Simon Pellaud : « Ça permet de retrouver la flamme ! »

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Simon Pellaud a tenu bon, en patron. Imprenable ce lundi, lors de la septième et dernière étape du Tour de Bretagne, le Suisse a pris les choses en main, en personne, dans les derniers tours du circuit local de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) pour enlever le classement général de l'épreuve de Classe 2, alors que les temps étaient gelés au passage de la cloche et que le dernier tour n’avait pour enjeu plus que la seule victoire d’étape. DirectVelo a recueilli la réaction du néo-trentenaire de la formation Tudor au pied du podium protocolaire. Entretien avec le premier Helvète lauréat d’un Tour de Bretagne (2.2) depuis sa création en 1967.

DirectVelo : Ça n'a jamais débranché sur cette dernière étape !
Simon Pellaud : Wouarf, oui ! Je ne me suis pas arrêté pour pisser cette fois-ci (rires). C’était vraiment une étape de folie, ça n’a jamais relâché même 30 secondes. C’est le vélo que j’aime, du vrai vélo, avec une course ouverte où rien n’est écrit d’avance. En WorldTour, avec des équipes comme Jumbo, INEOS etc, il n’y a pas trop de places pour les “petits” comme nous. Mais là, on peut faire du vrai vélo, courir avec de l’émotion, de la passion, c’est tout ce que j’aime. Ça permet de retrouver la flamme !

As-tu eu peur que la course t’échappe ?
Peur, non, mais je sais qu’une course de vélo n’est jamais terminée avant d’avoir passé la ligne. Les trois dernières journées ont réservé leur lot de surprises alors je m’étais promis de ne pas relâcher la pression jusqu’au passage de la ligne d’arrivée. J’ai pu savourer mon petit moment en passant à la cloche. J’avais une revanche à prendre pour mon ami Fabian Lienhard qui avait perdu le général ici le dernier jour face à Lorrenzo Manzin, en 2019. J’avais promis de le venger, pour la petite histoire. On s’appelait tous les jours pendant la course. Je pense aussi à mon pote Jhonatan Restrepo qui m’a donné un coup de main aujourd’hui (lundi).

« LE RÉSULTAT FINAL AURAIT ÉTÉ LE MÊME »

Ta formation, la seule ProTeam au départ cette année, a assumé son statut d’équipe favorite…
Quand j’ai pris le maillot, je savais qu’il allait être lourd à porter mais l’équipe a été fantastique. Ce sont tous des jeunes en formation. Gagner ici est un passage important pour le groupe, pour ces mecs qui ont été au charbon pour moi. Si l’étape avait été à son terme hier (dimanche), je pense que le résultat final aurait été le même. On avait vraiment une équipe super forte ici, on a encore réussi à bien gérer à cinq aujourd’hui. On a fait une course d’équipe fantastique. Durant toute ma carrière, j’ai passé mon temps à aider des coéquipiers et là, on s’est mis à la planche pour moi toute la semaine, c’est incroyable. On a réussi à tenir la baraque jusqu’au bout.

Que représente ce succès pour toi ?
Certains diront que ce n’est “que” le Tour de Bretagne mais pour moi, c’est beaucoup, après une année et demi compliquée. Ce Covid long a démonté ma saison 2022 et ma confiance en moi… Cette année, j’ai bien débuté la saison puis j’ai pris une grosse claque après Tirreno. J’étais au fond du seau. Il a fallu retravailler les bases et ici, en quelque sorte, je relance ma carrière. C’est fantastique. Franchement, c’est le plus beau jour de ma carrière, ma plus grande victoire. Ça vaut clairement ma seule victoire pro au Tour d’Hainan (en 2018, NDLR).

« UN GRAND MOMENT DANS MA CARRIÈRE »

Initialement, tu regrettais de ne pas être au Tour de Romandie la semaine passée…
Plus maintenant (rires). Les émotions du Tour de Romandie, je les ai déjà connues, en y étant le plus combatif et en gagnant le classement de la montagne. Ce sont des émotions gravées dans ma mémoire, que je n’oublierai jamais. Mais venir gagner le Tour de Bretagne est un grand moment de ma carrière !

Tu as mis un point d’honneur à passer en tête sur la ligne à la cloche, au moment où le classement général était figé !
C’était mon petit moment à moi. Je voulais quand même avoir une jolie photo.

Tu vas maintenant traverser l’Atlantique…
Je vais retourner en Colombie dès demain (mardi), oui.

Pourquoi ?
Je suis tombé amoureux (rires). Du vélo là-bas… Et de ma copine qui est colombienne et avec qui je suis depuis cinq ans. J’ai construit une maison là-bas. J’ai demandé à l’équipe de pouvoir y aller trois semaines pour souffler un peu et préparer la suite de la saison dont le Tour de Suisse qui sera un gros morceau pour l’équipe. Je vais prendre le temps de savourer cette victoire, récupérer un peu. Puis je me remettrai vite au travail. 

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