Marie-Louisa Drouode et le trèfle à quatre feuilles de sa mère

Crédit photo DirectVelo

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Dans la dernière ligne droite de la première manche de la finale de la vitesse individuelle, Marie-Louisa Drouode remonte Marie-Divine Kouamé. Les deux filles de Créteil Kronos sont maintenant au coude à coude. Sur la ligne, l'aînée garde un boyau d'avance sur la benjamine. "Ça s'est joué à rien du tout, commente la Guadeloupéenne de tout juste 18 ans, auprès de DirectVelo. J'y ai cru jusqu'au bout, je me suis dit, je vais essayer un sprint décollé et quand je vois que je la remonte, je dis "wouah" dans ma tête, je ne réalisais même pas que j'étais en train de le faire". Dans la seconde manche, la Championne du Monde du 500 mètres 2022 a retenu la leçon. "Je l'ai surprise dans la première manche, elle ne s'y attendait pas car dans la deuxième, elle a mis le paquet".

« QUAND ON EST JEUNE, IL FAUT SURPRENDRE »

Celle qui a débuté la piste à 13 ans a donc décroché la médaille d'argent du tournoi de vitesse individuelle ce jeudi soir à Saint-Quentin-en-Yvelines. "Je suis très très contente, très émue. Je ne m'y attendais pas, je m'attendais à une place de 4, je m'imaginais qui allait faire podium". Mais le forfait pour maladie de Mathilde Gros, après avoir réalisé le meilleur temps du 200 mètres lancé, lui a entr'ouvert la porte mais les aléas font partie d'une course cycliste. Et les portes, Marie-Louisa Drouode n'a pas peur d'y glisser sa roue pour les ouvrir. "Quand on est jeune, il faut surprendre, les anciens ne savent pas où nous situer".

Mais la fougue de la jeunesse ne suffit pas pour expliquer sa belle prestation. "C'est grâce à l'expérience acquise en équipe de France dans des courses internationales, à Pruskow et Granges", insiste-t-elle. La pensionnaire du Pôle ultramarin de Bourges vient aussi se frotter aux meilleures sprinteuses françaises. "Je m'entraîne entre Bourges et Saint-Quentin mais plus souvent à Saint-Quentin". À Granges, en décembre dernier, elle avait affronté Marie-Divine Kouamé. "Ça ne s'était pas passé comme prévu, mais ce qui compte, c'est de se relever de ses erreurs".

« J'Y CROIS ET JE FERAI TOUT POUR »

Chez les Juniors l’an dernier, elle a remporté d’autres médailles d’argent, au niveau européen. Trois fois 2e au Championnat d’Europe d’Anadia en vitesse individuelle, dans le keirin et le 500 mètres. Mais elle était trop seule pour la vitesse par équipes. À Pruskow, elle a terminé 2e avec Marie-Divine Kouamé et Julie Michaux. "J’étais au poste 3, je pense que c'est le poste qui me correspond le mieux mais c'est en fonction des données que l'équipe de France recueille qu'ils décideront de mon poste. Mais toutes les places me conviennent, il n'y a pas de soucis". Et la nouvelle vice-Championne de France croit en ses chances pour rentrer en équipe de France cette année. "J'y crois et je ferai tout pour".

Autour de son cou, il n’y a pas que sa médaille mais aussi un trèfle à quatre feuilles qui scintille. "Ma mère me l’a offert en 2022". Et si elle porte le maillot de l’équipe piste UCI Créteil Kronos, elle est licenciée cette année au CSCA Propreté 2000, le club des Abymes (Guadeloupe). "lls m'aident beaucoup pour les déplacements et j'en ai vraiment besoin car ma mère est toute seule, elle ne peut pas tout assumer surtout que le vélo c'est très cher et c'est encore plus cher en Guadeloupe. Grâce au club et à Philibert Moueza (ancien président du comité de Guadeloupe, NDLR) élu aux sports dans la ville des Abymes, je ne suis pas une charge pour ma mère, et je les remercie beaucoup pour leur accompagnement et ils sont toujours là pour moi".

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