Jeux Olympiques : Un vélodrome pas assez rapide

Crédit photo Gouvernement de Rio / WikiCommons

Crédit photo Gouvernement de Rio / WikiCommons

Les records du monde vont-ils tomber à Rio au cours des épreuves sur piste qui débutent ce jeudi ? Pas si sûr, tant le vélodrome de Barra pose problème : tout neuf, trop neuf... Certes, les Britanniques laissent entendre qu'ils pourraient établir de nouvelles références, eux qui auraient officieusement amélioré le temps de la poursuite par équipes lors de leur entraînement au Pays-de-Galles – sans communiquer précisément sur le nouveau chronomètre. La bande de Bradley Wiggins prépare manifestement l'opinion à l'idée d'un triomphe collectif sur ces Jeux Olympiques 2016 : la peinture des vélos serait « magique » et toute fine, le textile des maillots encore plus performant que d'habitude... De quoi faire valser les records. Oui, mais voilà : il faudra faire avec ce maudit vélodrome.

« C'est une piste difficile pour essayer d'établir le record à cause de sa géométrie », déclare à Reuters, Sam Welsford, Champion du Monde avec l'Australie face à la bande à Wiggins à Londres en mars dernier. Selon lui, l'équipement de Rio « possède de longues lignes droites et des virages courts », qui ne permettent pas de prendre assez de vitesse. Mais ce n'est pas le plus ennuyeux à propos de l'installation la plus controversée des Jeux 2016.

LE BOIS ACCROCHE LES ROUES

Les coureurs qui ont inauguré l'anneau ont eu une mauvaise surprise fin juin lors des épreuves « test ». Et encore fin juillet pendant les entraînements. « Le parquet a encore beaucoup de petits éléments qui accrochent et le bois est encore tendre », déclarait (toujours à l'agence Reuters) René Enders, médaillé de bronze en vitesse par équipe aux Jeux 2008 et 2012. « A première vue, ça a l'air [d'une piste] très rapide, ajoute l'Allemand, mais maintenant je pense qu'elle n'est pas rapide du tout ».

Ces critiques contrastaient avec l'enthousiasme du Suisse Gaël Suter, vainqueur de l'Omnium lors des épreuves « test » : « La piste est rapide et douce. Le bois est superbe ».

Autre surprise désagréable pour l'ouverture du vélodrome de Rio, une fine couche de poussière tombait du toit, ralentissant un peu plus la progression des athlètes. Par ailleurs, le thermostat était limitée à 20°C, soit six à sept degrés de moins que la température habituelle des vélodromes chauffés. Cet oubli est tout sauf un détail, puisque les scientifiques estiment que les coureurs roulent 1,4 seconde plus vite sur quatre kilomètres si la climatisation passe de 20 à 25°C.

S'il est facile de tourner le bouton de la température, le bois pas assez sec, pas assez « fait », reste une fatalité. Brian Cookson, Président de l'Union cycliste internationale, mettait déjà en garde au printemps : « Une piste doit être prête plusieurs semaines avant le début des compétitions ».

Or les travaux de construction ont essuyé de lourds retards depuis que le comité d'organisation a décidé de reconstruire le vélodrome existant, créé en 2005 pour les Jeux Panaméricains de 2007.

DES GROS RETARDS DANS LES TRAVAUX

Le chantier avait plutôt bien débuté en 2013, confié à des entreprises brésiliennes et à l'architecte allemand Ralph Schürmann, dont la famille bâtit des vélodromes depuis trois générations (le Vigorelli à Milan, l'anneau de Mexico, et plus récemment la réalisation de Saint-Quentin en Yvelines).

Par la suite, ça se gâte. Le parquet en pin de Sibérie est d'abord livré en retard. Puis l'entreprise de BTP locale dépose le bilan et, quand la mairie de Rio de Janeiro lui retire le marché, celle-ci intente des actions en justice. Au printemps 2016, l'épreuve pré-olympique est annulée et les responsables brésiliens sont forcés d'admettre que le vélodrome a pris du retard – c'est le seul équipement dans ce cas...

Le 2 mai, l'architecte allemand achève son travail, mais il reste encore des travaux à mener, par exemple la plomberie l'électricité. Fin juin, le bâtiment n'est toujours pas fini. Il sera jugé opérationnel le 25 juillet seulement, à moins de trois semaines des épreuves olympiques.

L'UCI, qui s'est longtemps dit « préoccupée », a mis en cause le comité d'organisation brésilien, puisque les équipements olympiques ne sont effectivement pas de sa responsabilité. Enfin soulagé, Brian Cookson jugeait le 1er août que le Vélodrome de Barra était « fantastique ». Place maintenant aux compétitions, jusqu'au 15 août, et aux éventuels records.

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