La Coupe de France sur deux jours, « un modèle qui marche »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Pour la troisième année de rang, deux manches de Coupe de France de cyclo-cross par week-end étaient au programme cette saison. Les raisons de cette duplication - six courses pour trois week-ends - étaient nombreuses à l’époque où elle a été décidée par la Fédération Française de Cyclisme. “Les Français manquaient de points UCI. C'était la première raison par rapport aux meilleurs internationaux, en particulier chez les jeunes, rappelle à DirectVelo François Trarieux. Les déplacements coûtent très chers. Ça permet aussi de limiter les frais plutôt que de traverser la France pour une journée de compétition”. Autre argument, permettre à un organisateur d’annoncer plus de nuitées aux collectivités et ainsi trouver plus facilement des subventions. “C’est un modèle qui marche”, juge auprès de DirectVelo le sélectionneur national.

Les équipes interrogées par DirectVelo partagent son avis. “C'est mieux d'un point de vue logistique quand tu dois faire 1000 kilomètres. On déplace deux camping-cars, un camion atelier, deux véhicules légers. Quand tu fais ça pour une course, ce n'est pas gérable, estime Guillaume Annoye, le manager de l’AS Bike Racing. On avait pris la décision de ne plus venir car c'était trop compliqué financièrement et logistiquement, même pour les coureurs”. Pour les équipes qui paient leur personnel à la vacation, le coût est forcément double. “La logistique reste très simple”, assure Rudy Guevel, le manager de l’équipe FFC Guevel Articréations. Pour ceux qui ne sont pas accompagnés par une équipe, un club ou un comité régional, il faut compter en revanche une fois de plus sur le dévouement des proches pour partir une journée plus tôt.

UNE DES DEUX MANCHES EN C1 ?

S’ils sont peu nombreux à s’agacer de ces week-ends bien chargés, certains notent des choses à améliorer. Guillaume Annoye aimerait par exemple avoir une des courses du week-end en C1 plutôt que les deux épreuves en C2. “Ce serait intéressant… C'est un peu plus cher pour un organisateur mais le week-end dernier, nous n’étions pas à la Coupe du Monde Élites en Italie où les coureurs auraient marqué plus de points. Cette course aux points est importante, on en tient compte”. Il apprécie en revanche la séparation des courses Élites et Espoirs chez les hommes dès le samedi depuis cette année. “On avait tout de suite vu que le système ne fonctionnait pas. Le samedi, les coureurs se mettaient à bloc. On voyait bien que certains Espoirs faisaient le départ et un déblocage de 20 minutes. Ensuite, ils laissaient filer et le lendemain (dimanche), la course U23 était faussée. Il faut rester comme ça l’est maintenant”.

Parmi les critiques qui reviennent, le terrain vite abîmé avec six courses dès le premier jour. “1000 coureurs sur deux jours, c'est énorme, ça fait beaucoup de monde. Faire deux manches de Coupe de France le même week-end, c'est compliqué au niveau du terrain avec les conditions météo. Il y a peut-être un peu des choses à revoir…”, observe Stéphane Leclère, pas un grand adepte de ce format. L’organisateur du cyclo-cross de Flamanville et son équipe ont ainsi dû adapter leur circuit le samedi soir, entre les deux manches. Le terrain défoncé avait ainsi considérablement augmenté les portages et donc les temps au tour. “On doit trouver des solutions pour que le circuit soit bien roulable sur deux jours. Il faudra peut-être fermer des parties du parcours le samedi. Les parcours sont vite mis à contribution quand on a un hiver comme celui-ci”, confiait François Trarieux, mi-novembre, lors de la Coupe de France d’Albi courue dans la boue.

Mais a contrario le sélectionneur voit aussi un avantage au circuit dégradé. “Auparavant, pour les jeunes, le parcours était peut-être plus facile mais ils ne faisaient jamais de portage. Ce week-end à Flamanville, ils ont été obligés d’en faire. Ça fait partie de leur préparation depuis les Cadets. Maintenant, ils ont ce bagage quand on les récupère en équipe de France”.

« IL Y AURA FORCÉMENT DES ÉVOLUTIONS QUI ARRIVERONT »

François Trarieux a dû mal à comprendre les critiques sur le fait que les coureurs ont plus couru à pied que passé du temps sur leur vélo à Flamanville. “De dire que c'est du cross country cyclo-cross, je ne suis pas d'accord. Il y a beaucoup de portages en Coupe du Monde, parfois un peu trop, mais c'est aussi aux organisateurs de l'anticiper. Ce n'est pas en critiquant qu'on structure une discipline et qu'on fait avancer les choses”. Il souhaite retenir avant tout les performances des coureurs. “Si on prend un peu de recul, qu'est-ce qui ne va pas au final ? Tu auras toujours des gens derrière leur écran qui seront là à dire ce qui ne va pas. Ce que je vois, c'est que le modèle de la Coupe de France marche, il n'y a pas de discussion à avoir. Quand on regarde la hiérarchie au niveau international, on a des résultats. Si on demande aux coureurs, ils sont contents et c'est ça le plus important”.

Aucun concurrent sondé par DirectVelo ne s’est plaint d’avoir eu deux courses très difficiles à Flamanville. “Au-delà du côté financier et des points UCI, ça nous permet plus de confrontations au niveau national, ça entraîne le corps à mieux récupérer et ça oblige les coureurs à avoir une très bonne régularité pour jouer le classement général”, résume l’Espoir Guillaume Bagou. “Ça dépend des aptitudes des coureurs. Pour les Élites par exemple, ça passe sans problème, ils sont contents”, juge Rudy Guevel. “Certains sont plus forts sur une course et d'autres plus sur la seconde. Ce n'est jamais le même résultat, même si on retrouve toujours sensiblement les mêmes. Mais c'est bien de se jauger sur deux courses au lieu d'une”, pense Guillaume Annoye.

Cet hiver, le programme à rallonge de la Coupe du Monde a été très critiqué. Certains militent pour doubler les manches le week-end et ainsi libérer les coureurs à d’autres moments pour leur permettre de souffler, de se préparer ou de disputer d’autres challenges de régularité. “On dira que c'est un modèle qui se rapproche de la Coupe de France, imagine François Trarieux. Ce modèle est dans l'air du temps quand on regarde ce qui se passe en Grande-Bretagne, aux États-Unis....dans des nations où il y a de gros déplacements à faire, c'est ce modèle-là, samedi-dimanche. Il faut  arrêter de se comparer aux Belges. Ce sont des entreprises privées qui gèrent en Belgique. C'est comme si ASO s'occupait du cyclo-cross. Ce n'est pas du tout les mêmes enjeux et pas du tout la même manière de fonctionner. Il faut arrêter de dire qu'ailleurs c'est mieux et que chez nous, il y a toujours des trucs qui ne vont pas. C'est pour ça que je dis que la Coupe de France sur deux jours, ça marche. Après, il y aura forcément des évolutions qui arriveront”.

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