Le Tour de France à dévorer : Le menu des musettes

Crédit photo John Pierce - Photosport International

Crédit photo John Pierce - Photosport International

Le livre de l'été des éditions DirectVelo, Le Tour de France à dévorer (voir ici), met, entre autres, le nez dans la musette des coureurs du Tour.

Au fil des 240 pages écrite par Pierre Carrey, vous suivrez l'évolution des modes de l'alimentation des coureurs pendant les étapes (lire le sommaire).

Extraits :

"François Faber tournait à la viande. Sur l’étape Belfort-Lyon du Tour 1909, l’ouvrier de Colombes, , est parti avec pas moins de douze côtelettes dans sa sacoche !"

(...)

En 1919, pour le premier Tour d'après-guerre, "le vainqueur final, Firmin Lambot, a quand même de quoi se remplir la panse dans les Pyrénées : dix sandwiches (beurre, jambon, gruyère), dix tartelettes, huit bananes, gâteau de riz, chocolat et figues."

LE RAVITO

Le contrôle de ravitaillement, devenu avec le temps "le ravito", connu dans toutes les langues du peloton, est un passage obligé de la course cycliste, parfois stratégique. C'est surtout l'endroit où les coureurs récupèrent leur musette remplie. Remplie oui, mais de quoi ?

"L’Auto se plaît à décrire un ravitaillement de 1928, élégant à souhait : « Les soigneurs s’affairent et découpent des poulets rôtis, beurrent des sandwiches, choisissent des bananes et enveloppent dans du papier léger de fines tartelettes bordées de fruits délicats ». Ouest-Journal raconte le même cérémonial sur le Tour 1932 : un certain « M. Rocca a commandé des poulets de Janzé, réputés pour leur qualité […]. Au ravitaillement, les coureurs descendent de machine, signent la feuille de contrôle. Les soigneurs, habillés en blanc, leur remettent les musettes. Ceux qui veulent se nettoyer un peu trouvent tout ce qui est nécessaire dans la cour du café (des bassines d’eau). Sur les tables, il y a aussi des bassines d’orangeade glacée et de chocolat où les coureurs plongent une tasse. » Le luxe, décidément."

C'EST PAS BON

En 1963, pour le Dr Albert-François Creff, précurseur de la diététique sportive, la musette des coureurs du Tour est bonne à jeter :

"Le quart de poulet froid ? Il « nécessite d'être déchiré à pleines dents et demande des efforts de mastication et de trituration ». Les gâteaux de riz ? « Le coureur, qui doit rester attentif au déroulement de l'épreuve, les avale très vite sans les mâcher. Si bien qu'arrivent dans l'estomac des aliments glucidiques qui ont brûlé l'étape amylasique de la bouche et sont par conséquent indigestes.» Quant aux tartelettes (« poissant les doigts »), elles sont faites « de pâte le plus souvent insuffisamment cuite ». Les bananes sont difficiles à digérer. Plutôt nutritives, les pêches ou les poires ont l'inconvénient de s’écraser « parce que très mûres »."

En 1970, Eddy Merckx en remet une couche sur la mauvaise qualité du contenu de sa musette.
"les musettes sont avariées. La charge se révèle moins violente qu’avec les Pélissier et il n’est pas question d'asticots, comme avec Raphaël Géminiani. Mais le maillot jaune provoque un scandale. L'Equipe se défend. Moquerie d'Antoine Blondin : « Nous attendons d'un pied anxieux le champion qui exigera des moules marinières au ravitaillement de Sainte-Marie-de-Campan, à l'occasion un homard thermidor». Le journal-organisateur insiste sur la fraîcheur de ses plats : « Les gâteaux de riz sont préparés par des boulangers-pâtissiers à chaque étape, selon une recette et les directives très strictes qu'on leur transmet. Sa consistance a, en effet, beaucoup d'importance. Il doit être assez mou pour être facile à digérer et pas trop pour se transporter facilement ». Jacques Goddet admet cependant que les « pêches fournies au contrôle de départ à Saint-Gaudens n'étaient pas suffisamment mûres »."

LES LECTURES AMERICAINES

L'équipe 7-Eleven, premier groupe sportif américain à disputer le Tour, avait une manière bien à elle de préparer les musettes.

"7-Eleven, une équipe qui savait emballer. La  première brigade américaine sur le Tour de France enroulait soigneusement son ravitaillement dans des pages de Playboy. « Pour le plaisir » des coureurs. Quant aux produits, ils s'éloignaient des standards européens : barre chocolatée, gâteau de fromage blanc et mandarines, pudding aux fruits... Shelley Verses, qui veillait sur le confort de ces pionniers à l'été 1986, s’est beaucoup moins éclatée par la suite chez les Français de Toshiba."


Le Tour de France à dévorer  de Pierre Carrey, préface de Jacky Durand, 240 pages dont 16 de photos, à commander ici.

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