Thomas Debrabandere : « La chair de poule au Rwanda »

Vainqueur du Tour des Flandres juniors en 2008, Thomas Debrabandere (23 ans) était bien parti pour réussir une jolie carrière. Malheureusement, le coureur de Deerlijk-Gaverzicht n'a jamais vraiment su confirmer tous les espoirs qui reposaient sur lui. Dernièrement, il a participé au Tour du Rwanda avec une sélection belge mixte sous les couleurs de Avia-Crabbé. Il revient sur cette expérience au Rwanda, sur sa saison et sur ses futures ambitions. Entretien pour www.directvelo.be.

DirectVélo : Tu as récemment pris part au Tour du Rwanda. Comment es-tu arrivé à porter les couleurs d'Avia-Crabbé sur ce tour ?
Thomas Debrabandere : Chaque année, les coureurs belges souhaitent faire partie de l'aventure en Afrique. Moi aussi j'en avais envie. J'ai donc cherché à prendre contact afin d'obtenir plus d'informations. Je suis finalement entré en contact avec Herman Beysens. Il m'a motivé et j'ai donc été enrôlé dans l'équipe. Je suis très content d'avoir saisi cette opportunité.

Au prologue, vous avez décroché une sixième place et sur la quatrième étape, vous avez sprinté pour la troisième marche du podium. Hormis ces deux faits d'arme, les belges ne sont pas vraiment montrés. Quel était le niveau là-bas ?
Le niveau n'est certainement pas à sous-estimer. Il y avait tout de même deux équipes professionnelles dont celle de MTN-Qhubeka qui comptait en ses rangs Louis Meintjes, le vice-champion du Monde espoirs 2013. Ces résultats peuvent s'expliquer aussi par le fait que cinq des sept étapes arrivaient en montée. Nous avons aussi grimpé des cols qui étaient long de quatre à vingt kilomètres. Les deux autres étapes peuvent être comparées à une difficile course ardennaise. Notre équipe était en bonne forme mais, dans les arrivées en montée, nous ne pouvions pas rivaliser avec les poids légers africains. Ces coureurs étaient parmi les meilleurs sur le continent africain. Personnellement, sur une étape, j'étais encore en mesure de remporter le sprint car j'étais bien positionné à l'avant. Sur une autre étape, je m'étais échappé avec trois autres coureurs mais, malheureusement, j'ai subi une crevaison. Les autres ont été au bout. Je suis vraisemblablement passé à côté d'une victoire d'étape. Dommage. Mais, globalement, je me suis moi-même surpris sur ce tour.

« JE N'OUBLIERAI JAMAIS L'ENTHOUSIASME DES AFRICAINS »

Que vous avait-on dit en présentant le parcours du Tour du Rwanda ?

Avant le départ, nous savions déjà que ce serait une épreuve difficile. Il y avait presque tous les jours 2000 mètres d'altitude au programme avec également des pentes longues de vingt kilomètres. Nous avons parlé plusieurs fois au déjeuner des délais attribués...En ce qui concerne l'organisation, c'était vraiment super. Nous avons aussi pu compter sur beaucoup d'encouragements. Nous avons roulé la plupart du temps sur les routes principales du pays. Des routes comparables à des autoroutes en Belgique. Tout était vraiment bien organisé. Nous nous sommes toujours sentis en sécurité. Je dirais même que je me sentais plus en sécurité au Rwanda qu'en Belgique.

Quelles étaient les conditions en dehors de la course ?
Nous avons séjourné dans un luxueux hôtel où nous avons été très bien reçus. Même la nourriture était bonne. Les légumes froids et l'eau du robinet étaient bien sûr interdits.

Que retiendras-tu de cette expérience ?
C'était la première fois que je me rendais en Afrique. Durant le tour, nous sommes restés dans les quartiers riches mais, après le tour, on a pris le temps d'aller ailleurs pour regarder les conditions de vie des habitants. Malgré le fait que ces gens doivent lutter chaque jour pour survivre, ils sont toujours heureux. Je n'oublierai donc jamais l'enthousiasme des africains. Sur le plan sportif, c'est assez unique de voir autant de spectateurs le long de la route. Plus d'une fois, j'ai eu la chair de poule sur le vélo. Les acclamations étaient assez étourdissantes. On peut comparer cela au Tour de France!

DEERLIJK-GAVERZICHT DECROCHE ENFIN LA COUPE DE BELGIQUE

Le Tour du Rwanda a ponctué ta saison. Quel bilan tires-tu de celle-ci ?
L'hiver dernier, j'ai subi une intervention au niveau de l'artère à l'aine. Un problème qui me gênait depuis un certain temps. C'est aussi la première année que je roule à vélo alors que je possède un boulot à temps plein. Durant la première partie de saison, j'ai à chaque fois roulé pour la gagne mais la chance m'a à chaque fois fait défaut. La deuxième partie de saison fut moins bonne. J'ai donc délibérément choisi de me consacrer uniquement à la Coupe de Belgique afin de pouvoir gagner le classement par équipes de cette compétition. Même si je n'étais pas dans une toute grande forme, j'ai pu aider mon équipe grâce à mon expérience. Le titre de vainqueur par équipes de la Coupe de Belgique fut donc le meilleur résultat de ma saison. Cependant, je n'ai pas su m'imposer sur une épreuve et cela me reste un peu en travers de la gorge.

En quoi cette victoire finale en Coupe de Belgique est-elle si importante ?
Je roule depuis cinq ans chez Deerlijk-Gaverzicht et à chaque fois, nous sommes passés près de la victoire mais sans jamais la décrocher. Notre succès sur le contre-la-montre par équipes à Borlo nous a boosté pour la suite. Nous avons alors pensé que cette année était la bonne. Notre équipe possédait un mélange parfait entre jeunesse talentueuse et expérience. Tout cela dans une ambiance agréable.

« PRENDRE DU PLAISIR EN PRATIQUANT MON HOBBY »

Avant, tu combinais le sport de haut niveau avec des études supérieures. Comment juges-tu cette combinaison des deux ?

Selon moi, il est tout à fait possible d'allier les deux. En ce qui concerne mon expérience personnelle, je souhaitais décrocher mon diplôme en économie appliquée à l'Université Catholique de Louvain tout en goûtant à la vie d'étudiant. Suite à mes mauvais résultats et à des problèmes physiques, je n'ai pas voulu consacrer une année uniquement sur le cyclisme. Et je n'éprouve aucun regret. Je connaissais mes limites en tant que coureur et j'ai désormais un très beau boulot dans lequel je souhaite me développer. Maintenant, je roule à vélo tout simplement pour le plaisir.

Avec quelles ambitions vas-tu entamer 2014 ?
Des vrais objectifs, je n'en ai plus. J'aimerais prouver l'an prochain que je peux décrocher une victoire. Pour le reste, comme je l'ai dit, j'espère surtout prendre du plaisir en effectuant mon hobby. Le classement par équipes de la Coupe de Belgique est tout de même un objectif. D'ailleurs, c'est vraiment dommage que Gianni Marchand, notre leader, s'est fracturé le bassin durant un entrainement de mountainbike. C'était le fer de lance de notre équipe.

Quel est ton programme durant cet hiver ?
Je suis revenu avec un moral d'acier de ce Tour du Rwanda. J'ai donc encore envie de m'entrainer. Durant ce mois de décembre, je vais surtout essayer de maintenant une certaine forme. A partir de janvier, je vais commencer à m'entrainer spécifiquement comme ça, fin avril, j'aurai un premier pic de forme.

Crédit Photo : DR
 

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