maison. Je n'ai jamais pu me poser depuis mi-décembre. Pour l'instant ça va mais ça peut péter à tout moment (rires). 

« JE ME SUIS DIT QUE J’ALLAIS BÂCHER »

Le parcours était difficile sur cette dernière épreuve de la semaine ! 
Je n'ai pas trop regardé le profil avant de partir. C'est un mec de l'équipe qui m'a dit que c'était beaucoup plus dur que prévu, j'étais un peu dégoûté (sourire). Ce matin j'ai eu Adrien Garel au téléphone, il m'a dit « t'es chaud ? » et je lui ai répondu que j'avais juste hâte de prendre l'avion et de partir à Jakarta, parce que j'adore les voyages ! Mais je voulais quand même faire la course. Ce n'était pas moi qui devais spécialement prendre les coups. C'est parti en costaud dans un GPM, j'y suis allé, et c'est bien sorti. J'étais un peu en galère au début, j'ai organisé le groupe mais j'étais dans le dur. Je me suis même dit que j'allais bâcher parce que je n'ai pas du tout le fond. À part mardi, je n'avais pas fait de sortie route depuis le 22 janvier. 

Et pourtant…
Ça m'a vraiment fait mal aux pattes mais ça s'est un peu calmé à l'avant quand on a pris deux minutes d'avance, donc ça m'a fait du bien. J'ai plutôt fait ça à l'expérience en montant tranquille quand ça a accéléré. J'ai dit aux mecs qu'on était dix, eux à cinq, donc normalement on allait revenir (lorsque le groupe de tête s'est cassé en deux, NDLR). J'ai fait quelques efforts pour recoller. C'était vraiment dur à la fin, sur les 20 derniers kilomètres, parce que ça courait un peu contre moi, je devais sauter sur tous les coups. Puis dans les dix derniers kilomètres, je voulais jouer la victoire donc là il ne fallait plus laisser partir qui que ce soit. Je savais que j'avais ma chance au sprint.

« ILS N’ONT PAS FAIT CE RECRUTEMENT POUR RIEN »

Y'a-t-il eu beaucoup d'attaques dans le final ? 
Ça a beaucoup tenté, j'ai rarement fait des courses où ça sort comme ça dans tous les sens. Vu qu'il y avait plusieurs équipes représentées par deux coureurs devant, je ne devais pas me faire avoir. C'était vraiment compliqué à gérer. J'ai pensé à un moment partir moi-même. Mais je ne pense pas que je sois capable de faire ça en ce moment. Ça m'est venu à l'esprit à 20 kilomètres de l'arrivée, mais je ne crois pas avoir ça dans les jambes à l'heure actuelle. J'ai vu que tout le monde était un peu à bloc, j'ai tenté dans la dernière bosse et j'ai fait un petit trou. Un mec de Dijon est revenu, ça ne s'est pas organisé. Mais comme je vais vite au sprint, ça ne me dérangeait pas d'attendre que ça rentre derrière. Même dans la descente ça attaquait, j'ai rarement vu ça.

Tu apportes une victoire à ta nouvelle équipe d’entrée de jeu !
C'est clair que c'est pas mal. Après, c'est faute d'argent qu'on ne m'a pas gardé (à Aix, NDLR). Mais j'y ai pensé les 30 derniers kilomètres, à cette première victoire pour l'équipe. Je les voyais sur le bord de la route, que ce soit Jean-Marie (Pézet, président, NDLR) ou Johan (Paque, directeur sportif, NDLR), ils étaient super contents. On n'a pas fait beaucoup de résultats sur les premières courses. Donc je me suis dit que pour eux, ça fait toujours bien de ramener quelque chose. Ça montre qu'ils n'ont pas fait ce recrutement pour rien.



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