Patrick Müller détonne en Italie

Crédit photo Foto Bolgan

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Alors qu’il n’a pas encore 20 ans – il les fêtera le 18 avril prochain – Patrick Müller a fait forte impression ces derniers jours en Italie, en décrochant la victoire sur le Tour du Belvédère, avant de manquer de peu le doublé sur le Trophée Piva, deux épreuves de Classe 2 Espoirs. Suite à l’avènement de Stefan Küng, la Suisse semble s’être trouvé un nouveau talent. A quelques jours du Tour des Flandres Espoirs, le coureur de la BMC Development Team fait le point sur ses nouvelles ambitions pour DirectVelo.

DirectVelo : T’attendais-tu à marcher aussi fort la semaine passée sur les routes italiennes ?  
Patrick Müller : J’ai quand même été un peu surpris, même si j’étais content de la façon dont j’avais pu m’entrainer cet hiver. Je sentais que je marchais fort et que j’avais pris des Watts. La victoire au Belvédère a clairement été très importante pour moi, elle m’a donné beaucoup de confiance et je pense que c’est ce qui m’a aussi permis d’enchainer les jours suivants.

« MONTRER QUE MA VICTOIRE N’ETAIT PAS DU SIMPLE HASARD »

D’autant plus qu’il s’agissait vraiment d’épreuves pour costauds…
Il n'y avait que de très bons coureurs à l’avant, c’est vrai. Sur la course que je remporte, mon équipier Taylor Eisenhart était très fort. Il avait fait un bon bout de route à l’avant. Il a essayé de faire la différence dans les différentes bosses car il n’est pas très rapide au sprint. Moi-même, je me sentais très bien dans les bosses raides. Finalement, lorsque l’on a compris que la course se jouerait au sprint entre les 12 de tête, Taylor s’est sacrifié pour moi et a roulé à bloc. J’ai tout donné sur la dernière ligne droite et ça a été suffisant pour l’emporter. 

Et tu as été proche de réaliser le doublé sur le Trophée Piva quelques jours plus tard ?
C’est vrai que je ne suis pas passé loin. Pourtant, j’étais malade les deux jours précédents, mais j’avais encore confiance en mes capacités. La victoire s’est jouée dans un sprint à trois. C’était très serré mais Tao (Geoghegan Hart) était vraiment très fort et il m’a passé dans les tous derniers mètres. La victoire s’est jouée à quelque chose comme dix centimètres. Mais même si je suis passé à côté du doublé, j’ai pu montrer que ma victoire une semaine avant n’était pas du simple hasard.  

« LIEGE-BASTOGNE-LIEGE, LE GROS OBJECTIF »

Te sens-tu désormais capable de rivaliser avec les meilleurs Espoirs Mondiaux ?
C’est sans doute un peu tôt pour affirmer cela, mais je sens que je peux encore faire de gros progrès. Je n’ai que cinq courses dans les jambes pour l’instant, avec les résultats que l’on connait. Forcément, ma confiance est à son maximum. Je sais que je suis capable de faire d’autres bons résultats. Et cela commence sans doute par le Tour des Flandres Espoirs ce week-end. 

C’est une course que tu as marquée d’une croix rouge sur ton calendrier ?
Evidemment, c’est un grand rendez-vous ! Mais j’aurai surtout des ambitions pour le prochain Liège-Bastogne-Liège Espoirs. J’y ai pris la 11e place l’an dernier, et je me sentais parmi les plus costauds, mais une erreur d’aiguillage dans le final m’a sûrement coûté une place dans le Top 5. Cette saison, j’irai à Liège avec beaucoup d’ambition. C’est mon plus gros objectif du début de saison, avant les courses estivales telles que le Tour de l’Avenir.

« J’AI BEAUCOUP PROGRESSE MENTALEMENT »

L’an passé déjà, tu avais su te montrer régulier sur des courses prestigieuses, y compris en France sur le Rhône-Alpes Isère Tour ou le Tour des pays de Savoie… 
C’est vrai que j’avais déjà eu l’opportunité de bien marcher, avec un superbe calendrier, que ce soit avec le club ou l’équipe nationale de Suisse. Il me manquait quand même encore un tout petit quelque chose. J’étais encore très jeune et j’avais peu d’expérience pour ma première saison dans les rangs des Espoirs. Depuis, j’ai beaucoup progressé mentalement et surtout, je me sais capable de briller sur de nombreux terrains.

Il faut dire que tu brilles sur plusieurs disciplines…
Je mesure 1m82 pour 63 kilos. Autant dire que je suis plutôt léger et que ça m’aide bien dans les bosses. Mais j’ai également une belle pointe de vitesse. Je viens de la piste et du VTT alors j’ai pas mal d’explosivité même si aujourd’hui, je donne priorité à la route (il envisage malgré tout une participation aux Jeux Olympiques de 2020 sur la piste, NDLR). En plus de tout cela, j’arrive à bien lire les scénarios de course en général, ce qui est un avantage important pour jouer la gagne. Inversement, je sais que je dois encore me contrôler en course. Parfois, j’ai tendance à trop en faire et à me montrer impatient. 

« JE SUIS DANS DES CONDITIONS OPTIMALES »

Surtout, tu sembles être capable de répondre présent le Jour J, en témoignent ces titres consécutifs sur le Championnat de Suisse ? 
Depuis les Cadets, j’en suis à quatre titres de Champion national sur la route, avec mes deux succès en Juniors et celui en Espoirs l’an passé. Même si je suis généralement fort à cette période de l’année, je pense qu’il faut quand même avoir un brin de réussite et de chance pour aller chercher le maillot. Maintenant, ça fait effectivement quelques années d’affilée que je remporte ce titre. Je suppose que j’aime vraiment bien ce maillot (sourires). Il faut dire que je suis épanoui et que je prends beaucoup de plaisir entre le fait de courir pour la BMC Development, qui est l’une des plus grosses équipes Espoirs au Monde, et la sélection suisse. Je dispose d’un super matériel et je suis dans des conditions optimales pour bien travailler.

De quoi faire de toi le nouveau leader naturel de la sélection suisse ?
Cela dépend des courses. Pour le Tour des Flandres de ce week-end, je serai leader en l’absence de Lukas Spengler, vainqueur de Paris-Roubaix l’an dernier mais qui est blessé. Le sélectionneur national réalise un super travail. Nous avons un calendrier très riche qui nous permet de progresser auprès des meilleurs.    

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