Un air moscovite qui glace le sang au Championnat AURA

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Il a sans doute rarement autant souffert pour réaliser un geste sur le papier anodin, déjà effectué des dizaines de fois : enlever ses gants. Dimanche, quelques instants après avoir coupé la ligne en vainqueur et ainsi décroché le titre de Champion AURA Juniors de cyclo-cross, Paul Seixas hurlait de douleur dans le petit local qui servait de vestiaire aux athlètes. Au milieu d’une réserve de kanöe-kayak, le long du plan d’eau du Mas et de l’Allier, il ne parvient pas à se réchauffer et crie des noms d’oiseaux durant plusieurs minutes. "Mais ça va s’arrêter quand ? C’est horrible !", s’interroge-t-il auprès de ses proches et des membres du club de la Motte-Servolex, venus l’accompagner dans sa quête d’un titre régional.

Cinquante mètres plus loin, au niveau du podium protocolaire, le speaker Nicolas Caille joue la montre pour faire patienter le public, le temps que Paul Seixas récupère l’usage de ses doigts pour être en mesure d’enfiler le maillot blanc et bleu ciel de Champion AURA. Il devra faire preuve d’encore plus d’ingéniosité et de patience une heure plus tard. Cette fois-ci, c’est Nathan Dos Reis Graca (VC Villefranche Beaujolais) qui peine le plus à récupérer d’une épreuve disputée dans des conditions glaciales. Comme paralysé d’un bras, le nouveau vice-Champion régional Espoirs a besoin de près d’un quart d’heure avant de remuer la patte, le tout après l’intervention du service médical présent sur la compétition.

LA PEUR DE TOMBER MALADE AVANT CAMORS

Ce Championnat, disputé à Issoire, dans le département du Puy-de-Dôme, s’est couru dans des conditions particulièrement fraîches. -1°C pour le départ des Cadets, puis 0°C pour les Juniors, qui ont eu droit à trois tours de circuit sous la neige - bien qu’il en soit bien moins tombé sur la commune auvergnate qu’aux environs -. Mais c’est surtout le vent, froid, fort et pénétrant, qui a rendu la tâche pénible pour tous les coureurs présents sur l’événement, avec une température ressentie très désagréable. “Il faisait vraiment très, très froid !”, témoignait Lilian Chalençon, 2e chez les Juniors, après l’arrivée pour DirectVelo. Un discours appuyé par tous les coureurs, dont celui qui l’a devancé en U19, Paul Seixas. “Au fin fond de l’Auvergne, c’est du costaud la météo. Ça réveille !”

Et dire que le pire a pourtant été évité. Alors que le Puy-de-Dôme et le département voisin de la Haute-Loire figurent parmi les plus touchés par cette grosse vague de froid appelée Moscou-Paris, il fera en effet -10°C à 7h ou à 19h ce mardi, dans la même ville d’Issoire, tandis que la température maximale de la journée sera de… -3°C, en début d’après-midi. À titre de comparaison, à 48h près, les Cadets et Juniors auraient ainsi disputé le titre régional par -7°C. “On peut dire qu’on s’en sort bien, malgré tout, car on n’est pas certain que tout le monde serait venu dans des conditions si extrêmes”, concédait-on ici et là du côté de certains bénévoles de l’organisation. En fin d’après-midi, au moment de l’épreuve phare des Élites, et alors que la température commençait à sérieusement chuter, beaucoup n’avaient plus qu’une idée en tête, résumée avec le sourire par ce signaleur sur le bord du circuit : “on va vite rentrer boire un thé chaud !”. Du côté des coureurs et de leurs anges gardiens au sein des staffs techniques, la priorité absolue était, plus que jamais, de ne surtout pas attraper froid. “Ce serait vraiment la grosse tuile à une semaine du Championnat de France…”.


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