Océane Mahé : « C’est juste incroyable »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Près de 70 kilomètres seule dans la campagne bretonne. Deux longues heures seule au monde. Mais le jeu en valait la chandelle. Océane Mahé a eu du mal à retenir ses larmes en haut de la montée de Magenta, à Plédran. Celle qui représente le comité Grand Est a eu le temps de savourer, tant l’avance sur ses adversaires était large. L'habituelle sociétaire de l'UVCA Troyes, en N1, a dû attendre 2’43’’ pour voir Eglantine Rayer et Maeva Squiban l’accompagner sur le podium (voir classement). Pansement au coude après avoir pris une gamelle au contre-la-montre, la surprise est totale pour la Haut-Savoyarde. Océane Mahé s’est confiée à DirectVelo sur cette folle journée. 


DirectVelo : Quel numéro tu as fait !
Océane Mahé : Je ne pensais pas du tout partir d'aussi loin. Ça s'est fait comme ça, j'ai vu une opportunité, j'y suis allée et il n'était plus vraiment question de faire machine arrière. J'ai continué jusqu'au bout, je ne réalise pas trop.

Que représente ce maillot pour toi ?
C'est juste incroyable, j'en ai rêvé mais jamais je ne me suis dit que j'en étais capable. Mercredi j'ai fait un gros chrono mais je suis malheureusement tombée. J'ai glissé dans un virage et j'ai perdu pas mal de temps. Je n'étais pas très loin du Top 5, ça voulait dire que la forme était là. Je me suis dit que j'avais peut-être moyen de me rattraper sur la course en ligne et ça a marché. J'ai joué et j'ai perdu mercredi, aujourd'hui j'ai joué et j'ai gagné.

Tu voulais finir seule ?
Je pensais plutôt à ce que quelques filles reviennent sur moi pour finir. On me disait que ça ne s'organisait pas derrière, donc j'ai commencé à y croire. À un tour, avec trois minutes, je me disais que là elles ne pourraient plus revenir, même si les plus grandes spécialistes du chrono se mettaient à fond. Mais jusqu'à la flamme rouge j'ai quand même appuyé, on ne sait jamais (rires).

« ÇA NE M’A PAS FAIT PLUS PEUR QUE ÇA »

Tu savais ce qu’il se passait derrière toi ?
J'ai su qu'elles n'étaient que onze et que ça ne s'organisait pas. J'avais pas mal d'infos de l'ardoisier et sur le bord de la route, on me disait des choses. J'ai la voiture qui a pu monter aussi. Globalement je savais. Et puis sans grande surprise je savais bien qui était derrière moi...

Pourquoi es-tu partie d’aussi loin ?
Je suis sortie loin... trop loin (rires). J'ai regretté ! À cinq tours de l'arrivée, une Bretonne est sortie, j'ai vu Camille Fahy qui était très bien placée et qui n'y allait pas parce que ça faisait loin. Je me suis dit, si elle n'y va pas je dois jouer le jeu et y aller. Ça peut servir de relais, c'était elle notre leader. Mais on comptait aussi sur moi. C'est aussi parce que c'était loin que j'ai pris du temps. Derrière personnes ne pensait pas que je pourrais aller au bout j'imagine.

À quoi penses-tu pendant ces longs kilomètres devant ?
Je pense à manger, à boire. Chaque tour, je sais que je vais voir mon papa à cet endroit-là, ma petite soeur à tel endroit. J'appuie, c'est long et en même temps on est vite arrivé. Ça ne m'a pas fait plus peur que ça, je me mettais des repères, toutes les 20 minutes je mange, c'était par étape comme ça. Et le parcours était incroyable, j'ai adoré, donc c'était plaisant de rouler.

« CE MAILLOT VA PEUT-ÊTRE DÉBLOQUER QUELQUE CHOSE »

Désormais on va te voir dans le peloton !
Si tout se passe bien, je vais participer au Tour de l'Avenir et donc le porter. Mon rêve est de passer pro, faire le Tour de France. Je veux faire les plus belles courses, on verra ce que l'avenir nous réserve. Ce maillot va peut-être débloquer quelque chose.

Tu iras au Tour de l’Avenir avec des ambitions ?
Je ne sais pas du tout, je ne me suis pas projetée dessus. J'ai vu que j'étais capable de faire des bons chronos, et ce sera un contre-la-montre le premier jour. Pourquoi pas éventuellement un bon classement général. Ça va dépendre des filles au départ, mais il y a aussi des classements annexes. Et puis les deux dernières étapes sont vers chez moi. Il y a une arrivée à Megève, où toute ma famille habite. J'ai à cœur de me montrer et me faire plaisir.

« J’AI BEAUCOUP TROP DE DOUDOUS ET ÇA FAIT RIRE LES COPINES »

Comment as-tu débarqué à l’UVCA Troyes ?
Avant j'étais à la DN Auvergne-Rhône-Alpes. Comme ça n'a pas continué l'année dernière il m'en fallait une autre. Comme je fais mes études en école d'ingénieur à Nancy, j'ai regardé dans la zone Grand Est. J'ai fait deux courses avec Troyes l'année dernière, ça s'est super bien passé. Du coup sans trop me poser de questions je suis partie avec eux.

Apparemment, tu étais contente de recevoir la mascotte…
(Rires.) J'ai plein de doudous, j'en apporte toujours un sur mes déplacements, je ne peux pas dormir sans. J'en ai beaucoup trop et ça fait rire les copines. Donc au podium, quand ils m'ont donné un doudou... Bah ça fait un de plus (rires). Les filles lui ont donné un nom, je vais découvrir ça, je peux les laisser choisir.

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