Christophe Laporte : « J’ai eu peur tout le long »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

C’est une grosse cerise pour un gâteau déjà bien imposant ! Christophe Laporte est devenu Champion d’Europe ce dimanche, au VAM-berg, au prix d’un final haletant face aux Belges Wout van Aert et Arnaud De Lie, ainsi qu’Olav Kooij (voir classement). L’équipe de France décroche ainsi son premier maillot étoilé chez les Elites. Avec une Marseillaise chantée en chœur avec les Bleus, le sociétaire de Jumbo-Visma a pris le temps de savourer ce titre, lui qui vit une année 2023 exceptionnelle. Une fois descendu du podium, Christophe Laporte a confié son émotion à DirectVelo, avant d’évoquer ce final irrespirable, et une période délicate pour lui depuis quelques semaines.

DirectVelo : Tu es Champion d'Europe !
Christophe Laporte : Je ne fais que regarder le maillot. Je me dis qu'il est plutôt sympa ! J'ai encore du mal à y croire. Je vais devoir m'habituer. L'équipe a fait un super travail pour me mettre dans de bonnes conditions. J'ai tenté le tout pour le tout, je me sentais bien. C'était du pile ou face et ça a marché. Le jeu en valait la chandelle.

Comment as-tu vécu le podium ?
J'ai toujours rêvé de chanter une Marseillaise avec les copains, je n'ai jamais été Champion de France ou autre. Je suis vraiment très heureux, entre le podium, les copains à côté. Je suis content de partager ce podium avec Wout (van Aert) et Olav (Kooij). Ils m'ont dit qu'ils étaient contents pour moi, que ce soit moi sur la première marche. J'ai une pensée pour eux malgré tout.

« J’AI SENTI WOUT REVENIR À MA HAUTEUR »

Pensais-tu faire la course dans la partie plate plutôt qu'au VAM-berg ?
Je savais que la course n'allait pas se jouer spécialement dans les bosses, mais après. Je n'étais pas confiant sur mon sprint avec des coureurs comme Arnaud (De Lie), Olav, Wout... Donc j'ai tenté un peu le tout pour le tout. Des fois ça marche, comme aujourd'hui. Et ce n'était pas spécialement prévu, sur une telle course on ne peut pas faire de plan. Dans un final difficile en petit groupe, ça ne s'entend jamais vraiment bien à l'arrière, donc quand tu as creusé ça peut le faire.

As-tu eu peur ?
J'ai eu peur tout le long. Ce n'est la bonne que quand on passe la ligne. Une fois qu'on a essayé on doit tout donner jusqu'à l'arrivée. Il y avait des équipiers derrière, mais tout le monde était un peu à bloc à moment-là, personne n'a trop envie de se tuer avant l'arrivée. J'ai surtout douté quand je me suis tourné dans la descente. Je les ai vus derrière moi mais je me disais qu'ils avaient aussi fait un gros effort pour venir me chercher. Je voulais finir sans regrets et tout donner jusqu'à la ligne.

Comment as-tu vécu ce sprint final fou ?
Je les ai vu revenir. J'ai soufflé un bon coup, j'ai essayé de virer assez vite. Je me suis dit que je devais juste aller à fond jusqu'à la ligne et on verra. J'ai senti Wout revenir à ma hauteur, mais il était aussi en bout de course, comme moi. Ils ont fait l'effort dans la bosse d'avant alors que moi j'ai lissé. Ça a réussi et j'en suis très fier, de la façon dont j'ai couru et de l'équipe de France.

« AU NIVEAU DE LA MOTIVATION, ÇA A ÉTÉ UN PEU DUR »

Quelle saison tu as réalisée !
Depuis quelques semaines ça a été assez difficile. Au niveau de la motivation, tout ça, ça a été un peu dur. J'ai essayé de garder le cap. Je me suis bien entrainé, et ça revient au bon moment. C'est toujours bien de finir sur une bonne note. J'ai un maillot, je le regarde, je me dis que je vais le porter toute l'année, j'en suis très fier. Ma saison n'est pas terminée, on va voir le maillot ! Je pense beaucoup à ma famille, au staff qui fait un super travail, mon équipe. Et j'ai une pensée pour Nathan (Van Hooydonck) qui a dû regarder ça d'un œil, et j'espère que ça lui fait plaisir.

Qu'est-ce qui t'a remis dedans après cette perte de motivation ?
Depuis le Tour je ne me sens pas tip top. J'aime beaucoup les courses au Canada donc j'ai essayé de rester motivé. J'ai fait beaucoup de sacrifices pour le Tour et le Mondial. Ça a été une longue période entre début mai et le Championnat du Monde. J'ai vraiment eu un peu de mal. Mais j'avais en tête cette course, je voulais garder cette motivation. J'avais aussi ce besoin de profiter de ma famille après Glasgow, je l'ai fait, j'ai été moins sérieux. Puis j'ai essayé de me reconcentrer au maximum sur les trois semaines passées pour le Canada et les Europe. Ce sont ces courses là qui m'ont fait garder le cap.



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