Alexandre Delettre : « Je serai peut-être plus heureux »

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

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C’est un coup dur qu’il n’avait pas véritablement vu venir. Après deux saisons à faire le boulot d’équipier pour ses leaders chez Cofidis, Alexandre Delettre n'a pas été prolongé par le manager général Cédric Vasseur. L’athlète de 26 ans sera toujours dans le peloton professionnel l’an prochain malgré tout grâce à la proposition de contrat de Stéphane Javalet. C’est ainsi au niveau Continental, chez St-Michel-Mavic Auber 93, que le Gardois évoluera en 2024. Une troisième expérience professionnelle après Cofidis et Delko. DirectVelo a profité de l’intersaison pour revenir sur ce changement d’équipe avec Alexandre Delettre.

DirectVelo : La fin de saison 2023 a dû être pénible et stressante…
Alexandre Delettre : Ça s'est fait tardivement. L’équipe devait me garder. Enfin, disons qu’on me faisait patienter. J’ai continué à faire mon boulot, j’ai respecté mes engagements. Puis quand j’ai appris que ça n’allait pas le faire, je me suis mis à chercher autre chose mais on avait déjà passé le 15 septembre… Il fallait que j’essaie de vite me retourner. J’ai cherché une autre WorldTeam ou une ProTeam. Dans le même temps, je me suis mis à penser à moi pour la première fois sur les courses. J’ai essayé de faire mes propres résultats sur les dernières compétitions du calendrier. Il fallait que je me bouge et que je devienne un peu plus individualiste, je n’avais pas le choix. J’ai pu chercher quelques accessits même si parfois, j’aurais pu faire un peu mieux (il a notamment terminé 6e du Tour de Vendée, NDLR). Je me suis prouvé à moi-même que j’en étais encore capable.

« PERSONNE NE M’A JAMAIS RIEN REPROCHÉ »

N’y avait-il pas également l’envie de montrer à Cédric Vasseur qu’il faisait peut-être une erreur ?
Ce n’était pas pour lui, pas pour eux… Je cherchais simplement une équipe. S’ils ne veulent pas me garder, ce n’est pas un problème, c’est leur droit. Même si je considère avoir toujours bien fait mon boulot pour l’équipe. En tout cas, personne ne m’a jamais rien reproché. Mais je ne comprends pas le fait d’attendre le dernier moment, je n’ai pas été mis dans de bonnes conditions. Quand tu apprends ça fin septembre, ce n’est pas facile de se retourner. Avec la possible fusion de la Jumbo-Visma et de Soudal-Quick Step, les équipes étaient dans l’attente, ça n’a pas facilité mes recherches. Mais il a fallu faire avec. Stéphane Javalet m’a contacté, en sachant qu’il l’avait déjà fait lorsque j’étais chez Delko et que ça devait arrêter. Je le connais depuis un moment. 

As-tu le moindre regret, le sentiment que tu aurais pu faire certaines choses différemment durant ces deux saisons chez Cofidis ?
Le seul truc que j’aurais pu faire différemment, c’est penser un peu plus à moi, essayer de faire des résultats personnels. Si ça avait été le cas, j’aurais peut-être pu trouver un contrat dans une autre équipe du WorldTour. On aurait aussi pu me garder pour les points UCI, peut-être. Pour le reste, je considère avoir fait ce qu’on m’a demandé.

« CHERCHER DES RÉSULTATS POUR PERDURER DANS LE MILIEU »

Tu seras donc au niveau Continental en 2024. Le vis-tu comme une régression ?
Non, pour moi ce n’est pas du tout un échec ou une descente. Auber est une équipe pro, point. Bien sûr, ce n’est pas une équipe qui dispute les courses WorldTour, les Grands Tours etc, mais il y aura de quoi faire. Je n’étais pas forcément plus heureux sur le vélo en faisant ce que je faisais avec Cofidis. Chez Auber, je serai sûrement protégé sur pas mal de courses, j’aurai le plaisir de jouer devant. Je serai peut-être plus heureux. Faire des courses WorldTour toute l’année sans jamais pouvoir s’exprimer, ce n’est pas forcément marrant alors que l’an prochain, j’imagine que je vais retrouver des libertés.

Après Delko et Cofidis, ce sera déjà ta troisième équipe professionnelle à 26 ans ! Te considères-tu désormais comme un coureur expérimenté ?
J’arrive à un moment important de ma carrière. J’ai peut-être été trop longtemps dans l’idée du coureur en apprentissage. Mais le temps passe vite. J’ai besoin de retrouver le rôle qui était le mien chez les amateurs puis avec Delko. Je dois aller chercher des résultats pour perdurer dans le milieu.

« JE DOIS ME LIBÉRER MENTALEMENT »

On imagine qu’Auber ne doit être qu’une passerelle pour se relancer et que tu ne comptes pas t’y éterniser…
Bien sûr, c’est aussi le but de l’équipe. Ils ont conscience que je veux repasser au-dessus à terme et c’est normal. Je ne vais pas arriver là-bas dans la peau du jeune néo-pro qui se lance et qui va apprendre le métier. Je dois performer, me faire plaisir et leur apporter des résultats.

Depuis tes débuts chez les pros, tu as décroché quelques Top 10 : sur une étape de l’Arctic Race, trois fois sur la Polynormande (4e en 2019), lors de la Classic Loire-Atlantique ou encore au Tour de Vendée. Comment imagines-tu la saison 2024 ?
En jouant dans le final des courses. Mais ce serait mentir d’affirmer que je vais forcément faire des résultats, que j’en suis persuadé. Ce qui est sûr, c’est que j’ai la motivation de bien faire. Je vais avoir besoin de retrouver la confiance. Je dois me libérer mentalement, je vais tout faire pour. Je dois me convaincre que c’est possible car j’ai peut-être fini par oublier l’idée que je pouvais le faire. Je vais avoir du temps pour préparer des périodes d’objectifs. Chez Cofidis, j’ai beaucoup couru à des périodes où ce n’était pas forcément prévu, en remplacement d’autres coureurs etc. Là, je pourrai un peu plus cibler des périodes. Et ça commencera dès le début de saison avec les courses pas loin de la maison, surtout l’Étoile de Bessèges.

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