Thomas Voeckler : « C’était la gagne ou rien »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Il a passé les derniers kilomètres de la course dans la zone réservée aux staffs des différentes sélections nationales, 200 mètres après la ligne d’arrivée. Seul devant l’écran géant, Thomas Voeckler a sans doute eu le temps de s’imaginer tous les scénarios possibles et imaginables. Jusqu’à voir Christophe Laporte résister à ses habituels coéquipiers de la Jumbo-Visma, Wout van Aert et Olav Kooij, jusqu’au bout sur les hauteurs du VAM-berg, dans la province de Drenthe (Pays-Bas). Et ce d’un souffle, alors que tout le monde a sans doute eu le temps de penser que le Varois allait se faire cruellement croquer.
Une fois le verdict tombé, le sélectionneur national n’avait alors plus qu’à laisser exploser sa joie - photo ci-dessus - avant de vite courir rejoindre le nouveau Champion d’Europe et l’ensemble de ce groupe dont il est si fier. Puis, l’émotion légèrement retombée, Thomas Voeckler a pris le temps de répondre aux questions de DirectVelo derrière le podium protocolaire. Entretien.

DirectVelo : À 100 mètres de la ligne, on pouvait vraiment craindre un scénario cruel…
Thomas Voeckler : C’est sûr, ce n’était pas gagné. Mais passer ce dernier virage seul pouvait faire la différence… C’est un virage qu’il ne fallait pas prendre en deuxième position. D’ailleurs, avec le même final sans ce virage, ça aurait été compliqué. Je crois que Christophe était simplement plus fort ! Mais bien sûr que dans le dernier kilomètre, dans le virage à gauche, en bas (en face de la ligne d’arrivée, NDLR), quand j’ai vu (Arnaud) De Lie qui était encore là pour emmener Wout (van Aert)... Bon, c’est clair que c’était chaud.

Et pourtant, ça l’a fait !
Quand Wout a lancé, il n’y avait pas une grande différence de vitesse avec Christophe. Il est revenu un petit peu puis ça s’est très vite maintenu. Il avait déjà été énorme mais ce qu’il a fait là… Je sais ce qu’il ressentait dans les jambes dans ces derniers mètres, et on a encore vu qu’il est capable d’aller très loin dans l’effort.

« CHRISTOPHE A ÉTÉ TRÈS GRAND »

Quelle était la stratégie de l’équipe de France ce dimanche ? Christophe Laporte était-il le leader des Bleus ?
S’il se sentait bien, c’était la carte N°1. Sinon, on voulait une course de mouvements. Il voulait voir de lui-même dans quel état il serait, ça allait beaucoup déterminer la stratégie de l’équipe. Il fallait pouvoir aviser. On a perdu des éléments sur ennuis mécaniques, Axel (Zingle), Matis (Louvel) et Arnaud (Démare), mais on a quand même essayé. C’était contrôlé par la Belgique et le Danemark mais ils ont fini par perdre des éléments et ça s’est décanté. L’idée principale était d’avoir, même tôt, un coureur rapide devant, un coureur capable de tenir dans le final.

Puis ce groupe de favoris est sorti dans le final, avec l’épatant Sandy Dujardin en appui de Christophe Laporte… 

Sandy a été déterminant en étant là dans le final. Quand on voit la composition du groupe de tête, on peut dire que Christophe a été très grand pour faire ce qu’il a fait. C’est d’ailleurs Christophe qui a été à l’initiative de ce groupe. On n’avait pas les deux leaders contrairement aux Belges ou aux Danois mais c’était quand même un groupe qui nous convenait. Il a anticipé, il avait dit qu’il n’hésiterait pas, pour ne pas avoir de regrets et tenter le tout pour le tout.

« CE N’EST PAS UNE REVANCHE MAIS ÇA EFFACE CETTE DÉCEPTION »

Ce même Christophe Laporte avait été écarté de la course au titre mondial sur incident mécanique, il y a quelques semaines à Glasgow !
On m’a demandé si c’était une revanche. Le Mondial est un autre contexte, une autre course. On venait simplement ici pour gagner. Hier soir, on s’était dit que c’était la gagne ou rien. Bien sûr, si finalement on fait une place de 2, 3, 7 ou 10, on la prend avec plaisir mais on est là pour gagner. Pour lui, ce n’est donc pas une revanche mais ça efface cette déception.

Les Bleus restaient déjà sur trois podiums consécutifs aux Championnats d’Europe. Voilà maintenant un titre avec Christophe Laporte. Si l’on y ajoute les résultats des derniers Mondiaux, ton bilan est toujours plus impressionnant avec les Bleus !
C’est vrai que le bilan des médailles est bon depuis 2020. Il y a eu beaucoup de médailles. Bien sûr que cette série est flatteuse et qu’elle fait super plaisir. Mais là, on a gagné le Championnat d’Europe, c’est quelque chose que l’on gardera en mémoire. On savoure la journée. C’est vraiment un plaisir de sentir que les gars étaient tous ensemble, qu’ils étaient réceptifs, qu’il n’y avait pas d'ambiguïté.. C’est génial de travailler avec ce staff et ces coureurs-là.


  


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