Antoine Huby : « Très frustrant de ne pas pouvoir terminer »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Il aura été l’un des grands animateurs du Championnat du Monde Espoirs et aura pleinement contribué au sacre de son coéquipier du jour Axel Laurance. Malheureusement, Antoine Huby n’a pas pu participer à la fête jusqu’au bout. Victime d’une chute peu après l’entrée sur le circuit final et touché au coude, il a été contraint à l’abandon et a vu son compatriote l’emporter depuis la zone d’arrivée - notre photo ci-dessus -. Avant de partir à la faute, l’habituel coureur du Vendée U avait déjà marqué les esprits en n’hésitant pas à attendre et ramener le futur lauréat à la suite d’un incident mécanique de ce dernier. Un sens du sacrifice qui a assurément compté dans le final. Entretien avec le coureur de 22 ans.

DirectVelo : La situation semblait parfaite lorsque tu étais dans le groupe de tête avec Axel Laurance, et que Pierre Gautherat, très en jambes, était en couverture dans le peloton des favoris !
Antoine Huby : J’étais dans une situation idéale. On avait tout bien fait tous les deux. Ce n’était pas forcément notre rôle à la base d’aller dans l’échappée. Quand ça s’est fait, les gars venaient juste d’aller dans un coup. Pour les soulager, j’y suis allé à mon tour et j’ai vu que l’écart s’est creusé tout de suite. Puis Axel (Laurance) est rentré derrière, je l’ai donc attendu pour le ramener à l’avant. On a vu que ça creusait. Tout le monde s’entendait bien. On était en surnombre, ça a super bien matché.

Mais il y a eu un double coup de chaud avec vos problèmes mécaniques quasi simultanés !
On a eu des problèmes tous les deux au même moment. J’ai cassé ma roue avant tandis qu’il a eu un souci de vitesse. J’ai dit à Axel de faire d’abord son changement. Je l’ai attendu pour rentrer au plus vite car il était prioritaire sur un circuit comme ça, avec sa pointe de vitesse, même si je me sentais super bien aussi.

« MON PLUS GRAND RIVAL »

L’attendre était un choix fort !
C’était une décision personnelle. On est en équipe de France, tout le monde met son égo de côté. Je cours avec lui depuis que je suis Benjamin, ça a toujours été mon plus grand rival. Là, on est ensemble et chacun fait le boulot l’un pour l’autre, il n’y a rien à dire là-dessus, c’est normal. On a l’habitude d’attendre un leader dans nos équipes respectives chaque dimanche. Le retour dans le groupe de tête s’est très bien passé.

Et c’était ensuite à toi de devoir t’arrêter…
J’ai fait mon changement de roue. Pierre-Yves (Chatelon) n’a pas eu le droit de me ramener derrière voiture et j’ai mis plus de temps à rentrer. Mais je suis quand même rentré.

« UN PEU DE HAINE CONTRE MOI-MÊME »

Jusqu’à cette chute qui a réduit en miettes tous tes espoirs !
Dans un virage, j’ai la roue avant qui est partie d’un coup alors que ça faisait quatre fois qu’on passait là et que je n’avais jamais eu de problèmes… Je n’avais pas l’impression de passer plus vite que lors des autres tours. Je ne peux pas expliquer ce qu’il s’est passé. Je ne me suis pas forcément fait mal à un endroit, mais j’ai le coude qui a tapé fort. Je dois d’ailleurs passer des radios demain (dimanche). C’est très frustrant de ne pas pouvoir terminer. On ne sait pas comment ça se serait déroulé sans cette chute. On devait accélérer à deux tours de la fin, là où Axel est parti tout seul. Est-ce que ça aurait été lui ou moi ? Je m’en fiche, au final… Je suis fier et très heureux pour lui !

Comment as-tu vécu les dernières minutes de la course, derrière la ligne d’arrivée avec le staff de l’équipe de France, alors que tu avais pleinement contribué au titre d’Axel, sur la route, les heures précédentes ?
Je ne sais pas si j’ai commis une erreur. J’ai un peu de haine contre moi-même de ne pas pouvoir passer la ligne derrière lui et de voir au tableau d’affichage que c’est lui qui a gagné. Mais je suis quand même super heureux d’être de l’autre côté et de pouvoir le voir arriver en tête comme ça. C’est la seule chose qui comptait pour nous. On voulait juste qu’un d’entre nous arrive en tête. On l’a fait. Chacun d’entre nous fera partie de cette équipe qui a remporté le Mondial.


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