Néo-pros : Le bilan de Morgan Lamoisson

En proie à des ennuis de santé une bonne partie de la saison, Morgan Lamoisson a été opéré de l'épaule gauche il y a quelques semaines, à Bordeaux (Gironde). Une intervention programmée de longue date par le staff et le médecin de l'équipe Europcar. Une fin de saison qui a été anticipée, pour permettre au coureur de ne pas empiéter sur sa préparation pour 2014. Tout n'a pas non plus été complètement noir pour le néo-pro. Pour www.directvelo.com, il dresse le bilan de cette année d'apprentissage au plus haut-niveau.

« Cette saison n'a pas été celle dont je rêvais. Notamment à cause de mon manque de résultat et aux nombreux pépins de santé que j'ai pu connaître. Je me suis luxé l'épaule une première fois mi-avril, sur le Tour du Finistère. A partir de là, ça a été difficile... Je ne peux pas être satisfait de ma saison ! Si je l'étais, ça ne serait pas sérieux, et ça ne serait pas moi. J'ai quand même pu faire quelques petits résultats quand j'allais mieux, et que je pouvais me préparer. Mais à chaque fois, une chute ou une blessure m'arrêtait dans mon élan.

« PEUT-ETRE TROP DE PRESSION »

J'ai commencé ma saison sur la Tropicale Amissa Bongo (au Gabon, NDLR), course sur laquelle j'ai probablement manqué d'ambition. Je me suis peut-être mis trop de pression, bien que c’était une course hors Europe, avec donc moins d’attente que sur le vieux continent. Je suis content d’avoir pu commencer ma carrière professionnelle là-bas, d’autant que nous avons ramené le maillot jaune en France avec le succès final de Yohann Gène. Partir en Afrique, c'était un meilleur choix que de commencer au Tour du Qatar, par exemple, où j'aurai pris des claques d'entrée. Là, j'ai pu me mettre tranquillement dans la saison.

« J'AIME BEAUCOUP LES CLASSIQUES »

J'ai eu la chance de disputer plusieurs classiques printanières, telles le Samyn, A travers les Flandres, le Grand Prix E3 à Harelbeke, Gand-Wevelgem, et surtout Paris-Roubaix. Tout ça était nouveau pour moi. J'ai intégré un groupe qui avait l'habitude de faire ces épreuves depuis plusieurs années. L’équipe Europcar prend vraiment les Classiques au sérieux. On a passé un mois et demi dans le nord. J'en garde un très grand souvenir. J'ai pu répondre présent, et remplir correctement mon rôle d'équipier sur ces courses. J'avais envie de montrer que j'y avais bien ma place, et qu'on a eu raison de m'y emmener. Ce sont des courses que j'aime beaucoup. Il y a du vent, c'est la guerre en permanence, et c’est vraiment très dur. En plus, on a eu des conditions climatiques difficiles cette année. J'ai envie d'y retourner l'an prochain. Ce sont des épreuves qu'il faut disputer plusieurs fois avant de pouvoir y faire des résultats. Il y faut de la maturité, et de l'expérience.

« JE VOULAIS GAGNER SUR LE TOUR ALSACE »

Le Tour de Romandie a été l’occasion pour moi de découvrir la haute-montagne, puisque je n’en avais jamais fait auparavant. Début mai, je suis retombé sur l’épaule à l’entraînement, puis j’ai eu des problèmes de genou. Je n'ai pas pu m'entraîner correctement pendant deux-trois semaines. J'ai disputé la Ronde de l'Oise et les Boucles de la Mayenne sans être à 100% de mes capacités physiques. Au soir du Championnat de France, nous avons discuté avec le staff et nous en avons conclu qu’il était mieux que je coupe complètement. Il fallait que mon genou se rétablisse totalement. J'ai finalement repris au Tour Alsace, où j’ai terminé deuxième d’étape. Je n'en suis pas du tout satisfait. Je voulais gagner.

« TROIS SEMAINES EN CENTRE DE REEDUCATION »

Je me suis malheureusement luxé une nouvelle fois l’épaule au Tour du Danemark. A ce moment-là, on a décidé, avec le staff et le médecin de l'équipe, que je me fasse opérer. J’ai tout de même disputé une dernière course, la Classic de l’Indre, car il me tenait à cœur d’y participer. Suite à mon opération, j'ai passé quinze jours avec le coude le long du corps, puis je me suis rendu au Centre de rééducation de Capbreton. En tout, je devrais y rester trois semaines. J'ai envie de récupérer le plus vite possible, pour pouvoir reprendre l'entraînement. Il faut que je retrouve mon meilleur niveau, pour que je puisse être compétitif pour ma deuxième année chez les pros. Cette saison 2014, je l’aborderai comme si c’était ma première année chez les pros.

« BESOIN DE PASSER UN CAP »

L'an dernier, j'étais co-leader de Vendée U. Cette année, j'arrivais dans un nouvel univers. Je repartais de zéro. Je n'avais donc pas la prétention de commencer avec un nouveau statut de leader. Si j'avais dû l'être sur une course, ça serait venu tout seul. Être coéquipier n'est pas un rôle qui me déplaît. Du moment que le boulot est bien fait, je suis content. Mais c'est sûr que ça m'a changé de l'an dernier... surtout en début de saison, quand je gagnais beaucoup. C'est là qu'on se rend bien compte de la marche entre les amateurs et les pros. Je n'ai pas trop eu l'occasion de travailler mon sprint cette année. Les courses sont longues, j’ai encore besoin de passer un cap. Cela dit, je me sens toujours capable de gagner dans une arrivée groupée. Je ne pense pas m'être dispersé cette saison, même si j'ai voulu essayer de nouvelles choses. Ce qu'il faut, c'est que je montre mon vrai visage en 2014, notamment dans le secteur du sprint. Si l'équipe est WorldTour en 2014, j'aimerais bien disputer un Grand Tour, avec une préférence pour le Tour d'Espagne. J'aurai quasiment une saison supplémentaire chez les pros, et donc un capital foncier plus important qu'à l'heure actuelle. »

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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