VTT

Loana Lecomte : « Je suis capable d’encaisser n’importe quel résultat »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Loana Lecomte repart de Marseille avec le sourire. Pourtant, sa 4e place sur la première manche de la Coupe de France SKF, remportée par Pauline Ferrand-Prévot, aurait pu lui donner la grimace. Au contraire, c’est en souriant que l'athlète de 24 ans s’est présentée sur le podium, et qu’elle a ensuite passé de longues minutes à prendre des photos et signer des autographes avec ses nombreux fans. C’est toujours avec la même bonne humeur que la Championne de France s’est arrêtée au micro de DirectVelo, pour parler de son week-end mais aussi de la saison à venir.

DirectVelo : Quel est ton sentiment après cette 4e place ?
Loana Lecomte : C'était ma première course de la saison, ça décrasse bien le moteur (rires). J'ai senti que l'hiver laisse des traces, qu'il faut reprendre le rythme, donc ça fait du bien. Quand je prends le départ d'une course, j'ai toujours envie de bien faire. Forcément, il y avait de la déception à l’arrivée mais au fond, je suis hyper contente de ma course.

« NE PAS GRILLER DE CARTOUCHES »


Finalement, ce week-end de reprise est loin d’être négatif…
Oui. Sur le XCC, je me suis fait plaisir (elle a remporté l’épreuve, NDLR). C'était 20 minutes, ça passe mais 1h20, quand on n'en a pas fait depuis octobre, c’est dur (rires). Il faut retrouver le rythme mais ça fait du bien, il n'y a plus qu'à continuer. J'avais hâte de reprendre les courses, maintenant la saison est lancée !

Cette saison va être spéciale, avec les Jeux olympiques. Cette échéance t'a-t-elle poussée à changer ta préparation hivernale ?
Pas spécialement. On a consolidé les bases avec des entraînements fonciers, un stage en Afrique du Sud pour vraiment faire des heures. Le but, ce n'est pas d'être en forme maintenant, l'objectif, c'est cet été. Je ne veux pas griller des cartouches avant. J'apprends aussi à accepter d'avoir un pic de forme un peu plus retardé par rapport à d'autres.

Tu travailles sur toi autant physiquement que mentalement donc ?
C'est ça, oui. Après, j'ai des coachs et mon entourage qui me rassurent aussi. Je sais que c'est normal de ne pas être à 100% tout le temps, mais quand je prends le départ d'une course, j'ai toujours envie de gagner. Mentalement, ça va, parce que je vois mes watts, je vois que j'ai quand même passé un cap et on continue de travailler.

« SI JE NE PRENDS PAS DE PLAISIR, J'ARRÊTE TOUT »

Pour préparer l’échéance olympique, tu peux aussi te servir de ton expérience de Tokyo ?
À Tokyo, j'étais jeune (elle avait fini 6e, NDLR). J'ai plus appris sur le plan psychologique et mental que sur la préparation de la compétition. J'ai surtout appris à gérer tout ce qui est autour, à gérer les émotions, savoir me mettre dans ma bulle au bon moment. Mais sans me fermer à tout le monde non plus, en continuant de partager avec les gens. Parce que je fais du vélo, c'est ma passion donc si je ne prends pas de plaisir, j'arrête tout. Tokyo était une bonne expérience, on ne refera pas certaines choses. Il y a toute une équipe autour, avec des épaules solides. Je suis capable d'encaisser n'importe quel résultat. Qu’ils soient bons ou mauvais, je ne serai pas au fond du trou. Forcément, j'espère être heureuse, mais on verra bien.

Justement, en parlant de bulle, tu travailles depuis longtemps avec le Team Canyon CLLCTV. C’est important pour toi d’avoir cet environnement stable ?
C'est vrai que ça fait un moment que je suis avec eux, presque six ans, et au final, on a tous progressé. Personnellement, j'ai évolué sportivement, j'ai passé des caps grâce à eux et à mes entraîneurs. Et eux ont appris à passer d'une petite structure nationale à une des meilleures structures mondiales, donc on s’est amélioré ensemble, chacun à son rythme. Cette année, je sens qu'on a passé un cap, c'est vraiment professionnel, tout en restant familial. Tout est carré, mais sans se mettre de pression, et ça c’est top !

Ta plus grande victoire du week-end, c’est peut-être à l’applaudimètre. On sent que tu es très appréciée et soutenue par le public. Comment gères-tu cette attention, qui va continuer d’être très forte, surtout aux JO ?
Ce n'est pas une pression, au contraire, moi j'adore ! Je me mets à la place des petits de dix-quinze ans. J'entendais toutes les petites filles m'encourager au bord du parcours, j'espère que plus tard ce seront elles sur le vélo. Si je peux leur donner un peu de joie, partager avec les gens l'amour du vélo, l'amour du sport, ça me fait énormément plaisir. Ils sont là parce que je suis sur le podium, mais j'espère que quoi qu'il arrive, les gens m'apprécient aussi pour la personne et pas que pour les résultats. C'est aussi une chose que j’ai appris à comprendre avec le temps. Quand on gagne tout, tout le monde nous aime, et quand il n'y a plus rien, il n'y a plus personne. Ça a été dur à encaisser après les Jeux de Tokyo, mais maintenant ça va.

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