Week-end usant physiquement et mentalement, mais également rempli d’émotions pour Jérémy Cabot. Après des premiers mois de compétition délicats cette saison, le pensionnaire du SCO Dijon avait rendez-vous avec le Tour de la Manche, dont il était le vainqueur sortant. Résultat : deux victoires d’étapes les deux premiers jours puis une bagarre intense pour réaliser le doublé au général. Avant de finalement céder son maillot jaune le dernier jour au profit d’Emilien Viennet. Pour DirectVelo, Jérémy Cabot - 25 ans - revient sur son séjour dans la Manche.  

DirectVelo : Le Tour de la Manche a débuté comme dans un rêve pour toi ?
Jérémy Cabot : Le week-end avait débuté très fort pour moi. Puis il a fini encore plus fort pour d’autres coureurs comme Emilien Viennet et ses coéquipiers du CC Etupes (sourires). Tout avait bien commencé avec cette victoire sur la première étape. Il faut dire que le profil me convenait, surtout sur le circuit final. Je m’étais pas mal économisé sur le reste de la course, car je savais que ça se jouerait sur la fin. Après avoir fait partie d’un groupe de huit attaquants, je suis ressorti à 10 kilomètres de l’arrivée avec Adrien Leboucher (Team U Nantes Atlantique). J’ai pas mal roulé : je pensais plus au général qu’à l’étape, pour gagner du temps avec le chrono. Il n’y a que dans le dernier kilomètre que j’ai joué l’étape.

« GAGNER ETAIT UNE DELIVRANCE »

Et que tu as décroché ta première victoire d’étape…
Même en ayant pas mal roulé, je pensais pouvoir gagner sur cette arrivée en faux-plat montant. Gagner, ce n’était pas une surprise mais une délivrance pour moi comme pour le club. Je n’avais pas eu de superbes résultats depuis le début de l’année, avec des périodes pas évidentes à gérer. Cela m’a fait vraiment très plaisir de renouer avec la victoire. Je me savais en forme, même si ça ne se voyait pas trop au niveau des résultats. Mais j’ai toujours su que ça pouvait réussir.

Donc ta seconde victoire le lendemain, sur le chrono, c’est aussi grâce à cette fameuse « délivrance » ?
Ce chrono, je l’avais travaillé. J’aime cette spécialité. Je m’étais manqué sur la Boucle de l’Artois, mais j’avais récemment fait 6^e du chrono au Tour du Loiret, sur un parcours plat. Ici au Tour de la Manche, le circuit était plus difficile, je savais que c’était plus dans mes cordes. J’étais très motivé pour le gagner. Et c’est ce que j’ai réussi à faire. Remporter deux étapes, je n’y pensais pas. C’était super.  

« PEUT-ETRE UN PETIT RELÂCHEMENT »

Il restait alors trois étapes à gérer, maillot jaune sur le dos. Ne t’es-tu pas dit que tu étais sur un nuage et que plus rien ne pouvait t’arriver ?
J’avais conscience que le plus dur restait encore à faire. Je l’avais d’ailleurs dit à mes coéquipiers. Mais c’est vrai qu’inconsciemment, il y a peut-être eu un petit relâchement. J’avais une quarantaine de secondes d’avance au général, avec deux victoires d’étapes en poche. J’étais en pleine confiance. Enfin, encore une fois, je n’ai pas pris la situation à la légère car je savais la doublette d’Etupes, Doubey-Viennet, redoutable. La course n’était pas gagnée.

Les coureurs d’Etupes t’ont fait céder en deux temps…
Oui, tout a commencé le samedi. On s’est fait bêtement piéger par une attaque venue de derrière. J’ai lâché énormément de forces pour sauver mon maillot jaune pour trois petites secondes devant Emilien Viennet. Le lendemain, je savais qu’ils allaient remettre ça, mais Viennet était simplement le plus fort. Il m’a sorti de la roue malgré ma vigilance, à la pédale, dans une bosse. A ce moment-là, j’ai de suite compris que c’était fini, même si je me suis battu jusqu’au bout (finalement 3e du général final, NDLR).

« DES REPERES A PRENDRE »

Le bilan de la semaine reste malgré tout très positif ?
Bien sûr ! Je suis arrivé avec zéro victoire au compteur, et là j’en ai deux, plus un podium au général. J’aurais signé des deux mains. C’est simplement que j’aurais aimé réaliser le doublé au général. Quand on est perfectionniste, on reste forcément sur une petite pointe d’inachevé. Mais je garderai cette course en référence. C’est une expérience aussi pour l’avenir, pour apprendre à gérer un maillot de leader sans faire trop d’efforts inutiles, mais en restant concentré dans les moments clefs.

Tu avais déjà pointé le bout de ton nez au Tour du Loiret (6e). Est-ce à dire que tu retrouves tes meilleures jambes ?
J’étais un peu malade cet hiver, même si je ne suis pas le seul. Cela retarde une préparation. C’est la principale raison pour laquelle j’ai fait un début de saison très moyen. Il y avait aussi des repères à prendre, pour cette première année où je ne fais que du vélo. Pour la récupération, c’est top. Par contre, c’est un rythme à prendre et des habitudes à changer. Et quand ça ne marche pas, on gamberge toute la semaine. On peut vite douter. Mais maintenant ça va mieux, effectivement. Alors, pourvu que ça continue sur des courses comme le Tour d’Eure-et-Loir, un rendez-vous important pour l’équipe avec un chrono par équipes, où je serai attendu.