Annemasse-Bellegarde, le rêve ultime de Nicolas Roux

Crédit photo Anne Gounand

Crédit photo Anne Gounand

Nicolas Roux (Team Chris Net) sera sur ses terres, ce dimanche, à Annemasse-Bellegarde et retour. Résidant à une dizaine de kilomètres d'Annemasse, le Haut-Savoyard parcourra ses routes d'entraînement sur l’épreuve Elite Nationale. Et le coureur de 38 ans partira avec l'envie de bien faire sur l'épreuve au palmarès "mythique" où il ne désespère pas de réussir à lever les bras à l'instar de Beat Zberg et Warren Barguil.

LA COURSE

« C'est une très belle épreuve. Elle est exigeante et difficile, il faut savoir la courir. Il est nécessaire de calculer ses efforts et de les produire aux bons moments. Le parcours comporte des points stratégiques où le placement est crucial. Il est également important de ne pas se disperser sous peine de manquer de fraîcheur dans le final. Il faut bénéficier d'un mélange de forme et de réussite pour pouvoir s'y imposer. On n'a pas dix cartouches ici, deux ou trois seulement et après c'est trop tard. A titre personnel je me suis parfois senti très fort et je pense que j'aurais pu m'imposer mais j'ai soit manqué de réussite soit attaqué au mauvais moment. La particularité du profil c'est qu'il rassemble un peu tous les types de parcours. Le départ est rapide avec de longues lignes droites exposées au vent. Où il est essentiel de ne pas se faire piéger. J'ai déjà vu des Annemasse-Bellegarde être pliés au bout de 50 bornes à cause d'une bordure. Au fur et mesure, la course devient propice aux puncheurs et aux grimpeurs. Les bosses s'allongent et deviennent plus dures. Elles provoquent un écrémage et c'est toujours le plus frais qui s'impose à la fin. Le dernier raidard, les Échelettes, fait office de Poggio ou de Mur de Grammont et celui qui est capable de prendre quelques secondes au sommet entrevoit la victoire. »

SA RENOMMEE

« La célébrité de l'épreuve vient de son passé, du nom des gars qui l'ont remportée et à force c'est devenu une course à accrocher à son palmarès. Beat Zberg s'est imposé, Thor Hushovd, Warren Barguil, Kenny Elissonde, il y en a tellement qui sont devenus des sacrés coursiers après, c'est juste énorme ! J'ai vu passer pas mal de coureurs mais celui qui m'a fait la plus grosse impression c'est Barguil, en 2012. Il dégageait une impression de facilité, de maîtrise. J'ai longtemps couru à côté de lui ce jour-là, il était serein, il faisait peu d'efforts et quand il s'est mis en route il a fait la décision. Il faisait preuve d'un sacré sang froid, il m'a réellement impressionné. »

CE QU'ELLE REPRESENTE POUR LUI

« Annemasse-Bellegarde a toujours été un peu un objectif, que je sois en forme ou non. C'est chez moi, et il y a beaucoup d'attente autour de moi dans le coin. C'est notamment pour cela que j'essaie à chaque fois de courir à l'avant et de faire la course. Je donne toujours le meilleur de moi-même pour me faire plaisir et en donner aux gens. Même si je sais qu'il reste peu de temps je souhaite la remporter un jour. Ce serait l'apothéose, ma plus belle victoire avec le Tour du Chablais qui est une course par étapes donc c'est un différent. »

SON EXPERIENCE

« Ça fait longtemps que je viens ici. La première fois c'était il y une vingtaine d'années, j'avais 18 ans et je sortais des Juniors. Avec mon père on se demandait justement à combien de reprises j'ai disputé cette course mais je ne saurais dire. J'ai fait l'impasse certaines années mais j'ai bien au moins quinze éditions au compteur. J'estime que mon passé de spécialiste des longues distances m'a aidé mentalement. Il ne faut pas s'écouter si on se sent mal à un moment donné et se dire que les choses peuvent toujours s'inverser. Le corps est ainsi fait. On connaît des phases où l'on est bien et d'autre moins mais il faut toujours garder espoir et confiance en soi. »

SES MEILLEURS SOUVENIRS

« Il y en a plusieurs. Une année je termine quatrième en m'étant fait rattraper à la toute fin de l'épreuve. Eric Drubay qui courait à l'époque chez Étupes avait l'habitude de venir se préparer chez un ami à lui quelques semaines avant la course et on roulait ensemble. C'était un fin tacticien. Il m'avait expliqué que si on avait la chance d'arriver devant il fallait attaquer aux Pompiers, juste avant la flamme rouge. Il y a un léger faux-plat puis ça redescend, ce qui provoque souvent un moment de flottement. J'ai donc suivi son conseil et accéléré avant de me faire reprendre à cinquante mètres de la ligne.
En 2012 j'étais présent à l'avant dans les dernières difficultés en compagnie de Warren Barguil. Bon, je n'ai pas pu le suivre quand il a attaqué mais ça fait plaisir d'être aux avants-postes en compagnie de jeunes coureurs qui explosent par la suite.
Il y a aussi 2011 où j'étais échappé notamment aux côtés de Kenny Elissonde. Il avait accéléré avec Émilien Viennet à un kilomètre du sommet de Chez Padon qui est considéré comme le juge de paix. Ils étaient partis tous les deux et avaient fini ensemble. »

SON PIRE SOUVENIR

« C'est l'année où mon grand-père est décédé quelques semaines, ou plutôt quelques jours avant la course. Je voulais vraiment faire quelque chose et gagner pour lui. J'ai passé la journée à l'avant mais je me suis bloqué le dos dans l'une des dernières difficultés et j'ai lâché prise. J'étais peut-être tendu à cause de l'émotion, je ne sais pas... Ça a été un moment très difficile. C'est le seul mauvais souvenir que je conserve car j'essaie toujours de positiver et de garder le meilleur. Certaines fois la météo était très mauvaise et il faisait très froid mais ça fait partie du vélo. »

SON ETAT D'ESPRIT

« Je veux avoir une incidence sur la course, jouer les premiers rôles et pourquoi pas me mêler à la bagarre finale. Je prends toujours le départ pour faire le meilleur résultat possible c'est à dire gagner. C'est mon rêve ultime de lever les bras à Annemasse, alors pourquoi pas cette année ? Après il y a toujours des faits de course, d'autres qui sont plus forts... Mais je ne me refuse rien : il suffit que ça se déroule super bien ou que j'ai de très bonnes jambes, c'est toujours possible. Cette saison nous avons une bonne équipe avec Jean-Eudes Demaret, c'est une chance. Il a été pro, il a de l'expérience, une science de la course. On a de bonnes cartes à jouer et le moral est bon puisqu'on a déjà gagné tous les deux en 2016. J'espère qu'on sera acteurs tous les deux, ce serait déjà une belle récompense. »

SON PRONOSTIC

« Le temps est incertain pour dimanche. S'il pleut ça va être une course d'usure et une élimination par l'arrière. En tout cas une équipe me paraît au-dessus du lot : Chambéry CF. Ils vont avoir le poids de la course mais ils ont les coureurs pour la contrôler et la gagner. Si on juge par les résultats de ce début de saison ils sont en forme et comme ils sont de la région ils vont avoir à cœur de bien faire. Dans les rangs des Savoyards je pense à un coureur en particulier mais je ne vais pas dire son nom parce que je ne veux pas lui mettre la pancarte (sourire). »

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