Nouveauté 2016 : Invités presque surprises

DirectVelo fait le point sur ce qui va changer pour le cyclisme cette année.

Le Tour de Bretagne, le Tour Alsace ou Paris-Troyes vont-ils chambouler leur peloton d'équipes invitées en 2016 ? Ils le peuvent, en vertu de la nouvelle réglementation qui permet de sélectionner des formations étrangères Continentales Pro (deuxième division mondiale) sur les épreuves internationales de classe 2. Jusqu'à présent, seules les Continentales Pro du pays étaient admises, ce qui expliquait par exemple la présence du Team Europcar ou de Cofidis au Rhône-Alpes Isère Tour. Cette ouverture possible vers la concurrence étrangère va-t-elle changer le niveau ou l'image de ces épreuves ? Modifier les chances d'invitations des autres équipes ? Les avis sont partagés, d'après les organisateurs interrogés par DirectVelo.

ENTRE ZERO ET DEUX EQUIPES INVITEES

Au Rhône-Alpes Isère Tour, la nouvelle réglementation est plutôt bien accueillie. « Elle va permettre d'élever le niveau sportif, estime Christelle Reille. Tout le monde s'y retrouvera : organisateurs, équipes, public ». L'épreuve, qui se tient au mois d'avril, pourrait inclure deux équipes étrangères de la catégorie. Les Suisses de Roth sont déjà confirmés, « par fidélité », puisque deux de leurs coureurs ont remporté une étape sur les routes autour de Lyon, Nicolas Baldo et Marco D'Urbano. L'organisation a également approché Wanty-Groupe Gobert, « qui réfléchit », avec l'espoir de voir participer le néo-pro français Guillaume Martin.
Sur les autres épreuves, le résultat sera très variable. Chacune composera son plateau d'équipes comme elle veut, et comme elle peut. Au Tour de Bretagne, il y aura ainsi « au moins » une Continentale Professionnelle étrangère et aucune au Tour de Normandie. Le Tour Alsace, qui a dévoilé fin décembre la liste des 46 premières candidates, fait apparaître une seule équipe de cette classe, toujours Roth, débarquée cet hiver en deuxième division mondiale et qui semble avoir beaucoup postulé sur les épreuves 2.2 françaises...

LE LABEL DEUXIEME DIVISION : BOF, BOF

Au total, il existe seize nouvelles options pour les organisateurs, en plus des quatre équipes Conti Pro de l'Hexagone. « Le grand public ne les connaît pas mieux que les équipes Continentales ou certains clubs amateurs étrangers, observe Jean-Charles Dancerelle, vice-président du Paris-Arras Tour (et administrateur de l'Association DirectVelo). L'intérêt de ce genre d'équipe sur notre épreuve est donc discutable, même si tout reste envisageable ». Par-dessus tout, le responsable sportif du Paris-Arras Tour craint que « ces 'grosses' équipes envoient leur plus petit front de coureurs ». Christelle Reille glisse : « Ces formations ne font pas toutes rêver ».

C'est un euphémisme : la qualité est très inégale dans cette catégorie. Pour quelques références solides, comme Bora-Argon 18, Topsport Vlaanderen, les Italiennes habituées du Giro, quel organisateur français va flasher pour les Polonais de Verva Activejet ? ou les Anglais de One Pro Cycling ?

DES EQUIPES FRANCAISES, DE PREFERENCE

« Dans l'idéal, je préférerais recevoir des équipes Continentales Pro... françaises », déclare Arnaud Anquetil, du Tour de Normandie. A savoir Cofidis, Fortuneo-Vital Concept (ex-Bretagne-Séché), Direct Energie (ex-Team Europcar) et Delko Marseille-Provence KTM, fraîchement promue à ce niveau. Or, ce n'est pas demain la veille que les Bouhanni, Coquard, Voeckler et Fedrigo animeront des épreuves 2.2 ou 1.2. Sauf exception.

De nombreuses épreuves sont concernées. Et les organisateurs très déçus. « Le calendrier est très chargé et ces équipes françaises préfèrent se rendre à l'international », constate Arnaud Anquetil. Qui formule un voeu: "Plutôt une Continentale française qu'une Pro Continentale étrangère." Dans le même temps, le Tour de Normandie a rejeté la candidature de deux groupes Conti Pro étrangers, « qui demandaient des frais de participation plus élevés que d'habitude ».

UN PROBLEME DE TARIF

C'est l'autre réserve des organisateurs face à ces nouveaux postulants. Le règlement UCI n'impose pas de minimum dans le remboursement des frais de déplacements, la négociation se déroulant a priori de gré à gré. Mais certaines équipes Continentales Professionnelles étrangères négocieraient autour de 1000€ leur participation. C'est-à-dire ce qu'elles perçoivent sur d'autres épreuves plus relevées au calendrier ou d'autres courses de classe 2 à l'étranger. Leurs prétentions sont d'ailleurs équivalentes au minimum fixé pour les Continentales Pro françaises, selon un accord de la Ligue nationale du cyclisme.
Mais les organisateurs, souvent, ne pourront pas s'aligner sur ces tarifs. Le Rhône-Alpes Isère Tour dispose d'un forfait total de 12000€ de frais de déplacement à répartir entre vingt équipes. C'est 5000€ au Paris-Arras Tour pour dix-huit participants.

LES CLUBS AMATEURS PAS MENACES

L'envie et le budget vont donc limiter le choix des invités. Une bonne nouvelle, a priori, pour les clubs amateurs français, qui voudraient s'engager autant que possible sur les épreuves de classe 2 et dénoncent régulièrement la priorité accordée aux Continentales (troisième division mondiale). Les quelques Conti Pro étrangères retenues en France cette saison devraient l'être au détriment de leurs cousines Conti...

En somme, le plateau ne sera pas bousculé. « Cette réglementation est intéressante et peut être un gage de qualité, reconnaît Christophe Fossani, organisateur du Tour de Bretagne. Mais elle ne nous fera pas changer ce qui est notre fil conducteur : inviter les meilleurs coureurs de différentes nationalités, si possible de jeunes talents, comme un certain Alberto Contador qui avait terminé meilleur jeune chez nous en 2002. Nous aimons avoir chez nous de futurs protagonistes du Tour de France et des classiques. Et ce quelle que soit la catégorie de leur équipe. »

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Crédit photo : Freddy Guérin - DirectVelo.com
 

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