FDJ-Suez : « On n’est pas là pour marquer des points UCI »

Crédit photo A.S.O / Billy Ceusters

Crédit photo A.S.O / Billy Ceusters

Stephen Delcourt pouvait afficher un large sourire à l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège. Son athlète australienne Grace Brown a remporté la dernière Classique du printemps en battant au sprint la Championne d’Italie en titre Elisa Longo Borghini, le tout après avoir passé une bonne partie de la course à l’avant puisqu'elle avait fait le choix d’anticiper la bagarre entre les favorites (voir classement). DirectVelo a tiré le bilan des Classiques avec le manager général de la FDJ-Suez. Sans oublier de se projeter sur la Vuelta à venir et d’évoquer la rumeur de l'arrivée de Demi Vollering. Entretien.

DirectVelo : Où situer cette victoire dans le palmarès et l’historique de l’équipe ?
Stephen Delcourt : Tout en haut, je pense. Liège, c’est une course particulière. On y avait déjà fait 2 avec Grace (Brown). Cette course a toujours été l’un de nos gros objectifs de l’année. On est monté en puissance au fil de toutes les Classiques après un mois de mars délicat. Il ne faut pas oublier que l’on a perdu nos deux leaders sur blessure (Marta Cavalli et Cecilie Uttrup Ludwig, NDLR). Mais Grace est capable de nous surprendre à n’importe quel moment. C’est la qualité première d’une championne, et Grace est une grande championne. C’est une fille qui nous a sauvé un paquet de courses depuis qu’elle est arrivée dans l’équipe.

« IL N’Y AVAIT PAS DE PANIQUE »

Sans cette victoire à Liège, aurais-tu tout de même été satisfait de cette campagne de Classiques de la FDJ-Suez ?
J’aurais dit que c’était une belle campagne d’Ardennaises. L’Amstel était spéciale cette année avec ce long arrêt. On a beaucoup joué avec Amber (Kraak) et Léa (Curinier). Sur la Flèche Wallonne, on était à notre niveau en faisant 4 et 9. Il n’y avait pas de regrets. Evita (Muzic) a fait une superbe montée. Ça aurait été mitigé avec du positif. Avec cette victoire de Grace, la campagne des Ardennaises est réussie. On a maintenant au palmarès les trois Ardennaises (Marta Cavalli avait remporté l’Amstel Gold Race et la Flèche Wallonne en 2022, NDLR). Cap maintenant sur les Grands Tours avec l’envie d’y porter le maillot de leader pour la première fois et de remporter une Vuelta ou un Giro pour la première fois à terme.

Cette grande victoire, la sentais-tu arriver ?
Depuis À travers la Flandre, je voyais un groupe très fort. On pouvait toujours dire qu’il manquait des résultats mais l’attitude du groupe a toujours été bonne, avec de la solidarité. Cecilie nous manque vraiment et pourtant, on fait un très bon début de saison. Depuis les premières courses de l’année, à chaque briefing, on dit toujours que c’est “All or nothing”, tout ou rien. A Gand-Wevelgem, on ne fait pas de résultat, on n’a pas marqué de points, mais Grace était seule en tête aux 300 mètres. On n’est pas là pour marquer des points UCI, on veut gagner des courses. J’ai rassuré tout le monde là-dessus la veille du Tour des Flandres. Il n’y avait pas de panique. Et il n’y a jamais eu de doutes. Grace avait des données de fou à l’Amstel, elle avait la gagne dans les jambes. Léa (Curinier) aurait fait Top 10 au Tour des Flandres sans ses problèmes mécaniques. Il y a encore une notion tactique à travailler. Amber (Kraak), Evita (Muzic) et Léa ont raté le coche à Liège sur le joli coup des Lidl-Trek mais je suis sûr qu’Evita a monté la Roche-aux-Faucons plus vite que les filles de devant.

« DEMI VOLLERING ? C’EST HYPER FLATTEUR »

Ce printemps, la SD Worx-ProTime n’a pas tout écrasé comme elle le faisait ces dernières saisons. Comment l’expliques-tu ? Sont-elles moins fortes ou d’autres formations comme la tienne ont-elle progressé ?
L’ensemble du peloton féminin a progressé. La Canyon//SRAM a été très bonne tactiquement ici à Liège. Je suis toujours surpris par Elise Chabbey. Elle ne gagne jamais et pourtant, c’est pour moi l’une des filles les plus fortes du peloton féminin. La façon de courir de la Lidl-Trek est très belle à voir aussi. Plusieurs équipes ne se laissent pas faire. Du côté de la SD Worx, je ne les reconnais plus en ce moment. Il n’y a plus de solidarité mais ça fait partie de la vie d’un groupe. Chez nous, les sponsors sont importants et jouent un rôle également. Grâce à eux, on a toujours une vision à long terme et ça permet de manager le groupe différemment.

Ce groupe a-t-il besoin de Demi Vollering en 2025 ?
(Rire). Je suis hyper flatté que tout le monde imagine que Demi puisse intégrer un jour l’équipe, dans la perspective d’être un jour l’équipe qui domine les Grands Tours et les Classiques. C’est hyper flatteur, mais ça en reste là.

« GAGNER UN GRAND TOUR D’ICI 2028 »

La saison est-elle déjà réussie, avant même la Vuelta, le Giro et le Tour, notamment ?
Non. On n’arrive pas à se satisfaire de ce qu’on fait. La Vuelta est un gros objectif. On va aligner une énorme équipe au départ. J’ai envie de voir Evita encore un cran au-dessus comme elle l’a fait à la Flèche Wallonne. Pour voir Evita faire une grande performance à la Vuelta, ça passe par un grand chrono par équipes. On veut le remporter, ça me tient vraiment à cœur. On s’approche de la gagne dans cet exercice depuis deux ans et c’est un grand objectif d’y parvenir. Les filles vont partir très tôt en Espagne en vue notamment de ce chrono de Valence où nous allons aligner l’équipe la plus homogène possible.

Gagner un Grand Tour est-il un objectif atteignable ?
On veut le faire d’ici 2028, c’est l’objectif premier de l’équipe. On est une grosse équipe avec des bases très solides et un super staff. On y croit. Plus tôt on le fait, mieux ce sera. Mais pas de stress. 

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