Romain Grégoire : « J’aurais dit oui »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Romain Grégoire est sur le point de boucler sa première saison complète chez les professionnels. Avec au programme plusieurs courses par étapes WorldTour, un premier Grand Tour sur la dernière Vuelta, et surtout cinq premières victoires acquises sur des courses françaises (4 Jours de Dunkerque et Tour du Limousin), le coureur de la Groupama-FDJ a déjà eu un premier tour d'horizon, avant de disputer son premier Monument ce samedi, sur le Tour de Lombardie. Romain Grégoire est revenu avec DirectVelo sur cette première au plus haut niveau international, qui lui a déjà permis d'en savoir plus sur le coureur qu'il pourrait être amené à devenir ces prochaines années. 

DirectVelo : Que représente le Tour de Lombardie pour toi ?
Romain Grégoire : Ça reste un Monument, donc forcément l'une des plus belles Classiques de l'année. En plus avec l'ambiance italienne, le beau parcours, c'est une fierté d'être au départ. Ça va peut-être être un peu juste pour cette année, mais j'espère y briller dans les prochaines années. Ce sont les Classiques qui me font rêver, et où j'espère jouer un rôle un jour. Sur un tracé comme celui de demain pas forcément, car c'est montagneux. Mais sur le parcours plus traditionnel qui arrive à Côme c'est plus punchy, alors pourquoi pas. Je vais pouvoir me rendre compte du niveau du Lombardie et mesurer ce qu'il me reste à travailler.

Pourquoi les coureurs apprécient-ils tant l'Italie ?
Je ne sais pas trop le décrire. Mais c'est l'Italie où je préfère courir, de loin devant les autres pays, comme l'Espagne. C'est une atmosphère, une culture du vélo. Les gens sont passionnés. Le spectacle est là aussi, il y a toujours des belles arrivées, dans de beaux endroits, avec des monuments, des drapeaux dans tous les sens... Ça rend la course différente.

Qu’espères-tu ce samedi ?
Je ne me fixe rien de précis, déjà faire le boulot au maximum pour Thibaut (Pinot) ou Valentin (Madouas). J'aurai à cœur de faire du bon travail d'abord. Et dans un second temps, personnellement, mesurer ma forme trois semaines après la Vuelta, voir ma récupération et comment je me sens pour bien clôturer cette saison.

Le contexte est particulier avec Thibaut Pinot qui dispute sa dernière course...
C'est une fierté d'être là. En 2019, quand je criais sur mon canapé je ne m'imaginais pas partager sa dernière course. Je pense que lui reste focus sur demain, il y a beaucoup d'excitation mais il faut rester concentré. Il a à cœur de faire une belle course. Mais il n'y a rien de révolutionnaire quand on fait 70 jours de course par an. C'est un peu toujours pareil, même si Thibaut est un personnage et qu'on sent que c'est un peu différent. 

« ÇA ME POUSSE À TRAVAILLER ENCORE PLUS CET HIVER »

Tu as disputé ton premier Grand Tour à l’occasion de la Vuelta. Quel bilan en fais-tu ?
Je vais essayer de ressortir le positif, même si je m'arrête au résultat et qu'il manque la victoire d'étape que j'espérais. Je ne suis pas passé loin, mais elle n'est pas là. Je me dis surtout que j'ai réussi à ne pas avoir de jours sans, j'ai eu un niveau correct pendant trois semaines. Mais il m'en a manqué physiquement. Il y a eu trop de jours où l'échappée est allée au bout et je n'avais pas la force pour être dedans. Ça me pousse à travailler encore plus cet hiver et dans les prochaines semaines. Lors de mon prochain Grand Tour, j'aurai besoin d'être dans ces échappées-là pour être satisfait.

Comment tu te sens, justement ?
Je me suis senti bien fatigué, notamment mentalement. Mais physiquement les jambes vont plutôt pas mal. J'ai eu un peu de mal au Tour d’Emilie à remettre en route, c'était poussif, mais ça allait déjà un peu mieux aux Trois Vallées Varesines. Je suis content de la forme, le Grand Tour m'a fait du bien.

Comment juges-tu ton année ?
Mon année est quand même bonne, je suis satisfait. On m'aurait dit cinq victoires pros la première année, avec des classements généraux en plus, j'aurais dit oui. J'ai répondu présent quand l'équipe m'attendait. Mais j'ai manqué un peu de niveau sur les courses WorldTour. À part aux Strade Bianche, je n'ai pas été présent à ce niveau. Ce n'est pas grave, il faut simplement travailler. Je ne suis pas encore au niveau que j'espère avoir, mais je ne m'inquiète pas, ça va venir. Le fait d'avoir fait des courses WorldTour d'une semaine ainsi qu'un Grand Tour va me faire passer des caps.

On sait que tu aimes gagner par-dessus tout, mais tu arrives à accepter que ce soit plus compliqué en WorldTour ?
Je n'ai pas eu trop le choix (sourire). Mais il fallait s'y attendre aussi. Je suis réaliste, c'est le plus haut niveau de notre sport. Je n'étais pas à la rue non plus, j'ai pu jouer un rôle quand il le fallait.

« J’AI TOUT CE QU’IL FAUT »

De quoi auras-tu envie l'an prochain ?
J'imagine bien une saison comme celle-ci. Entre les courses WorldTour et les françaises, en essayant de jouer la gagne le plus souvent possible. C'est ce qui m'anime vraiment. Moi j'ai vraiment envie de continuer sur les courses françaises le plus longtemps possible. Ce sont des courses où je peux jouer, je m'amuse. Maintenant il va falloir réussir à monter les crans pour jouer la gagne sur une course du WorldTour, profiter d'une bonne occasion, dans un bon jour, pour y lever les bras.

Quel va être le programme de l'hiver ?
Peut-être deux-trois cross régionaux. Mais j'ai du mal à voir comment il est possible de faire une vraie saison, en étant performant, après une année de route comme celle-là. Certains y arrivent mais moi je ne me sens pas de le faire. J'ai besoin de souffler, passer du temps avec mes proches... J'ai passé pas mal de jours loin de la maison. Vu mon calendrier, si je fais du cross, ce sera en rentrant du stage fin décembre jusqu'à mi-janvier. Mais c'est une période avec les fêtes de fin d'année où j'ai envie d'être en famille.

Ton contrat avec la Groupama-FDJ se termine fin 2024. Penses-tu déjà à ton avenir ?
Pour l'instant, je n'y ai pas du tout pensé. Ça risque d'arriver rapidement, on devrait reparler contrat sans doute dès le printemps. Mais je verrai à ce moment-là. Je ne regrette pas du tout d'avoir signé ici pour mes premières années. C'est une bonne équipe pour grandir, j'ai tout ce qu'il faut.

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