Alexis Gougeard : « J’ai adoré ce Dauphiné »

Déjà vainqueur à deux reprises en Coupe de France cette saison, Alexis Gougeard vient de découvrir le World Tour sur le Critérium du Dauphiné. L’occasion pour lui de côtoyer les plus grands. "Je n’aurais jamais pu m’imaginer dans la roue de Contador ou de Froome. J’ai pris énormément de plaisir, j’étais transcendé." Le néo-pro d’AG2R La Mondiale, plusieurs fois à l’attaque, raconte cette belle expérience à DirectVelo.com avant de se présenter sur les Championnats de France "décontracté, pour découvrir."
 
« Pour moi, ce Dauphiné aura été une superbe expérience. J’ai découvert beaucoup de choses. C’est une autre façon de courir. Comme prévu, c’était une très grosse course. Je me suis rendu compte qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire. J’ai été impressionné par la façon de faire de la Team Sky. Ils laissent une échappée partir et prendre jusqu’à 6-7 minutes, mais quand ils décident de rentrer, ça ne rigole pas ! J’ai été impressionné par la façon dont ils géraient tout ça. Mis à part le dernier jour évidemment (sourires). Ça roulait vraiment très vite, même lorsque l’on était soi-disant en tempo. L’autre chose qui m’a frappé, c’est le nombre de cartouches que tu as en course. En Coupe de France, j’arrive à mettre plusieurs attaques. Sur le Dauphiné, il fallait vraiment que je gère au maximum. J’ai vu qu’il fallait attendre le bon moment pour en placer une. Tu as deux-trois cartouches maximum. Et encore, c’est déjà énorme dans certains cas ! En plus quand tu attaques, il peut falloir une bonne heure pour récupérer. 
 
« SUR LA 3E ETAPE, J’AI PRIS MON PIED ET J’Y AI VRAIMENT CRU »
 
Tout a très bien commencé sur ce Dauphiné avec mon échappée lors de la première étape en ligne (Tarare - Col du Béal, NDLR). Cela s’est fait très vite : (Kévin) Reza a attaqué le premier. On est immédiatement ressortis à trois en contre. Ça n’a pas bataillé pour prendre l’échappée ce jour-là. C’était une journée sympa devant. Mais c’est le lendemain que j’ai pris le plus de plaisir sur le vélo (Ambert - Le Teil, NDLR). J’avais comme rôle de placer des mecs comme Maxime Bouet pour le final. Du coup, j’étais toujours bien placé quand c’est parti. On est sortis à huit à 25 kilomètres de l’arrivée, avec des mecs comme Jens Voigt ou Andrei Grivko. Là, j’ai pris mon pied ! J’ai vraiment senti le truc se faire, voir les mecs partir un par an. Je me sentais bien. Par contre, une fois devant c’était plus dur (rires). J’avais bien mal aux pattes. Mais j’y ai vraiment cru lorsque l’on a eu 40 secondes d’avance. On savait que le peloton roulait derrière mais on continuait à prendre du temps, c’était encourageant. Finalement ça ne l’a pas fait, mais ça restera une très belle journée. Derrière, j’ai connu deux-trois journées beaucoup plus compliquées. J’ai pas mal subi, j’ai eu des moments très difficiles. J’avais même peur de ne pas pouvoir terminer. Il fallait calculer les délais, mais j’ai tenu le coup. 
 
« IL Y AVAIT UNE GRANDE BATAILLE AVEC LES SKY, J’ETAIS EUPHORIQUE »
 
Est alors arrivée cette dernière étape ! Je me sentais bien les premiers kilomètres, et je me suis vite retrouvé dans cette grosse échappée pour ce qui allait devenir une étape de folie. D’ailleurs pour l’anecdote, Jens Voigt me dira plus tard à l’hôtel qu’il avait rarement vécu des étapes comme celle-ci ! Venant de lui, c’est quelque chose... Je me suis donc retrouvé à l’avant avec Jicé (Jean-Christophe Péraud) et Romain (Bardet). Evidemment, j’ai roulé au maximum pour Romain, qui était en train de faire un très beau rapproché au général. On a réussi à faire le trou. J’ai roulé encore et encore dans la vallée. Il y avait une grande bataille entre les Sky et nous. A ce moment-là, j’étais un peu euphorique. J’ai beaucoup aimé ce moment. Après ce gros travail, j’ai craqué à quelques dix kilomètres du sommet de l’avant dernier col. Je me suis fait rattraper par le groupe Contador-Froome. Je n’aurais jamais pu m’imaginer dans la roue de ces mecs. Malheureusement j’ai été victime d’une crevaison mais je suis rentré dans les voitures. 
 
« J’AI VU TALANSKY S’ARRACHER, CONTADOR ATTAQUER, FROOME CRAQUER… »
 
J’étais vraiment au cœur de l’action. J’ai été présent dans l’échappée. J’ai donc vu Andrew Talansky s’arracher pour aller chercher la victoire finale, j’ai vu Alberto Contador attaquer dans l’avant dernier col pour aller faire un numéro et défendre son maillot. Il nous a laissé sur place d’ailleurs ! J’ai vu Christopher Froome craquer. J’étais là, à chaque fois, dans l’action. J’ai tout fait ce jour-là (rires). C’était vraiment un très grand moment que je ne suis pas prêt d’oublier. J’ai pu tenir un bon moment avec les meilleurs mondiaux. J’ai vraiment adoré ce Dauphiné. J’en garderai beaucoup d’expérience. J’ai pris énormément de plaisir sur le vélo, dans une équipe solide. Grâce à Romain (Bardet), on a réussi à se relever malgré des premières étapes qui n’avaient pas été à l’avantage de l’équipe AG2R La Mondiale. J’ai aussi découvert le WorldTour, les oreillettes. J’ai surtout vu qu’il y avait un gros fossé entre les manches de Coupe de France et ce Dauphiné ! C’était important pour moi d’être sur ce Dauphiné. Je suis content de ce que j’y ai fait. J’ai pu me jauger face aux champions, en ayant connu une course avec un niveau quasi-similaire à celui du Tour de France. J’ai essayé de ne pas faire de complexe, et je pense m’en être bien sorti. » 

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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