Le nouvel avion de chasse des pistards français

Crédit photo DirectVelo

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Depuis 2020, l'UCI interdit tout matériel dans les Jeux olympiques qui n'a pas déjà été utilisé au plus tard au Championnat du Monde de l'année précédente (lire ici). Pour les Jeux de Paris, c'était donc à Glasgow que devaient être présentées les nouveautés qui seront utilisées aux JO 2024 dans le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. C'est ainsi que le nouvel avion de chasse des Français est passé au "conseil de révision". Le nouveau modèle de Look, le P24, n'a pas été réformé, jugé bon pour le service.

« ON AVAIT L'IMPRESSION QUE LE COUREUR FLOTTAIT DANS L'AIR »

La nouvelle bicyclette de Look a des airs du vélo anglais de Hope et Lotus utilisé aux Jeux de Tokyo. Les fourreaux de la fourche avant et des haubans sont écartés du cadre mais alignés avec les jambes du coureur. Toutefois sur la machine française, la tête de fourche s'arrête sous le tube de direction. Pourtant le P24 était déjà en gestation avant les Jeux 2020. "Le projet date de 2019, le T20 est une étape intermédiaire (voir ici). On a demandé à Look de ne pas travailler seulement sur le vélo mais sur le couple cycliste-vélo pour améliorer l'aérodynamisme de l'ensemble, indique à DirectVelo Emmanuel Brunet, le manager recherche et performance de la FFC. C'est un travail avec Look, Polytechnique et la fédération. J'avais embauché Jérémy Roy pendant deux ans puis Jean-Christophe Péraud pour travailler sur l'amélioration du matériel".

Cet alignement fourche-jambes-haubans a plusieurs intérêts pour l'aérodynamisme. "Écarter les fourches de la roue réduit les turbulences. On se sert des haubans comme le fuselage des jambes", souligne Emmanuel Brunet. Sur le P24, il n'y a pas que les haubans qui servent de fuselage. La tige de selle en carbone a été éclatée en deux tiges parallèles. "Dans les premiers modèles, la tige de selle était encore plus écartée et, de face, on avait l'impression que le coureur flottait dans l'air", ajoute le directeur de la performance. D'ailleurs la nouvelle version du Lotus Hope présente aussi une tige de selle divisée en deux.

À Glasgow, les deux premiers modèles du P24 ont été inaugurés en compétition par Marion Borras et Donavan Grondin. La semaine dernière au Championnat de France à Saint-Quentin-en-Yvelines, Benjamin Thomas disposait d'une des deux montures. Le coureur de Cofidis lui a même fait gagner la poursuite individuelle. "Après la poursuite par équipes, j'avais un bon ressenti. J'ai roulé en stage avec, ça roulait vite", apprécie le multiple Champion du Monde qui ressent l'aérodynamisme de son nouveau bijou.

« ON EST COMME DANS UN RAIL »

Mais ce vélo n'est pas fait que pour les contre-la-montre. Rayan Helal disposait lui aussi d'un exemplaire. Il est devenu Champion de France de vitesse individuelle, le premier titre officiel gagné avec ce vélo. "J'avais de bonnes sensations. Il faut encore s'habituer pour la suite. C'est sûr que c'est un vélo qui demande une certaine adaptation. Dans l'ensemble, il est mieux fini que le T20", commente le coureur de Salon Cyclosport. Benjamin Thomas l'a aussi essayé dans les courses en peloton lors de l'Omnium. "Sur les épreuves où ça roule très vite comme le scratch et la tempo, il apporte un gain, souligne le Champion d'Europe sortant. Mais j'étais un peu plus en difficulté sur l'élimination parce que ça change le pilotage  quand il y a des vagues devant, il faut être attentif avec les fourches larges et les haubans,  ça s'est bien passé puisque j'ai gagné l'élimination".

Les fourches écartées du cadre ne diminuent pas la rigidité de l'ensemble. "Le T20 était déjà très rigide", rappelle Rayan Helal. Benjamin Thomas insiste sur ce caractère de cette nouvelle machine. "Le vélo est très rigide, on est comme dans un rail. Il est un peu moins maniable mais la piste, en Omnium, c'est plus souvent des grands coups, ça devient des poursuites géantes, ça roule au train sans vraiment de sprint". Comme un pilote d'essai, il a repris l'ancien vélo pour la course aux points. "Je voulais un comparatif sur la journée. Le retour est positif. Tous les voyants sont au vert pour le matériel", analyse-t-il.

Le seul point noir est la date d'arrivée de tous les vélos pour équiper tout le monde avant le début des Jeux. Pour l'instant, elle est inconnue. "On espère les recevoir avant Milton (12-14 avril) pour pouvoir les essayer", aimerait-on du côté de l'équipe de France. En plus de la forme du cadre particulière, les prolongateurs seront personnalisés puisque moulés sur les bras de chaque coureur. Le coureur et son P24 ne feront qu'un.



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