Laurent Dufaux : « Élite Fondations doit garder ce rôle »

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

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Cet hiver, Valentin Darbellay a fait le grand saut. L’ancien skieur est passé professionnel au sein de la ProTeam italienne Corratec-Vini Fantini, une belle publicité pour la structure Élite Fondations qui va continuer d’écumer les courses du calendrier français, et un peu belge, pour permettre aux cyclistes suisses de se confronter au haut niveau amateur. Laurent Dufaux, l’ancien double vainqueur du Critérium du Dauphiné Libéré et devenu l’une des chevilles-ouvrières de la formation romande, fait le point avec DirectVelo.

DirectVelo : Dans quel état d’esprit l’équipe Élite Fondations a-t-elle débuté cette saison 2024 ?
Laurent Dufaux : C’est une saison importante, la troisième avec Élite Fondations comme sponsor principal. On a réussi à se faire une belle place sur la scène du cyclisme amateur en France, on court souvent ici. Ce qui nous permet d’être sur des courses de haut niveau. C’est aussi le cas en Belgique. L’équipe s’est fait une réputation, un nom et une crédibilité grâce à des beaux succès, comme celui d’Arnaud Tissières au Tour du Pays Roannais 2022. On a passé un cran l’an passé, avec onze victoires et 37 podiums. On a moins subi qu’il y a deux ans, on est plus fort collectivement. On va garder la même philosophie.

Quelle est-elle ?
On doit être une équipe formatrice, une passerelle pour des jeunes Suisses. On offre du matériel, une infrastructure et un joli programme de courses. On sait que le calendrier est maigrelet en Suisse. C’est donc enrichissant pour les coureurs et pour nous d’avoir la confiance des organisateurs français. On nous ouvre des portes. Cette année, on est très ambitieux.

EN CLASSE 2 ET COUPE DE FRANCE N1

À quoi va ressembler le calendrier de courses ?
On est à 90-95% sur le même programme. On a commencé à Aix-en-Provence, avant d’enchaîner avec le Bédat et les courses UCI dans le Nord, les 100 Communes et Lillers. Ce sera intéressant pour un coureur comme Matteo Constant, un garçon en devenir et une carte importante pour les arrivées au sprint. Il y aura le fameux week-end Saint-Étienne et Annemasse. On est invité au Trophée Walkowiak, en Coupe de France N1, au Circuit de Saône-et-Loire, au Tour du Beaujolais, au Tour Nivernais Morvan… Il y aura peut-être le Tour de la Mirabelle, en Classe 2, et le Tour de Côte d’Or. On retournera aussi en Belgique pour le Triptyque Ardennais, où on défendra le titre de Valentin Darbellay, le Province Cycling Tour et le Tour de Namur.

Il y a de quoi faire…
Les coureurs ne peuvent pas se plaindre. On sera souvent sur deux fronts, on a cinq coureurs avec le statut Amateur et qui vont courir en Suisse pour aller chercher des points. Ça veut dire qu'on doit démultiplier le staff, ce qui n’est pas toujours simple. On n’a pas un budget énorme. L'argent, c’est toujours le nerf de la guerre. On veut augmenter la structure mais toujours avec ce statut d'Élite Nationale.

Existe-t-il le projet de monter en Conti ?
Il a existé il y a deux ans. L'ambition était de monter rapidement en Conti mais pour ça il faut un gros budget pour se professionnaliser avec du staff, solliciter les invitations alors qu’il y a beaucoup de concurrence. Notre statut actuel nous permet de trouver un bel équilibre, on a un programme de courses très riche et adapté aux qualités de nos coureurs. L’idée est de devenir une belle structure Nationale. Antoine Aebi a choisi de revenir en Suisse en disant que notre équipe lui donnait envie. C’est gratifiant pour nous. Il y a un bon équilibre entre les plus jeunes et les plus anciens. On a tout pour être une équipe qui peut aller chercher des succès.

« ON NE FAIT PAS ÇA POUR L’ARGENT »

Le passage de Valentin Darbellay dans la Proteam Corratec, c’est une belle équipe publicité pour l’équipe…
En Suisse, tout le monde rêve d’aller chez Tudor qui est le nec plus ultra, avec une dévo et une ProTeam qui est structurée comme une WorldTeam. Tous les jeunes Suisses veulent aller dans leur dévo mais ils ne pourront pas prendre plus que les deux meilleurs Juniors Suisses. Nous, on est la structure en-dessous. On reçoit aussi beaucoup de candidatures. Valentin a passé deux ans chez nous, c’est une satisfaction de le voir obtenir un contrat pro. Élite Fondations doit garder ce rôle. On doit montrer qu’on peut passer pro en étant dans une Élite Nationale en Suisse, c’est aussi le cas en France avec les N1.

Ton fils Loïs a arrêté de courir cet hiver mais tu as choisi de toujours t'impliquer dans ce projet...
C’était un plaisir pour moi de soutenir et partager la passion avec Loïs, tout d’abord au niveau familial, puis avec l’équipe Conti Akrös avant le projet Cogeas-Élite Fondations. Un jour, il devait prendre une décision et il a mûrement réfléchi. Aujourd’hui, la fierté est qu'il n'ait aucun regret. Il va s’investir pour le cyclisme, comme directeur sportif et mécano dans notre équipe. Il entraîne aussi des jeunes. Il va redonner à ce sport. J’ai la chance d’avoir vécu de magnifiques années. Quand un sport t’a énormément apporté, il faut savoir redonner et s'impliquer. C’est ma philosophie depuis plusieurs années. J’ai beaucoup de plaisir à m’impliquer avec les jeunes au sein de cette équipe. Je ne vais pas partir car Loïs a arrêté sa carrière. Loïc (Hugentobler) fait un excellent travail. Avec Alexandre Debons également, on est les trois chevilles ouvrières de ce projet, avec tout un staff. On est tous des passionnés. On ne fait pas ça pour l’argent mais pour les jeunes. On veut garder cet état d’esprit, c’est important pour moi. 

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