Le relais mixte doit encore convaincre

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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Instauré en 2019 dans les compétitions internationales, le relais mixte est encore tout nouveau sur la route. Alors qui dit discipline jeune dit besoin de temps pour faire ses preuves. "Tôt ou tard, le CIO introduira cette discipline aux Jeux Olympiques. Il aime les disciplines qui font participer les hommes et les femmes ensemble. Pas encore à Los Angeles, mais je suis certain que dans un proche avenir, ce sera olympique", pense Enrico Della Casa, le président de l’UEC. Nouveauté pour le récent Championnat d’Europe aux Pays-Bas, les Juniors avaient également leur épreuve. "Cette année, nous avons introduit une épreuve pour la catégorie Juniors. Pour aider l'inscription des équipes, nous avons ouvert la participation aux chronos individuels à trois coureurs par pays. De cette manière, les coureurs du mercredi suffisent pour créer une équipe de relais jeudi", explique-t-il.

« ON VA RÉFLÉCHIR À AIDER FINANCIÈREMENT LES PETITES NATIONS »

Mais avec onze participants chez les Juniors, et seulement huit chez les Elites, les épreuves du relais mixte font grise mine. "C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de nations. J’espérais dépasser les dix équipes inscrites par course. C’est un peu décevant. Des nations importantes y sont, mais il nous en manque d'autres comme le Danemark". La Belgique, elle, était bien au rendez-vous. Mais chez les Elites, les coureurs alignés n’étaient pas vraiment les plus attendus. Directeur technique de Belgian Cycling, Frederik Broché s’explique. "Il y a une grande différence de niveaux entre nos filles et nos garçons. Chez les filles, on a Lotte (Kopecky) qui est au sommet, mais ensuite, il y a un écart avec les autres. Il serait dès lors très compliqué de se battre pour une médaille. Du coup, on ne pousse pas trop nos meilleurs coureurs à participer. Nous devons mettre nos priorités sur certaines choses, elles vont aux épreuves qui peuvent nous apporter des médailles internationales".

Ainsi, Wout van Aert ou encore Yves Lampaert, qui ont doublé contre-la-montre et course en ligne, ont fait l’impasse. Et sans surprise, l’équipe Elites n’a pas pesé. Frederik Broché évoque le budget. "D’ailleurs, aux Mondiaux, nous n’avons pas présenté d’équipe, aussi pour des raisons financières. Ça représente un budget important pour terminer 6 ou 7e. J’ai reçu quelques commentaires de l’UCI après notre non-participation à Glasgow, mais ils ne nous mettent pas non-plus une grosse pression". Du côté de l’UEC, on cherche donc à corriger le tir et trouver des solutions pour répondre. "On va poursuivre notre effort. On va réfléchir à aider financièrement les petites nations à inscrire un groupe chez les Juniors. C’est important qu’elles participent, même si celles-ci pensent à la base qu’elles n’ont aucune chance de gagner une médaille. On espère que ça les stimulera à venir en Belgique pour les Championnats d’Europe en septembre prochain", répond Enrico Della Casa.

« CHEZ LES JEUNES, UNE MANIÈRE DE CONTINUER À FAIRE PROGRESSER NOS COUREURS »

Heureusement, il y a aussi des bons élèves. À l’image de l’équipe de France qui a toujours voulu jouer le jeu à fond. "Depuis 2019, on a eu quelques compositions, mais là, on a trouvé une certaine stabilité. Ils commencent à vraiment bien se connaître dans cet exercice. Quand la discipline est arrivée, on s’est dit qu’on voulait monter dans le train et y aller à fond", révèle Julien Thollet, qui a vu l’équipe Elites devenir Championne d’Europe. "Les trois filles et les trois hommes Elites qui sont au départ du relais mixte sont nos six derniers Champions de France du chrono individuel. On ne pouvait pas composer une meilleure sélection". Mais les places libres manquent au calendrier pour travailler une discipline qu’ils pratiquent deux fois dans l’année. "Ce n’est donc pas simple de les réunir pour un stage. On en a programmé pour le chrono. On avait surtout les Elites femmes, et des Juniors femmes et hommes".

Pour les Bleus, le meilleur compromis reste d’y accorder du temps dans les heures qui précèdent l’événement. "On travaille donc beaucoup pendant les dernières 48 heures. Pierre Idjouadiene nous a beaucoup aidés. On a travaillé sur l’aspect théorique et notamment l’étude du parcours. On a beaucoup discuté ensemble. Puis, on réalise évidemment une application terrain, mais ce n’est pas simple parce qu’ils ont aussi le contre-la-montre individuel à ce moment-là". Quant aux Juniors, la mayonnaise semble davantage prendre, puisque le travail du contre-la-montre s’inscrit dans un processus de développement. "Chez les jeunes, on le voit comme une manière de continuer à faire progresser nos coureurs. Et là, c’est positif, ils ont bien fait ça", applaudit Frederik Broché. "On essaye de les acculturer à cette discipline. Ils la courent déjà au Championnat de France", ajoute Julien Thollet.

« IL FAUT RECONNAITRE QUE LA DISCIPLINE EST À LA PEINE »

Côté belge, la situation évoluera selon les féminines. "On espère que des filles viendront grossir la base d’athlètes sur qui on peut compter. On a par exemple Julie De Wilde, mais elle est Espoir et on ne peut pas lui demander de courir mercredi le chrono, jeudi le relais et vendredi la course en ligne", constate Frederik Broché. Quant à l’équipe de France, on veut avoir un coup d’avance. "Les rumeurs disent que ça finira aux Jeux. Quand ce sera le cas, on aura certainement davantage de moyens pour développer cette discipline", espère Julien Thollet. Enrico Della Casa ne désespère pas de voir le nombre de participants gonfler. "Cette année, nous avons donné la possibilité aux nations des groupes UCI 3 et 4 de pouvoir composer une équipe ensemble. Mais elles n’en ont pas profité, c’est dommage. Nous allons continuer à les soutenir pour qu’elles y prennent part. Cette discipline est récente, mais il faut reconnaître qu’elle est à la peine". Le constater est déjà un bon pas vers une évolution.

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